Changement climatique et santé : la nécessaire adaptation de nos sociétés

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Par Claudio Rosmino
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L'adaptation au changement climatique est l'une des missions établies par l'UE dont l'action consiste notamment à soutenir des projets scientifiques. L'un d'entre eux mené en Norvège et Grèce fournit des modèles précieux sur le lien entre climat et santé.

L'Union européenne a lancé une série de missions qui vise à faire face à quelques-uns des principaux défis de notre temps. Cette initiative qui fait partie du programme Horizon Europe et débute en 2021 se décline en cinq domaines : la lutte contre le cancer, les villes neutres en carbone, la protection des océans et des mers, la santé des sols et enfin, l'adaptation au changement climatique et la transformation sociétale. Cette dernière mission, c'est le thème de cette édition de Futuris qui s'inscrit dans Green Tomorrow, opération menée toute cette semaine par euronews.

Connie Hedegaard : "Il faut s'appuyer sur les expériences des uns et des autres"

Nous avons demandé à la présidente de cette dernière mission Connie Hedegaard de nous préciser ses actions et ses ambitions. "Le sens de cette mission, c'est que quels que soient nos efforts pour atténuer le changement climatique en Europe, nous devrons aussi nous y adapter," souligne-t-il."Nous devons également nous demander : quel impact aura-t-il sur nos municipalités, nos villes, nos sociétés, nos entreprises et nos habitations, comment rendre l'Europe plus résiliente et comment le faire d'une manière qui bénéficie à l'économie et qui soit positive pour les populations et pour les entreprises ?" explique-t-elle.

"Nous essayons aussi de voir comment nous aider les uns les autres," ajoute Connie Hedegaard, [et faire en sorte] "que nous aboutissions à de meilleures solutions par la coopération et par le partage d'informations notamment."

"C'est un effort immense," renchérit la présidente de la mission Adaptation au adaptation au changement climatique et transformation sociétale. "Nous avons dit : pourquoi ne pas essayer d'identifier 200 régions en Europe qui ont des défis très différents à relever et dont les expériences et les pratiques sont diverses, parfois bonnes, parfois moins bonnes ; d'autres pourraient s'y référer pour savoir quoi faire et ne pas faire," rappelle-t-elle.

"Ensuite, nous pourrions identifier les domaines où nous avons des points forts, mais aussi ceux où nous avons des lacunes dans les connaissances et dans lesquels il faut par exemple que les scientifiques présentent de nouvelles solutions ou que les entreprises nous proposent de nouvelles technologies," fait-elle remarquer.

"Nous voulons aussi mettre en avant 100 projets pilotes majeurs dans 100 régions, des projets où l'on essaie de faire fonctionner de nouvelles technologies pour montrer comment les adopter et évidemment, l'objectif, c'est qu'ensuite, ils soient une source d'inspiration : on doit construire en s'appuyant sur les expériences des uns et des autres plutôt que chacun dans son coin ne réinvente la roue !" insiste-t-elle.

Projet Exhaustion : des modèles sanitaires pour l'avenir

L'un des bouleversements du climat, c'est le réchauffement. Avec les températures toujours plus élevées, les feux de forêt et les canicules sont de plus en plus fréquents. Des experts estiment que cette évolution du climat associée à la pollution de l'air représente un risque majeur pour la santé humaine. Environ 90% des habitants de la planète respirent un air pollué. Ce qui selon les estimations, cause le décès de sept millions de personnes chaque année dans le monde.

En Norvège et Grèce, les scientifiques du projet Exhaustion soutenu par l'Union européenne étudient justement le lien entre hausse des températures et pollution de l'air d'un côté et apparition de maladies cardiaques et pulmonaires de l'autre.

L'équipe du Centre de recherche international sur l'environnement et le climat (CICERO) à Oslo qui est impliquée dans cette initiative développe des modèles qui seront utiles pour la prévention et l'adaptation.

"Actuellement, la pollution de l'air est la première cause de décès en Europe quand on regarde les facteurs environnementaux," fait remarquer Kristin Aunan, coordinatrice du projet Exhaustion. "Mais le fait est que le réchauffement climatique peut en réalité, amplifier les effets nuisibles de la pollution de l'air, et ce de différentes manières : par exemple, des températures plus élevées peuvent entraîner une hausse des émissions de polluants atmosphériques et augmenter les concentrations," indique-t-elle.

Cette étude replace aussi ces effets sanitaires prouvés par des recherches médicales dans un contexte général en se penchant par exemple sur la manière dont ces maladies surviennent plus ou moins fréquemment en fonction de critères géographiques, démographiques et socio-économiques.

"Nous avons identifié plusieurs facteurs associés à une augmentation des cas d'infarctus du myocarde comme la pollution atmosphérique avec la présence de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de dioxyde d'azote ; l'autre facteur qui joue, c'est la température," énumère Stefan Agewall, cardiologue à l'hôpital universitaire Ullevål à Oslo, qui participe à ce même projet. "On estime que la combinaison des deux - par exemple, une concentration plus élevée en monoxyde de carbone associée à une température élevée - peut représenter le pire scénario," déclare-t-il.

Aujourd'hui, à l'échelle de notre planète, il fait plus chaud d'environ un degré par rapport aux niveaux de l'ère pré-industrielle. Des phénomènes météo extrêmes surviendront plus fréquemment dans l'avenir, et ce même si l'on réussit à limiter le réchauffement à deux degrés comme le prévoit l'accord de Paris. Ces facteurs pourraient aggraver les conséquences sur notre santé selon les scientifiques du climat.

"Nous sommes voués à être confrontés à des canicules plus fortes, cela aura un effet sur nous et on ne reviendra pas à la situation antérieure : j'ai entendu quelqu'un dire que l'avenir sera nécessairement différent et je suis d'accord," fait savoir Jana Silmann, directrice de recherche au Centre Cicero.

"Nous sommes voués à avoir un certain niveau de réchauffement et les canicules deviendront plus fréquentes et plus intenses, nous en subirons les conséquences et il faut que nous nous y préparions," renchérit-elle.

Adaptation physiologique et comportementale

Les conséquences sur la santé sont différentes selon la situation géographique et bien sûr, selon les personnes à l'échelle individuelle.

Sachant que le corps humain est aussi capable de s'adapter comme l'ont constaté dans leurs dernières modélisations, des chercheurs grecs impliqués dans ce même projet.

"On sait que la température de mortalité minimale dans les pays méditerranéens est d'environ 29°C tandis que dans les pays du nord et du centre de l'Europe, elle est d'environ 23°C, donc il y a une différence et la population réagit différemment à une température donnée," précise Klea Katsouyanni, professeure de biostatistique et d'épidémiologie à l'Université nationale et Kapodistrian d'Athènes.

"Les effets liés au froid sont aussi plus forts dans les pays méditerranéens parce que la population n'est pas adaptée à cela et d'ailleurs, cette adaptation n'est pas nécessairement physiologique, elle peut être comportementale car quand on ne s'attend pas à avoir un temps froid, on n'a pas les moyens de protection pour atténuer ses effets," insiste-t-elle.

Comment les hommes peuvent-ils s'adapter à long terme au réchauffement ? Les scientifiques d'Oslo travaillent sur cette question fondamentale pour déterminer des stratégies sociales et urbaines en vue de limiter la mortalité et l'apparition de maladies.

"Il n'est pas certain que la corrélation chiffrée entre chaleur et mortalité que nous avons observée au fil du temps sera encore présente à l'avenir," affirme Kristin Aunan, coordinatrice du projet Exhaustion. "En tout cas, on peut dire qu'on ne sait pas," dit-elle avant de conclure : "Il se pourrait bien que les sociétés s'adaptent puisqu'il existe différentes mesures d'adaptation auxquelles on peut penser : l'aménagement de villes plus vertes, l'élimination des îlots de chaleur urbains, la mise en place de systèmes d'alerte, etc. De nombreuses choses peuvent se passer et elles réduiront la vulnérabilité des populations européennes à l'avenir."

Journaliste • Claudio Rosmino

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