Grèce : deux militants présumés d'Aube dorée jugés pour l'assassinat d'un Pakistanais

Grèce : deux militants présumés d'Aube dorée jugés pour l'assassinat d'un Pakistanais
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Par Euronews
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Deux Grecs, militants présumés du parti néo-nazi Aube dorée, comparaissent depuis mercredi devant un tribunal criminel d’Athènes, soupçonnés d’avoir assassiné en le poignardant un jeune Pakistanais.

Le procès de Dionyssis Liakopoulos et Christos Steriopoulos, 25 et 29 ans, qui encourent la prison à vie, s’est ouvert dans une ambiance calme mais sous forte surveillance policière, alors qu’un rassemblement était prévu dans la journée devant le tribunal, à l’appel d’organisations d’immigrés et de défense des droits de l’Homme.

Le procès doit durer plusieurs semaines. Les deux hommes avaient été arrêtés le 17 janvier, quelques heures après la mort de la victime Shehzad Luqman, sur le témoignage d’un chauffeur de taxi qui avait relevé le numéro de plaque de leur moto. Selon ce témoin, les deux accusés ont agressé par derrière leur victime qui circulait à vélo dans le quartier athénien de Pétralona, en contrebas de l’Acropole.

Selon un des avocats de la partie civile, Me Kostas Papadakis, la victime allait au travail quand l’agression a eu lieu. Une perquisition au domicile de Dionyssis Liakopoulos avait permis de découvrir des tracts d’Aube dorée, selon une source policière.

Les deux hommes ne contestent pas qu’il y ait eu une rixe avec la victime, qui, selon eux, bloquait le passage avec son vélo. Mais ils nient toute intention homicide, et toute appartenance à Aube dorée. “La victime n’est pas décédée des coups de couteau de Steriopoulos, qui n’a aucune relation avec Aube dorée”, a ainsi déclaré à l’AFP avant le début de l’audience l’avocat de ce dernier, Me Antonis Foussas.

Le tribunal a commencé par suspendre l’audience pendant une heure environ pour trancher des problèmes de procédure. En particulier, Me Kostas Papadakis, avocat de la partie civile, a demandé “l’interruption du procès pour permettre aux parents de la victime d’assister au procès de leur enfant tué”. Une panne de l’avion en provenance de Lahore ne leur permettait pas, en effet, d’arriver à Athènes avant mercredi soir.

De son côté, l’avocat de Dionyssis Liakopoulos, Me Aguelos Marangos, a soulevé que les papiers de procuration de la partie civile ne portaient pas le tampon adéquat des autorités consulaires. La cour est passée outre. Ce procès intervient trois mois après l’assassinat de Pavlos Fyssas, un musicien et militant antifasciste grec, poignardé en septembre par un membre d’Aube dorée près d’Athènes. Cet assassinat, qui a choqué la Grèce, a poussé les autorités à lancer une offensive policière et judiciaire sans précédent contre ce parti, dont six députés ont été mis en examen pour “appartenance à une organisation criminelle”.

Trois d’entre eux, dont le fondateur et dirigeant du parti, Nikos Michaloliakos, sont en détention provisoire. Aube dorée est néanmoins troisième pour les intentions de vote, crédité d’entre 7 et 10% des voix par les sondages, derrière Nouvelle-Démocratie (droite) au pouvoir et Syriza (gauche radicale), principal parti d’opposition. Le parti apparu dans les années 80, qui pratique un discours ouvertement xénophobe et antisémite, avait agi longtemps comme un groupuscule semi-clandestin. Mais, depuis l‘éclosion de la crise en 2010, il ne cesse de se renforcer, surfant sur le brutal appauvrissement des Grecs.

Il a fait son entrée au Parlement lors des législatives de juin 2012, obtenant 18 des 300 sièges. Avant la mort de Pavlos Fyssas, Aube dorée n‘était pas particulièrement inquiétée par les autorités. Pourtant, plusieurs organisations de défense des Droits de l’Homme avaient mis celles-ci en garde contre la multiplication des attaques menée par des membres du parti, ces dernières années.

Dans un récent communiqué, le Mouvement contre le racisme et la menace fasciste avait ainsi regretté : “Si les autorités avaient enquêté (plus tôt)sur les milices d’assaut, organisées par Aube dorée, on n’en serait pas arrivé à l’assassinat de Pavlos Fyssas”.

(AFP)

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