Au cœur du camp de Mar Elia avec les réfugiés chrétiens d'Irak

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Par Euronews
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Dans la banlieue chrétienne d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, le camp de Mar Elia est l’un des nombreux camps de réfugiés établis dans la zone pour accueillir les Chrétiens d’Irak ayant fui le groupe État islamique. Ils viennent principalement de Mossoul et de ses environs.

Pour échapper aux conversions forcées à l’Islam, aux taxes imposées par les jihadistes aux populations conquises, et même à la mort, ces Chrétiens ont tout laissé derrière eux. Ils ont fui et survivent désormais ici, loin de chez eux et privés de tout.

Réduits à une existence misérable, ils doivent à présent se préparer à affronter l’hiver, avec pour simple abri, des tentes de fortune. Ils nous livrent leurs désespoir et leurs peurs.

“C’est une souffrance de chaque instant. Nous ne pouvons pas dormir. Hier, il a plu. Le bruit de la pluie ressemblait à celui de pierres qui tombaient sur nos tentes. Mon garçon m’a dit ce matin qu’il voulait retrouver la maison, qu’il voulait y retourner aujourd’hui. Je lui ai répondu, “mais comment veux-tu qu’on y retourne. As-tu rêvé de ça ?” Il m’a regardé sans rien dire. Je ne sais pas, peut-être que durant son sommeil, il a rêvé qu’on repartait chez nous”, raconte Soham Yakoub.

Une tente pour deux familles. La place manque et les infrastructures sont quasi inexistantes. Ce sont les Églises chrétiennes qui assurent, comme elles peuvent, l’approvisionnement en nourriture et en eau. Elles proposent aussi, des animations pour les enfants et un soutien spirituel.

Elles pallient ainsi l’absence d’un soutien suffisant de la part des institutions internationales. Les familles elles-mêmes s’insurgent contre l’inaction de la Communauté internationale et des organisations humanitaires. Elles ne comprennent pas pourquoi si peu d’argent est dépensé pour leur venir en aide alors que des sommes considérables ont été débloquées pour lutter contre l’organisation Etat islamique.

“La vie est dure ici, une fois, il a plu et nous avons beaucoup souffert. Il n’y a pas de machines à laver, pas d’argent, nous n’avons rien. Nous demandons à tous ceux qui nous regardent de loin, sans se préoccuper vraiment de notre situation, de nous aider à sortir d’Irak. Comme vous le voyez, en hiver, l’eau s’infiltre dans les tentes”, dit en pleurant une adolescente prénommée Asrar Walid.

“Nous avons quitté nos maisons situées dans la région de Qaraqosh. Nous ne sommes pas les seuls. Tout le monde est parti. Si nous avions été protégés par les forces internationales, nous n’aurions pas quitté nos maisons et nous ne serions pas venus vivre ici, dans ces tentes. Mais existe-t-il vraiment une aide internationale ? “, s’interroge Fadia Salem.

Le curé chaldéen de la paroisse de Mar Eliya, le père Douglas al-Bazi, appelle à soutenir davantage ces réfugiés chrétiens. Et au delà, les minorités en Irak quotidiennement persécutées.

Le père al-Bazi avait lui-même été enlevé en 2006 puis libéré après neuf jours de captivité. La même année, il avait été blessé dans deux attentats perpétrés contre son Église au nord de Bagdad, par des hommes armés.

“Quand votre histoire et votre nom sont effacés, on peut vraiment parler de génocide. La plupart de ceux qui ont souffert dans ce qui est arrivé à Mossoul sont nos frères Yézidis et le peuple chrétien. Et je ne suis pas surpris. Si le groupe Etat islamique tue ceux qui appartiennent à sa propre religion, alors que dire de sa façon de traiter les personnes des autres religions, sans parler de ceux qui sont athées”, dit le père Douglas al-Bazi.

Selon l’organisation française “Fraternité en Irak”, depuis le mois d’août, 120 000 Chrétiens, Yézidis, Kakaïs et Shabaks, dont 18 000 enfants se sont réfugiés à Erbil pour fuir le groupe État islamique. Grâce aux dons, l’association a déjà distribué près de 7 000 manteaux aux réfugiés. Mi-octobre, “Fraternité en Irak” a lancé l’opération “Hiver à Ninive” pour acheter et distribuer à ces réfugiés des tenues d’hiver.

Mohammed Shaikhibrahim, euronews :
“Ils ne jouent aucun rôle dans les conflits politiques. Ils vivaient en sécurité dans leurs maisons et dans la paix. Et au final, ils se retrouvent réfugiés dans plusieurs pays. Acteurs malgré eux, du pire nettoyage et exode ethnique dont ait été jamais été témoin le Moyen-Orient”.

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