Robert Ménard entendu par la police : a-t-il fiché les élèves musulmans à Béziers ?

Robert Ménard entendu par la police : a-t-il fiché les élèves musulmans à Béziers ?
Tous droits réservés 
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

Robert Ménard, le maire de la ville de Béziers, dans le sud de la France, en a trop dit ou pas assez, et il pourrait s’en mordre les doigts… Au début de la polémique, il y a un débat télévisé parmi tant d’autres sur le Front national et la guerre ouverte entre le patriarche, Jean-Marie Le Pen, et sa fille Marine qui n’est plus “à papa”. L‘élu, apparenté FN, fait partie des invités de l‘émission Mots Croisés qui a été diffusée lundi soir sur la chaîne de télévision publique France 2.

Au cours du débat, il affirme – vieille rengaine de l’extrême-droite – que “Oui, il y a (en France) un problème avec l’immigration”. Et comme chaque fois, Robert Ménard prend Béziers comme référence : “Dans ma ville, je vais vous donner un exemple, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles, avec des parents qui parlent souvent très mal le français ou pas le français du tout”. Et de poursuivre : “Comment vous intégrez ça ? Vous mettriez vos enfants dans une école chez moi où il y a 88% d’enfants musulmans (en quelques secondes, le chiffre a déjà grossi de 23,4% !). Bien sûr que non, vos enfants ne sont pas dans des écoles comme ça. C’est ça la réalité !”(Extrait que vous pouvez écouter de 26 10 à 26 52).

Comment Robert Ménard a-t-il pu obtenir ces données, si ce n’est en les faisant calculer par ses services municipaux ou en les calculant lui-même ? La question finit par lui être posée par la journaliste Anne-Sophie Lapix, à la demande des internautes, mais à la toute dernière minute, à la fin de l‘émission. Sans hésiter (et sans doute sans réfléchir), l‘élu d’extrême-droite déclare : “Ces chiffres, c’est ceux de ma mairie (…) Pardon de vous dire que le maire, il a classe par classe les noms des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit de le faire (…) Pardon de vous dire que les prénoms disent les confessions, à part de nier l‘évidence”. (Extrait de 1 23 10 à 1 23 30).

Voilà qui a le mérite d‘être clair, et comme le maire de Béziers, spécialiste des controverses, dit lui-même “qu’il n’a pas le droit de le faire”, il ne s‘étonnera pas d‘être dans le collimateur de la justice. Sans attendre, le parquet de Béziers a ouvert une enquête préliminaire sur ce fichage présumé des élèves selon leur religion. La loi du 6 janvier 1978 interdit formellement une telle initiative. La mairie de la commune a publié un communiqué afin de nier l’existence d’un tel fichier, mais mardi, plusieurs policiers ont mené une perquisition dans les locaux municipaux. Ce mercredi, Robert Ménard a été entendu pendant plus d’une heure au siège de la Police Judiciaire à Montpellier.

La ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, a demandé à la rectrice de Montpellier de saisir le procureur pour “mettre un terme immédiat à cette pratique qui attente à la République”. L’association SOS Racisme indique, pour sa part, qu’elle réfléchit à l‘éventuel dépôt d’un recours. Le Premier ministre en personne s’est fendu d’un tweet incendiaire : “Honte au maire de Béziers, écrit Manuel Valls, la République ne fait aucune distinction parmi ses enfants”.

Honte au Maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants. MV

— Manuel Valls (@manuelvalls) May 5, 2015

Gérald Darmanin, député UMP du Nord, s’est adressé directement à Robert Ménard sur Twitter :

Par mon grand-père Harki, mon deuxième prénom est Moussa. Enfant dans votre ville aurais-je été fiché @RobertMenardFR ? #FN#scandaleux

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 5, 2015

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Les journalistes ont eu un accès rare au sous-marin français à propulsion nucléaire de classe Rubis

Elections européennes : les Républicains font campagne sur l'immigration à Menton

Paris se débarrasse-t-elle de ses migrants en vue des JO ?