L'Etat français cible des grandes oreilles américaines

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La France sous écoute. Trois présidents français dans le viseur de la NSA et un nouveau scandale en perspective.

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La France sous écoute. Trois présidents français dans le viseur de la NSA et un nouveau scandale en perspective.

C’est le site Médiapart et le journal Libération qui lancent ce nouveau pavé dans la mare déjà trouble des relations américano-européennes, relayant des documents “top secrets” libérés sur la toile par le désormais célèbre lanceur d’alertes Wikileaks

Des notes qui dévoilent notamment des appels téléphoniques privés de Nicolas Sarkozy, dans lesquels celui-ci reproche au gouvernement américain ses erreurs face à la crise économique, et d’avoir finalement redressé la barre en “tenant compte de certains de ses conseils”. Cette conversation enregistrée par la NSA en 2008 intervenait alors au plus fort de la crise des “subprimes”.

Autre conversation privée dévoilée, datée de 2011 cette fois-ci : celle où l’ancien président français tente de relancer directement les discussions de paix au Proche-Orient, sans en informer les Etats-Unis, mais avec l’idée d’impliquer le Quartet dans leur dos, et de consulter parallèlement le président russe du moment, Dimitri Medvedev.

Egalement sur écoute, François Hollande avec des appels remontant à son arrivée à l’Elysée, et une conversation dans laquelle le président français valide la tenue de réunions secrètes à Paris. On y parle de la crise de l’Eurozone et des conséquences d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Il y est question aussi de l’intransigeance d’Angela Merkel face à la situation, et d‘échanges secrets avec l’opposition allemande.

Alors que la France prépare sa riposte, Wikileaks ironise avec ce dessin sur l’importance accordée à la présidence française.

Et le site de rappeler comment l’Allemagne, et plus personnellement la chancelière allemande elle-même, avaient été espionnées par les Américains durant de nombreuses années.

L’information avait été dévoilée en 2013 par l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden et avait déjà fait grand bruit…

Elysée espionné par la NSA : “la méfiance est au coeur des relations entre alliés”

Pour approfondir le sujet, Euronews a interviewé François Bonnet, l’un des fondateurs de Mediapart et du Wikileaks à la française, Frenchleaks lancé en 2011. Il est rédacteur en chef du journal en ligne.

Euronews : Comment avez-vous eu accès à ces documents ?

François Bonnet : _“Nous avons un partenariat de longue date avec Wikileaks. On avait été un des premiers médias en France à soutenir le lanceur d’alerte Julian Assange. Car de quoi s’agit-il ? En toute illégalité, selon les traités internationaux, les Etats-Unis ont massivement espionné des gouvernements et des pouvoirs étrangers et ont massivement espionné l’un de leurs meilleurs alliés, en l’occurrence le pouvoir français. Et cela, non pas à l’occasion d’une crise, non, sur le long terme. Donc pendant une décennie, on a vu se mettre en place un mécanisme de surveillance, d‘écoutes téléphoniques, d’interception de toutes les communications électroniques, qui ne concernent pas seulement trois présidents de la République, Chirac, Hollande, Sarkozy, mais qui concernent par exemple des hauts fonctionnaires, des directeurs d’administration, des chefs d’entreprise, des conseillers dans des cabinets ministériels, et c’est là, bien sûr, où ça prend toutes les dimensions d’une crise majeure. _

Euronews : “Avez-vous tout publié ou vous nous réservez encore des surprises ?

François Bonnet : “Alors, non, comme il s’agit de documents importants et qui, je dirais, racontent chacun des histoires différentes, des histoires de surveillance, des histoires d’espionnage, on va publier ces documents en plusieurs vagues pour avoir le temps, chaque fois, d’analyser la portée exacte de ces documents.

Euronews : Qu’est-ce que cela nous dit, nous apprend, sur les relations entre les Américains et leurs alliés ?

*F. B. : “Ce que ça nous apprend, c’est que tout de même, la méfiance est au cœur des relations entre alliés.

Euronews : Mais ça ce n’est pas nouveau ?

F. B. : “C’est pas nouveau, mais à cette échelle-là, ça l’est. Il faut bien comprendre que tout de même, les errements de la NSA et également ceux de la CIA ont porté atteinte à l’image des Etats-Unis comme grand pays démocratique. C’est-à-dire que quand les Etats-Unis voulaient se protéger avec des systèmes de surveillance incroyablement sophistiqués et systématiques, ces systèmes de surveillance ne les ont pas véritablement protégés, c’est le premier enseignement, et le deuxième enseignement, c’est que ces systèmes sont en train de détruire l’image des USA comme puissance démocratique”.

Euronews : Un mot sur Julian Assange… Il est toujours actif depuis l’ambassade d’Equateur en Grande-Bretagne, n’est-ce pas ? C’est lui qui est aux commandes ?

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F. B. : “Julian Assange est toujours très actif. Je voudrais quand même juste souligner le sort absolument insupportable qui lui est fait depuis bientôt trois ans. Julian Assange vit reclus dans une petite chambre de l’ambassade d’Equateur à Londres, dont il ne peut pas sortir sous peine d’une arrestation immédiate. Edward Snowden, lui, vit reclus en Russie. Et je pense que la grandeur de la France serait d’accorder le droit d’asile à Assange et Snowden.”

Euronews : Certains le proposent aujourd’hui !

F. B. : “De plus en plus de gens le proposent en France parce que ces gens se battent pour nos libertés. Et c’est pour ça que je pense qu’il est indispensable que la France ou d’autres pays européens accordent l’asile politique à Assange et Snowden”.

Interview réalisé par Sophie Desjardin

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