Hausse de taux de la Fed : le début de la fin de la crise mondiale ?

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Par Euronews
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La hausse de taux historique de la Fed a été interprétée comme un signe de confiance dans l'économie américaine. A l'origine de la crise mondiale, les Etats-Unis vont-ils être le moteur de la r

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Pour historique qu’il soit, le resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine n’a surpris personne mercredi. D’autant que la fourchette dans laquelle fluctue son taux directeur, de 0,25 à 0,50 %, n’a été relevée que d’un quart de point.

C’est la fin de l’argent gratuit, mais pas de la politique monétaire accommodante : la décision de la Fed est avant tout symbolique. “ Cette action marque la fin d’une période exceptionnelle de sept ans au cours de laquelle le taux des fonds fédéraux a été maintenu proche de zéro pour soutenir la reprise après les pires crise financière et récession depuis la Grande dépression, “ a déclaré Janet Yellen, présidente de la Fed.

Une crise aux racines américaines

Car c’est aux Etats-Unis que c’est joué la genèse de la crise mondiale. Ce fut d’abord l’explosion de la bulle immobilière et la crise des subprimes en 2007, ces prêts hypothécaires toxiques que les banques américaines ont diffusé dans le monde entier. Puis vint la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008, qui fit prendre conscience aux banques du monde entier, contaminées par ces produits toxiques, qu’elles risquaient le même sort. Le crédit s’est tari, provoquant une crise économique globale.

Une solution américaine à la crise ?

La politique de taux zéro de la Fed et ses rachats massifs de dette ont porté leurs fruits. Aujourd’hui le monde se prend à espérer que le pays qui l’a plongé dans la crise, sera aussi celui qui l’en sortira. Alasdair Sandford, journaliste économique à euronews, en a discuté avec “Craig Erlam”:
http://www.marketpulse.com/20151217/726998/
, analyste marchés chez Oanda, à Londres.

Alasdair Sanford, euronews :

“ Les marchés ont plutôt bien réagi jusque-là, pensez-vous que cela va continuer ? “

Craig Erlam, Oanda :

“ Je le crois, je pense que les marchés ont salué la hausse de taux et la posture mesurée qui l’a accompagnée : la nécessité de relever les taux graduellement à partir de maintenant pour éviter d’agiter les marchés et d‘étouffer la reprise aux Etats-Unis.

Je pense que les marchés montrent qu’ils soutiennent l’action de la Réserve fédérale. La question d’une hausse de taux allait forcément se poser. Avec un chômage à 5 %, la hausse continue des créations d’emploi et celle à venir des salaires, c‘était le bon moment pour relever les taux. Cela a rassuré les marchés et a levé l‘élément d’incertitude qui planait sur les marchés cette année. “

Alasdair Sanford, euronews :

“ Voilà pour l‘économie américaine. Mais quel sera l’impact de la hausse de taux de la Fed en Europe selon vous, et sur la zone euro en particulier ? “

Craig Erlam, Oanda :

“ La zone euro est attrayante pour les investisseurs en ce moment. Elle voit le bout du tunnel. Vu l’ampleur du stimulus de la BCE, alors même que la Réserve fédérale commence à durcir sa politique monétaire, la zone euro devient l’endroit où investir. Les marchés d’actions ont énormément bénéficié du programme de stimulation de la Fed, et maintenant qu’elle commence à refermer son robinet monétaire, on pourrait bien voir affluer les liquidités dans la zone euro. Le moment est idéal, puisque la zone euro est en train de s’en sortir. Tous les problèmes liés à la Grèce, à l’Italie, à l’Espagne, commencent à s’atténuer. “

Alasdair Sanford, euronews :

“ La décision de la Fed est-elle une mauvaise nouvelle pour les marchés émergents et les matières premières ? “

Craig Erlam, Oanda :

“ Les marchés émergents avaient intégré la décision de la Fed. En août dernier, nous avons vu beaucoup de turbulences sur ces marchés, ce qui, à mon sens, a dissuadé la Fed de relever ses taux d’intérêt en septembre. Les marchés émergents ont alors commencé à intégrer cette hausse dans leurs cours.

Maintenant bien sûr, certaines zones vont rester très sensibles à ce que font les Etats-Unis, je pense au Brésil, déjà en proie à une sévère récession, avec une dette en dollars et un gros déficit des comptes courants, des déficits budgétaires… Des pays de ce type resteront sensibles aux hausses de taux de la Fed.

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Mais la majorité des marchés émergents peuvent tolérer d’autres hausses de taux de la Fed. Nous l’avons vu aujourd’hui : la plupart des bourses des pays émergents ont salué la hausse de taux de la Fed. La raison, c’est que l’incertitude a été levée, comme je le disais. “

Alasdair Sanford, euronews :

“ Les Etats-Unis ont été à l’origine de la crise financière il y a quelques années. Sont-ils en train d’entraîner le monde vers la reprise selon vous ? “

Craig Erlam, Oanda :

“ Oui, les Etats-Unis ont vraiment été à l’origine de la crise financière, mais ils ont été parmi les premiers à réagir avec toutes ces saisies immobilières etc… Et si cela a fait beaucoup de mal à l‘économie à l‘époque, ils ont aussi été le premier pays à combattre la crise financière et à essayer de la surmonter.
Aujourd’hui, on en voit les bénéfices : ils ont beaucoup souffert au début, mais ils commencent à récolter les fruits des décisions prises à l‘époque.

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Les autres pays ont un peu de retard : la Grande-Bretagne a peut-être six mois de retard sur la première hausse de taux, la zone euro a peut-être deux ans de retard, mais une économie américaine forte est une bonne chose pour l‘économie mondiale. C’est la première économie au monde et dès lors, si elle se porte bien, tout le monde en profite ! “

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