Transport d'eau douce : la théorie du big bag

Transport d'eau douce : la théorie du big bag
Par Stéphanie Lafourcatère
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Certaines régions du monde disposent de beaucoup d’eau douce, d’autres en manquent. On peut en acheminer par voie maritime, mais recourir à des

Certaines régions du monde disposent de beaucoup d’eau douce, d’autres en manquent. On peut en acheminer par voie maritime, mais recourir à des tankers coûte cher. Comment rendre son transport plus économique ? En Espagne, des ingénieurs travaillant sur un projet de recherche européen ont trouvé une solution : une poche à eau XXL qui peut être remorquée par bateau.

Le long d’un quai dans le port de Sant Carles de la Rapita en Catalogne, nous découvrons le prototype de l‘équipe du projet de recherche européen XXL-REFRESH : une immense poche remplie de 2000 mètres cube d’eau douce. Deux jours ont été nécessaires pour la remplir. Ce réservoir souple, à la fois rigide – suffisamment pour que l’on puisse marcher dessus – et très flexible – les vagues pouvant la faire onduler -, est prêt à partir pour un test de résistance en haute mer.

Samuele Ambrosetti, ingénieur en innovation industrielle du cabinet de conseil D’Appolonia participant au projet, nous décrit cette poche à eau : “C’est un conteneur fait dans un tissu extrêmement résistant et étanche, il peut comporter plusieurs modules que l’on associe à l’aide de fermetures éclair très solides et imperméables,” précise-t-il.

Modularité

Les fermetures éclair permettent d’assembler différents segments pour donner au conteneur, les dimensions que l’on souhaite comme l’explique Gianfranco Germani, manager général de Ziplast, autre entreprise impliquée dans XXL-REFRESH : “La jointure est spécialement conçue pour rendre cette poche totalement modulaire : elle se compose de deux couches de matière qui sont scellées comme un sandwich à l’intérieur du tissu qui forme la poche et au milieu de la fermeture éclair, poursuit-il, il y a une membrane de polyuréthane qui garantit l‘étanchéité de la jointure.”

Ce prototype contient 2000 mètres cube d’eau douce. Ce qui représente donc un poids de 2000 tonnes. Les chercheurs doivent s’assurer que les fermetures éclair ne vont pas se rompre quand la poche sera tractée à pleine vitesse et agitée par la houle.

Jaroslav Demuth, ingénieur en fibres optiques chez Safibra, nous montre sous une protection accollée à la poche, les capteurs à fibre optique : “Ces capteurs épousent la forme de la poche, souligne-t-il, grâce à eux, on peut voir comment la poche se déforme et s’il y a de grosses vagues ou que la vitesse est trop forte, on doit informer le capitaine du bateau.”

Un coût et un impact environnemental moindres

Mais quelles sont les applications de cette technologie ? La réponse de Josep Lluis Curto, chimiste spécialiste des polymères, directeur d’Industrial Sedó et coordinateur du projet : “Elle a été développée principalement pour transporter de l’eau par voie maritime de zones où elle est abondante vers des secteurs relativement proches où il y a un besoin d’eau douce à court terme, indique-t-il, cela peut être par exemple à cause de l’arrivée massive de touristes l‘été, elle peut aussi permettre de répondre à des situations d’urgence.”

Le test est un succès : l’immense poche a résisté au remorquage. Elle flotte naturellement à la surface puisque l’eau douce est plus légère que l’eau de mer salée. “On voit des signaux, des vagues, nous fait savoir l’ingénieur Jaroslav Demuth à la fin du test. Quand le capitaine accélère, dit-il, on constate que de plus grandes forces s’exercent sur la poche, mais on reste dans les limites.”

L‘équipe estime que sa méthode devrait coûter jusqu‘à deux fois moins que les livraisons par tanker avec un impact environnemental moindre. Elle fait également gagner de la place car la poche – une fois vidée à quai – peut être dézippée, pliée et rangée dans un container. “Notre prochain objectif, déclare Gianfranco Germani, c’est de multiplier par dix ou vingt la capacité de la poche à eau et de rendre sa propulsion autonome et contrôlée grâce aux satellites.”

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