La poupée gonflable est "persona non grata", si l'on peut dire, en Zambie. Le gouvernement très conservateur de ce pays africain estime que son emploi est "contre nature".
La chasse aux poupées gonflables est lancée en Zambie : ce raccourci, pour décrire une polémique qui grandit dans ce pays d'Afrique australe, paraît surréaliste mais le problème est pourtant jugé sérieux par les autorités. Il provoque un débat de société au sein d'une population presque 100% chrétienne, et même un affrontement politique entre le pouvoir conservateur et l'opposition.
Tout a commencé par la révélation par des médias que des poupées gonflables en provenance de pays asiatiques étaient entrées en Zambie. La police nationale a aussitôt été envoyée à la recherche de ces objets de désir, le gouvernement expliquant que la loi interdit l'importation, la fabrication, la vente et l'utilisation d'objets obscènes. Et ça ne rigole pas puisque tout contrevenant risque jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.
La poupée pas plus interdite que la masturbation, s'amuse l'opposition
La ministre des Affaires religieuses, Godfridah Sumaili, a été envoyée au front. "En tant que nation chrétienne, la moralité et l'éthique sont ancrées dans nos valeurs, a-t-elle fermement déclaré. L'utilisation de poupées gonflables est absolument contraire à notre héritage culturel et à nos principes. C'est pourquoi nous disons aux Zambiens que c'est une chose contre nature". "Contre nature", l'expression a surtout provoqué des moqueries sur les réseaux sociaux, mais aussi des débats enflammés.
Les policiers ont pour le moment fait chou blanc, ils n'ont pas rencontré de poupées gonflables sur leur chemin. "La loi n'interdit pas l'importation ou l'utilisation des poupées gonflables, pas plus qu'elle n'interdit la masturbation", a contesté Sean Tembo, le chef du parti libéral des Patriotes du progrès économique, mouvement d'opposition. "L'utilisation des poupées gonflables restera confinée aux chambres à coucher, a-t-il ironisé, et elle ne débordera pas sur la place publique".
A mots couverts, le code pénal de la Zambie interdit également la "relation charnelle contre l'ordre naturel"; comprenez l'homosexualité, même le mot semble interdit ! L'affaire des poupées n'est donc pour les opposants qu'une dérive de plus de l'autoritarisme grandissant du président Edgar Lungu.