Italie : Marcello Foa, nouveau patron de la Rai et adepte des "fake news"

Italie : Marcello Foa, nouveau patron de la Rai et adepte des "fake news"
Tous droits réservés Photo issue de la page Facebook de Marcello Foa
Par Maxime Bayce
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Le candidat de Matteo Salvini a été nommé président de la Rai, le groupe de radiotélévision public italien. Pro-Assad, pro-Poutine, habitué des provocations, son profil inquiète.

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Les parlementaires italiens ont finalement choisi l'homme du pouvoir. Marcello Foa, poussé par Matteo Salvini, devient le nouveau président de la Rai, la groupe de télévision et de radio public.

Il a été choisi à 27 voix sur 40, soit l'exacte majorité qualifiée des deux tiers dont il avait besoin pour être désigné. Le 1er août, la même commission parlementaire avait retoqué sa candidature. Signe des crispations qu'inspirent la candidature de Foa, les députés du Parti démocrate n'ont pas pris part au vote.

Fan de Steve Bannon et adepte des "fake news"

L'Italo-Suisse a débuté sa carrière en 1989 au quotidien Il Giornale, un journal du groupe Berlusconi. Il y travaille vingt ans avant de partir en Suisse et de prendre la tête du Corriere del Ticino.

Une carrière classique mais ce qui inquiète les syndicats de journalistes de la Rai, ce sont ses prises de positions. Pendant la campagne présidentielle américaine, il a notamment partagé sur ses réseaux sociaux la rumeur, virale outre-atlantique, d'un réseau pédophile dans lequel Hillary Clinton serait impliqué. Une "fake news" qu'il n'a jamais démentie. Il a aussi publiquement estimé qu'être gay est une anomalie et que vacciner les nourrissons peut provoquer un "choc" au bébé.

Côté international, Foa a exprimé son admiration pour Steve Bannon ou Vladimir Poutine. Il a collaboré avec Russia Today, la chaîne de télévision financée par l'état russe.

Une vision du monde raccord avec celle du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue au pouvoir à Rome. Le leader du M5S a dit de Foa qu'il permettrait de purger les "parasites" installés par les partis "mainstream" aux commandes à la Rai.

Suite à sa nomination, il a néanmoins tenu à rassurer. "La Rai doit promouvoir un authentique pluralisme politique, culturel, religieux, dans le respect de chacun". Expliquant "n'avoir jamais servi un quelconque parti politique, ni cherché de l'aide pour sa carrière. Mon mandat est lié à ce que j'ai fait durant ma carrière, j'ai l'intention de l'honorer au nom des valeurs du journalisme".

L'ombre de Berlusconi

Des paroles qui n'ont pas vraiment apaisé. L'Usigrai, l'un des principaux syndicats de l'entreprise a demandé à la commission parlementaire "de mener des examens plus approfondis pour assurer la légitimité du candidat".

Les craintes sont également renforcées par les tractations politiques de ces derniers jours. Les députés Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, ont finalement soutenu la candidature de Marcello Foa après avoir refusé de voter en sa faveur début août. Ce sont leurs suffrages qui lui ont permis d'être nommé.

Une volte-face étonnante alors que le magnat milanais est le propriétaire du groupe Mediaset, principal concurrent privé de la Rai. Pour arriver à ce résultat Matteo Salvini a négocié directement avec l'ancien président du Conseil. Selon de nombreux spécialistes de la politique italienne, le Cavaliere aurait obtenu l'assurance que ses intérêts économiques ne seraient pas inquiétés par cette nomination.

Un peu plus de trois mois après leur arrivée aux affaires, le M5S et la Ligue, qui ont fait campagne sur une rupture avec la "vieille" politique et ses petits arrangements, vont peut-être faire des déçus.

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