Malgré l'interdiction, le Sea-Watch 3 entre dans les eaux italiennes

Malgré l'interdiction, le Sea-Watch 3 entre dans les eaux italiennes
Tous droits réservés REUTERS/Guglielmo Mangiapane
Par Raphaelle ViventAFP
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"Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr", a déclaré sur Twitter la jeune capitaine allemande du navire, Carola Rackete.

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"J'ai décidé d'entrer dans le port de Lampedusa. Je sais ce que je risque, mais les 42 naufragés à bord sont épuisés. Je les emmène en lieu sûr [...] Leurs vies valent plus que les jeux politiques". Voici ce qu'a déclaré sur Twitter la jeune capitaine allemande du Sea-Watch 3, Carola Rackete.

Cette dernière a décidé mercredi de forcer le blocus des eaux territoriales italiennes, malgré les menaces de Matteo Salvini, pour tenter de débarquer sur l'île de Lampedusa les migrants bloqués à bord depuis deux semaines.

"En 14 jours, aucune solution politique ou juridique n'a été possible, l'Europe nous a abandonnés", a ajouté Sea-Watch, une ONG allemande dont le navire bat pavillon néerlandais.

"Une insulte au droit"

Après avoir navigué une dizaine de jours le long de la ligne des eaux territoriales italiennes, le navire l'a franchie à la mi-journée et s'est arrêté en milieu d'après-midi en face du port de l'île. Deux vedettes des garde-côtes et de la police douanière et financière se trouvaient à ses côtés.

L'annonce de la capitaine a provoqué la fureur de Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur.

"Nous ferons usage de tous les moyens démocratiquement permis pour bloquer cette insulte au droit et aux lois, a-t-il déclaré dans une vidéo sur Facebook. Evidemment, le gouvernement néerlandais sera tenu pour responsable, ainsi que le gouvernement allemand, puisque cette ONG et son équipage sont Allemands. J'en ai marre et je parle au nom des 60 millions de citoyens italiens."

La jeune capitaine de 31 ans et les responsables de Sea-Watch risquent désormais des poursuites pour aide à l'immigration clandestine, ainsi que la saisie du bateau et une amende de 50.000 euros, conformément au récent "décret sécurité bis" de M. Salvini.

"C'est grave que la capitaine n'ait pas d'autre choix que d'honorer son sens des responsabilités au prix de conséquences personnelles", a réagi Carlotta Sami, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) en Italie.

Des villes se mobilisent

Mardi, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par l'ONG allemande**, avait refusé d'intervenir en urgence,** demandant cependant à l'Italie de "continuer de fournir toute assistance nécessaire" aux personnes vulnérables à bord.

Sur les 53 migrants secourus le 12 juin par le Sea-Watch au large de la Libye, l'Italie a déjà accepté le débarquement de 11 personnes vulnérables (enfants, femmes, malades...).

A terre, des dizaines de villes allemandes se sont dites prêtes à accueillir les migrants, et l'évêque de Turin (nord de l'Italie), Cesare Noviglia, a annoncé lundi que son diocèse proposait de les prendre en charge.

Le curé de Lampedusa, Carmelo La Magra, campait depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants. Lors des élections européennes de mai, la Ligue de M. Salvini a cependant obtenu 45% des voix sur l'île.

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