Refai (12 ans) de Qamichli en Syrie a photographié sa sœur
Refai (12 ans) de Qamichli en Syrie a photographié sa sœur Tous droits réservés Sirkhan Darkroom

La vie à la frontière entre la Turquie et la Syrie vue à travers des yeux d'enfants

Par Natalia LiubchenkovaVincent Coste
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Une ONG installée en Turquie près de la frontière syrienne apprend à des enfants désœuvrés ou vivant dans des camps de réfugiés à photographier leur univers et leur entourage pour les aider à se construire.

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Les photographies de guerre sont très souvent insoutenables. Et lorsque ces clichés capturent des scènes où des enfants sont les victimes de la violence des hommes, comme celui de "la petite fille au napalm" pris en 1972 lors de la guerre du Vietnam, nous avons du mal à détourner le regard pour ne pas voir la réalité en face.

Le conflit en Syrie a lui aussi été pourvoyeur d'innombrables photographies d'enfants, pris en tenaille entre les forces de Bachar el-Assad, les troupes de l'organisation Etat islamique et d'autres groupes armés

Grâce aux efforts d'une école de photographie installée dans le sud-est de la Turquie, autour de la ville de Mardin - à quelques encablures de la frontière syrienne - les enfants peuvent désormais passer derrière l'objectif pour capturer avec leurs yeux innocents des scènes de leur quotidien.

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Un des ateliers organisés par Sirkhan Darkroom en TurquieSirkhan Darkroom

"Sirkhan Darkroom" propose ainsi des ateliers de photographie aux défavorisés de la région, des petits Turcs ou des enfants syriens vivants dans les nombreux camps de réfugiés de la zone.

Durant les cours, les petits photographes n'utilisent pas d'appareils numériques. Non, ce serait trop facile. "Sirkhan Darkroom" a pris le parti de la photographie argentique. Pour le responsable de l'école, le travail sur pellicule offre beaucoup plus de possibilités d'apprentissage.

"La photographie argentique est un point de départ. Elle aide ces enfants à mieux se connaître et à prendre confiance en eux", explique ainsi le réfugié syrien Serbest Salih, directeur de "Sirkane Darkroom" et photographe professionnel.

Les enfants apprennent donc toutes les étapes de la production photographique. Les ateliers offrent aussi bien une approche théorique (narration, règles de composition, travail sur le terrain) que pratique (développement des négatifs et impression en chambre noire).

Chaque enfant reçoit également un appareil photo pendant une semaine pour travailler de manière indépendante sur des projets qu'il a personnellement choisis.

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Ayshe (9 ans) de Mardin en TurquieSirkhan Darkroom

L'école est mobile ; elle s'est déplacée d'un endroit à l'autre pendant quelques mois. Les cours sont actuellement suspendus en raison de la pandémie de coronavirus. Mais pas question de tout arrêter pour autant. Les enseignements sont maintenant dispensés en ligne. La semaine prochaine, le directeur de l'école prévoit d'envoyer des appareils photos à de nouveaux enfants pour leur donner ensuite des instructions via une application de messagerie.

Sirkhan Darkroom dépend d'un projet plus vaste lancé par une ONG dont la mission est d'aider les enfants qui ont été confrontés à la guerre ou à la misère. Pour ce faire, "Sirkhan" utilise les arts et la musique pour permettre à ces petits de se reconstruire et d'oublier les traumatismes du passé. Il est possible de contribuer au travail de cette organisation via une plateforme en ligne.

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Ahmed (13 ans) de Qamichli/Qamişlo en Syrie, photographiant son nouveau quotidien de l'autre côté de la frontière en TurquieSirkhan Darkroom

Pour ces enfants, souvent encore vulnérables, qui vivent de surcroît dans un milieu où l'apprentissage et l'accès à la culture sont limités, cet atelier représente quelque chose de plus important qu'une "simple formation" aux arts visuels.

"Les enfants peuvent améliorer leur coordination, leur concentration, ainsi que leur sociabilisation en travaillant en équipe" explique Serbest Salih. Le responsable de ce projet ajoute : "Ils adoptent des valeurs universelles et développent plus sainement leur personnalité".

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L'un des clichés d'Ibrahim (12 ans) de Derbassyié en SyrieSirkhan Darkroom

Le travail de ces enfants est reconnu par leurs familles. Ces dernières n'hésitent pas à demander à ces photographes en herbe de se faire tirer le portrait.

Les différents projets portés par ces enfants sont autant de témoignages de la vie dans l'est de la Turquie. Avec leurs yeux, ils documentent des sujets et des scènes qu'un adulte n'aurait sans doute pas su saisir.

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Photographie d'atelier de cirque par Rojin (12 ans) de Mardin en TurquieSirkhan Darkroom

Une exposition a été organisée au musée de Madrin. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les photographies sont pleines de sourires d'enfants. Si ces clichés ne se focalisent pas sur les difficultés d'une vie dans un camps de réfugiés et dans un quartier désœuvré, ils offrent, toutefois, un aperçu des conditions de vie des habitants de cette région.

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Cliché de Muhammed (15ans) de Mardin en Turquie, dans la cadre d'une sérié baptisée "La vie quotidienne des travailleurs"Sirkhan Darkroom
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Dilava (13 ans) de Kobané en Syrie a photographié ses nouveaux voisins en TurquieSirkhan Darkroom
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Welid, 12 ans et originaire de Syrie, a photographié l'un de ses amis en Turquie.Sirkhan Darkroom
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Siwar, 15 ans d'Alep en Syrie, a pris sa mère en photoSirkhan Darkroom
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Serhad de Mardin, en Turquie, a capturé sa mère en train de cuisiner.Sirkhan Darkroom
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Sutan, 13 ans de Mardin en Turquie, a choisi de photographier ses amis.Sirkhan Darkroom
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Menal, 12 ans originaire de Kobané en Syrie, a tiré le portait de son frère Hamza et de sa poule de compagnie.Sirkhan Darkroom
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Photo de Menal, 12 ans de Kobané en Syrie, représentant sa mère et son jeune frère.Sirkhan Darkroom
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Ibrahim, 13 ans de Hassaké en Syrie, a réalisé cette illusion d'optique.Sirkhan Darkroom
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Ibrahim, 13 ans, de Al Hasakah en Syrie, a photographié son frère en pleine session photoSirkhan Darkroom
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Photo de Sherin, 16 ans et originaire de Kobané en Syrie, de son nouveaux quartier en Turquie.Sirkhan Darkroom
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