En Pologne, un vote présidentiel sur le fil du rasoir

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Par Euronews avec AFP
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🇵🇱 Présidentielle en #Pologne : deux visions opposées s'affrontent ce dimanche.

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La Pologne votait dimanche dans une élection présidentielle sur le fil du rasoir, entre un président populiste sortant et un libéral europhile qui veut rétablir les liens avec Bruxelles.

Le résultat de ce second tour sera décisif pour l'avenir du gouvernement du parti conservateur et nationaliste Droit et Justice (PiS), que ses détracteurs accusent de faire reculer les libertés démocratiques acquises il y a trois décennies à la chute du communisme.

Scrutin reporté

Soutenu par le PiS, le président Andrzej Duda fait face au maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, du principal parti d'opposition centriste Plateforme civique (PO), et les derniers sondages font état de chances égales pour les deux candidats.

Le vote devait avoir lieu en mai - à l'époque M. Duda était en tête des intentions de vote - mais il a dû être reporté en raison de la pandémie provoquée par le nouveau coronavirus.

Le soutien à M. Duda a considérablement diminué depuis, y compris en raison des retombées de l'épidémie, qui a plongé la Pologne dans sa première récession depuis la chute du régime communiste.

Selon les experts, le résultat dimanche pourrait être si serré que des contestations judiciaires et des protestations risquent de s'ensuivre.

Les bureaux de vote ont ouvert à 05h00 GMT et doivent fermer à 19h00 GMT. Un sondage de sortie est prévu aussitôt après, les premiers résultats officiels étant seulement attendus pour lundi matin.

Le taux de participation était de 24,73% vers midi, un niveau particulièrement élevé, a annoncé la Commission électorale, ce qui laisse à penser que la pandémie n'a pas dissuadé les électeurs de se rendre aux urnes.

Au premier tour, le 28 juin, M. Duda est arrivé premier avec 43,5% des voix et M. Trzaskowski deuxième avec 30,4%.

Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques, souligne que M. Trzaskowski a dû mobiliser des parties très disparates de l'électorat contre M. Duda et estime que la victoire reviendra donc probablement au président sortant, avec une marge étroite.

"Trzaskowski s'est avéré un candidat compétent et éloquent", mais risque de pâtir du "manque de soutien clair" de la part des candidats d'opposition malheureux au premier tour, juge Eurasia Group.

Deux visions de la Pologne

M. Duda a promis de défendre les aides sociales populaires mises en place par le PiS et a fait une campagne polarisante, attaquant notamment les droits des personnes LGBT et rejetant l'idée d'indemnisations pour les biens juifs volés par les nazis et sous le régime communiste.

"Ces élections sont une confrontation de deux visions de la Pologne, entre le blanc-et-rouge et l'arc-en-ciel", a déclaré le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro, cité vendredi par l'agence de presse PAP, faisant référence au drapeau national polonais et au symbole utilisé par la communauté LGBT.

M. Trzaskowski, quant à lui, est favorable aux partenariats civils y compris entre personnes du même sexe. Sa décision de signer une déclaration de soutien aux LGBT a incité l'an dernier nombre de régions de l'est rural et le plus conservateur du pays à se proclamer "zones libres de LGBT".

Il a également promis, en cas de victoire, de faire marche arrière concernant les réformes controversées du système judiciaire qui ont mis la Pologne sur une trajectoire de collision avec le reste de l'Union européenne.

A la sortie d'un bureau de vote, Wojciech, un ouvrier du bâtiment de 59 ans, dit avoir voté Duda en raison de ses liens étroits avec le président américain Donald Trump, "ce qui veut dire que nous pouvons compter sur les Etats-Unis pour nous défendre", et "parce que je suis complètement d'accord" avec sa promesse d'interdire l'adoption pour les couples de même sexe.

"Moins de haine"

D'autres électeurs ont choisi Trzaskowski avec l'espoir d'un retour à de meilleures relations avec l'Union européenne.

"C'est important pour nous d'avoir une bonne coopération avec nos partenaires européens", explique la retraitée Danuta Lutecka, qui espère aussi qu'un changement de président mènerait vers "moins de haine et de divisions" entre Polonais.

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Virus oblige, les électeurs se présentaient masqués dimanche matin au bureau de vote du quartier de Mokotov, à Varsovie, et, après s'être passé les mains au gel désinfectant, utilisaient leur propre stylo pour voter.

"Ces élections détermineront le sort de la Pologne pour l'avenir prévisible", a déclaré Adam Strzembosz, ancien président de la Cour suprême et professeur de droit respecté.

"Sera-t-il dominé et complètement soumis à un parti politique, avec toutes les conséquences d'un pouvoir de nature dictatoriale, ou bien arrivera-t-on à arrêter ce processus?", s'est-il interrogé.

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