Le chef du gouvernement libanais, Hassan Diab, était au pied du mur. La population accuse les autorités de corruption et d'irresponsabilité qui auraient conduit, selon elle, à la catastrophe du port de Beyrouth.
Il ne pouvait plus faire face au déchaînement de colère dans la rue : le Premier ministre libanais, Hassan Diab, s'est résolu à annoncer ce lundi soir la démission en bloc de son gouvernement, dont quatre ministres étaient d'ailleurs sortis d'eux-mêmes quelques heures plus tôt.
La classe politique du Liban dans son ensemble, jugée corrompue par le peuple, est tenue responsable de la catastrophe du mardi 4 août dernier au port de Beyrouth ; 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées là depuis des années ont provoqué une gigantesque explosion qui a tué au moins 160 personnes et fait des milliers de blessés.
Hassan Diab a formé son gouvernement il y a seulement sept mois. Cet ex-professeur d'université, qui se dit politiquement indépendant, a justement pris de la distance avec les partis politiques traditionnels. Dans son discours télévisé, il a, lui aussi, dénoncé une corruption "endémique".
La démission du gouvernement ne devrait guère refroidir les esprits dans les rues de Beyrouth. Des heurts continuent de se dérouler dans le centre-ville de la capitale libanaise, aux abords du Parlement : des manifestants font face aux forces de sécurité qui procèdent à des tirs de gaz lacrymogènes.
Pour nombre d'entre eux, l'annonce d'Hassan Diab n'est qu'une première étape : "La démission du gouvernement ne nous suffit pas, car nous voulons que les responsables de l'explosion et de tout ce qui s'est passé depuis 30 ans soient tenus responsables. C'est à ce moment-là que nous serons satisfaits", raconte Hind Nehme, une manifestante de 27 ans.
Le drame du port de Beyrouth n'a fait que relancer une contestation populaire ancienne, alors que le pays affronte sa pire crise économique depuis des décennies.