Dumping social : ce qui change pour les routiers européens

Dumping social : ce qui change pour les routiers européens
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Par Yolaine De Kerchove Dexaerde
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Ces nouvelles règles visent à renforcer les conditions de travail des conducteurs routiers et à garantir une concurrence loyale dans le marché unique.

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Les premières mesures du "Paquet Mobilité" de l'UE sont entrées en vigueur la semaine dernière. Ce paquet législatif vise à renforcer les conditions de travail des conducteurs routiers et à garantir une concurrence loyale dans le marché unique.

Roger Deville est un conducteur belge. Il a parcouru les routes d'Europe pendant des années. Il estime que "ce n'est pas une vie pour un être humain de dormir sur un parking, de vivre sur un parking. Ce n'est pas une vie".

Depuis ce 20 août, les chauffeurs doivent retourner dans leur propre entreprise toutes les 3 ou 4 semaines. Ils ne peuvent pas passer les 45 heures du week-end dans leur camion. Leurs employeurs doivent leur payer une chambre d'hôtel.

"Je pense que c'est vraiment une bonne chose, et je pense que beaucoup de gens attendaient cela. Cela permettra une concurrence plus loyale entre les entreprises. Cela calmera aussi beaucoup de pays qui ne jouent pas le jeu. Cela aidera même les gars à gagner un peu plus", ajoute Roger Deville, chauffeur de camion belge.

Pour István Galambos, propriétaire d'une entreprise de camionnage hongroise, il n'y a pas assez d'hôtels et pas assez de places de parking sur les autoroutes. "Je pense que l'UE s'est précipitée et qu'il serait bon d'avoir un moratoire car les conditions matérielles font défaut. Le chauffeur doit laisser le camion et sa cargaison derrière lui, et prendre un taxi pour se rendre à un hôtel situé à 20 km de là. Mais dans de nombreux cas, nous ne pouvons ni trouver de place de parking, ni d'hôtel sur ces lieux".

Ces nouvelles mesures pourraient également réduire la compétitivité des entreprises de l'Est, car elles perdront des emplois bien rémunérés dans la partie occidentale de l'Europe. Des faillites pourraient s'ensuivre.

"Je pense qu'il s'agit de mesures de protection du marché déguisées en mesures sociales entre l'Europe occidentale et les États membres de l'UE qui ont adhéré depuis 2004", dénonce István Galambos, propriétaire d'une société hongroise.

La Lituanie prépare une action en justice contre le "Paquet Mobilité". Mais pour Roberto Parillo, spécialiste de la Fédération européenne des transports, qui a participé à la législation, les textes sont équilibrés. "Je pense qu'il n'y a pas de discrimination, parce qu'aujourd'hui quand on regarde les textes et quand on regarde également certains pays d'Europe centrale qui ont voté les textes, c'est bien la preuve que ces textes sont équilibrés. Il faut faire en sorte que toutes les entreprises aient les mêmes chances de concourir à tous les marchés. (... ) Il faudra du temps, mais nous devons le faire ensemble si on veut construire une Europe où tout le monde est sur le même pied d'égalité".

En septembre, l'application des nouvelles mesures sera surveillée de près dans toute l'Europe.

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