Pékin veut étouffer dans l'oeuf les prémices d'un #MeToo chinois

Peng Shua le 21 janvier 2020, à Melbourne, lors de l'Open d'Australie
Peng Shua le 21 janvier 2020, à Melbourne, lors de l'Open d'Australie Tous droits réservés GREG WOOD/AFP or licensors
Par Euronews avec AFP
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Peng Shuai, joueuse professionnelle de tennis, a accusé sur les réseaux sociaux un membre influent du régime de l'avoir violée. Quelques minutes plus tard, la censure a fait disparaître son texte de l'Internet chinois.

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La Chine bloquait jeudi toute référence à un message attribué à la championne de tennis Peng Shuai, qui a accusé sur les réseaux sociaux un ancien haut dirigeant communiste de l'avoir contrainte à une relation sexuelle, avant d'en faire sa maîtresse.

L'accusation explosive a été brièvement postée mardi sur le compte Weibo officiel de la joueuse chinoise de 35 ans, qui avait remporté en double le tournoi de Roland-Garros en 2014.

Dans un long texte, Peng Shuai affirme avoir eu, il y a trois ans, un rapport sexuel forcé avec l'ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 l'un des hommes politiques les plus puissants de Chine. Si la censure a rapidement fait disparaître le message de l'internet chinois, des captures d'écran se sont néanmoins répandues comme une traînée de poudre.

Selon les données de Weibo, un message publié mardi sur le compte officiel de la joueuse a été vu plus de 100 000 fois mais le contenu n'est pas précisé.

Jeudi, les recherches comportant à la fois les noms de Peng Shuai et Zhang Gaoli étaient toujours bloquées sur Weibo et sur le moteur de recherche Baidu. Le compte officiel de la joueuse était toujours actif mais les recherches avec son nom ne donnaient aucun résultat sur la plateforme.

"J'ai cédé et nous avons eu un rapport sexuel"

Dans son message, Peng Shuai raconte que M. Zhang lui a imposé un rapport sexuel dans sa chambre après une partie de tennis, sept ans après avoir déjà couché avec lui. "J'avais très peur. Cet après-midi-là, j'ai d'abord refusé. Je n'arrêtais pas de pleurer", écrit-elle_. "En proie à la peur et au trouble (...) j'ai cédé et nous avons eu un rapport sexuel"._

Elle ajoute que l'épouse de Zhang Gaoli était au courant et "montait la garde à l'extérieur".

Peng Shuai précise qu'elle est ensuite devenue la maîtresse de l'ex-dirigeant, jusqu'à une dispute la semaine dernière. Elle précise n'avoir aucune preuve à apporter à l'appui de ses dires.

WANG ZHAO/AFP or licensors
Zhang Gaoli (centre) lors du Congrès du Parti communiste chinois à Pékin (Chine), le 18 octobre 2017WANG ZHAO/AFP or licensors

La Chine a connu depuis 2018 une version très aseptisée du mouvement MeToo, avec des accusations de harcèlement sexuel visant des vedettes de la chanson ou du petit écran, mais jamais jusqu'ici de responsable politique.

Zhang Gaoli, âgé d'environ 75 ans, était jusqu'au début de 2018 membre permanent du bureau politique du PCC et à ce titre l'un des sept hommes les plus puissants de Chine. Il est considéré comme proche du Premier ministre Li Keqiang.

Ancienne numéro un mondiale en double, Peng Shuai est actuellement classée 189e par la WTA. En 2018, elle avait écopé de six mois de suspension et de 10 000 dollars d'amende pour avoir essayé d'obliger sa partenaire en double dames à se retirer du tournoi de Wimbledon l'année précédente.

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