Législatives : revers pour la majorité présidentielle, score historique pour l'extrême droite

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Le camp d'Emmanuel Macron perd la majorité absolu en obtenant 245 sièges à l'issue des élections législatives dimanche, suivi de l'union de la gauche Nupes avec 131 sièges et du RN qui obtient 89 sièges.

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Emmanuel Macron apparaît isolé ce lundi matin, au centre d'un paysage politique sans dessus dessous, avec une Assemblée sans majorité claire, dans laquelle son camp recule fortement au profit tant de la gauche que de l'extrême droite.

A l'issue du second tour des législatives dimanche, les candidats macronistes Ensemble ! remportent 245 sièges, devant la coalition de gauche Nupes (131 sièges) et le RN qui réalise une percée historique (89 sièges). Le nouvel hémicycle comptera 37,3% de femmes, en recul par rapport à 2017 (39%).

Le chef de l'Etat a perdu dans les grandes largeurs la majorité absolue (établie à 289 sièges sur 577) qui, pendant cinq ans, avait voté tous ses projets pratiquement sans discuter. Il hérite à la place d'une Assemblée nationale où à défaut de majorité, vont siéger deux oppositions puissantes qui lui sont résolument hostiles.

20.06.2022
15:44

PS, EELV et PCF refusent la proposition de Mélenchon d'un groupe Nupes unique à l'Assemblée

Le Parti socialiste, EELV et le PCF ont déclaré ce lundi à l'AFP refuser la proposition de Jean-Luc Mélenchon de former un groupe Nupes unique à l'Assemblée nationale, estimant que l'accord de coalition signé début mai prévoyait des groupes distincts.

"Il n'a jamais été question d'un groupe unique. Il y aura un groupe socialiste à l'Assemblée nationale", a déclaré Pierre Jouvet, porte-parole du PS. "Pas question de se fondre dans un groupe unique", a pour sa part réagi le porte-parole d'EELV Alain Coulombel. "Nous sommes favorables à un intergroupe mais pas un groupe commun", a souligné un proche du chef communiste Fabien Roussel.

20.06.2022
15:00

Jean-Luc Mélenchon propose que la Nupes forme un seul et même groupe à l'Assemblée

"La Nouvelle union populaire écologique et sociale devrait se constituer comme un seul groupe" à l'Assemblée nationale, a "proposé" ce lundi Jean-Luc Mélenchon, inquiet que l'obtention de 89 députés par le RN remette en cause son "statut" de première opposition à Emmanuel Macron.

"Dès lors qu'il y a un seul groupe, sans aucune discussion possible l'opposition s'appellerait Nupes", a-t-il estimé devant le siège de La France insoumise à Paris. Il a justifié cette proposition: "Personne n'avait vu arriver cette situation". Il ne souhaite pas, a-t-il ajouté, "donner le sentiment que nous amplifions la confusion" "par notre propre éparpillement".

"Naturellement je m'en remettrai à ce que décideront les groupes", a-t-il déclaré, plaidant: "Je crois que nous devons être et rester une alternative unie".

Si la Nupes a remporté 131 sièges, selon le décompte du ministère de l'Intérieur, dans le détail, la formation de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise obtient 72 sièges, le Parti socialiste 24, Europe Ecologie Les Verts 23 et le Parti communiste 12.

Interrogé sur les discussions sur ce point avec le PS, EELV et le PCF, Jean-Luc Mélenchon a répondu: "ça commence là tout de suite. Quelques uns ont évoqué le sujet devant moi mais je ne veux pas les mettre dans l'embarras".

Il a ensuite cité comme interlocuteurs, dès dimanche soir, le premier secrétaire du PS Olivier Faure et le chef d'EELV Julien Bayou.

En attendant, Valérie Rabault, cheffe de file des socialistes à l'Assemblée nationale lors de la précédente législature, s'est d'ores et déjà opposée à la proposition. 

"La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l'Assemblée Nationale. C'est une force au service du peuple français. Vouloir supprimer cette diversité est une erreur et je m'y oppose", a-t-elle tweeté aussitôt après la déclaration de M. Mélenchon.

"C'est une proposition, pas une injonction. Ca n'empêche pas chaque partie d'avoir une délégation, comme au Parlement européen, qui s'auto-organise", a voulu rassurer M. Mélenchon.

"Dussions-nous perdre quelques moyens matériels, j'estime que c'est dérisoire par rapport à l'enjeu politique qui se dessine devant nous", a-t-il dit en référence aux financements des partis.

20.06.2022
12:57

Avec 150 élus, les gauches progressent mais doivent relever le défi de l'unité

Selon le décompte effectué par l'AFP, en incluant les députés d'Outre-mer, mais sans présager du choix des dissidents socialistes et de plusieurs élus divers gauche, la Nupes aura au moins 150 représentants dans l'hémicycle.

Jena-Luc Mélenchon, le 19 juin 2022.

"On espérait diriger le pays ce (lundi) matin, il y a une forme de déception", reconnaît Paul Vannier, responsable des élections à La France insoumise et élu dans le Val-d'Oise. Non seulement Jean-Luc Mélenchon n'est pas Premier ministre comme il l'ambitionnait, mais le résultat Nupes est en-deçà des espérances de nombreux cadres qui, en privé, allaient jusqu'à espérer 200 députés. Il n'en reste pas moins que par rapport à 2017, "notre progression est considérable, pour la Nupes comme pour LFI en particulier", qui aura entre 70 et 80 députés, aux profils divers, indique M. Vannier.

Les socialistes, qui détenaient le plus grand nombre de sortants, tirent leur épingle du jeu en pouvant envisager une trentaine de députés. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, éprouve un "sentiment mêlé, la joie d'avoir réussi avec ce rassemblement, mais la déception car on s'était pris à croire à une victoire de la gauche". Il s'est félicité de son choix, contesté par certains en interne, d'avoir rejoint la Nupes après la claque historique reçue par Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7%): "Nous revenons de loin, nous avons reparlé à un électorat qui ne nous parlait plus".

Les écologistes peuvent aussi être satisfaits en passant d'une poignée d'élus - dont aucun d'EELV - à 23 députés, dont des figures comme le chef du parti Julien Bayou, sa numéro 2 Sandra Regol et l'éco-féministe Sandrine Rousseau. Soit "le plus grand groupe écologiste de l'Histoire à l'Assemblée nationale", a déclaré M. Bayou. L'objectif de constituer un groupe - au moins 15 élus - est largement rempli, ce qui était inespéré juste après le mauvais résultat de Yannick Jadot à la présidentielle (4,6%).

Cela s'annonce plus tendu pour le PCF qui, avec ses 12 élus, devra convaincre des élus d'Outre-mer ou de Corse de le rejoindre.

Unie dans les urnes, la Nupes va-t-elle pouvoir le rester dans l'hémicycle? Chacun aura son groupe mais un intergroupe va être créé. "Ce n'est pas technique, c'est politique, cela nous permettra de faire nos propositions ensemble, de nous coordonner, de présenter par exemple un candidat à la commission des Finances", indique le député LFI Eric Coquerel sur France 2.

20.06.2022
12:21

Pas de "front républicain" pour les électeurs d'Ensemble ! : 

Selon Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut de sondage Ipsos France, en cas de duels Nupes-RN, les électeurs de la coalition présidentielle Ensemble! se sont abstenus à 72%, tandis que 16% ont voté pour la Nupes et 12% pour le RN. Et "c'est l'inverse chez les LR" : 58% sont restés à la maison mais 30% ont voté pour le RN et 12% pour la Nupes, note le sondeur.

"L'absence de consignes de vote claires de la part d'Ensemble! n'a pas permis au barrage républicain de fonctionner totalement" après "le 'ni-ni' de la droite sarkozyste (qui) avait déjà creusé les premières brèches", explique pour France Info Gilles Ivaldi, chargé de recherche au CNRS et au Cevipof, spécialiste du programme économique du RN.

Cela a profité au score surprise du Rassemblement National assure Gilles Ivaldi, qui avance trois autres explications : une campagne du RN "discrète et furtive, mais sur une thématique qui était au coeur des préoccupations des Français : le pouvoir d'achat", une "stratégie de dédiabolisation du RN qui n'a jamais eu autant d'effets", et des cadres "qui sont parvenus à s'ancrer localement".

"C'est le résultat d'une très longue implantation, avec des élus de la génération Marine Le Pen, venus pour elle et par elle, mais aussi des gens qui battent la campagne depuis très longtemps", abonde le politologue Jean-Yves Camus.

M. Camus note aussi "une manière trop arrogante" d'Emmanuel Macron d'exposer sa politique et des catégories populaires qui le voient comme le champion du "mondialisme", soit le "coupable de la mondialisation" dont ils s'estiment victimes.

20.06.2022
11:59

Une "guerrière", défenseure des travailleurs invisibles à l'Assemblée : la porte-parole de la longue grève des femmes de chambre de l'Ibis Batignolles, Rachel Kéké, a été élue dimanche députée contre l'ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu.

Retrouvez notre article ici. 

20.06.2022
11:20

Avoir un groupe parlementaire, à quoi ça sert ?

Avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée requiert au minimum 15 députés, et apporte de nombreux avantages : moyens financiers et matériels, collaborateurs supplémentaires, et surtout un rôle prééminent avec du temps de parole lors des débats et des questions au gouvernement.

Les groupes sont représentés au Bureau de l'Assemblée, sorte de conseil d'administration de l'institution (avec des postes de vice-présidents notamment) et dans les huit commissions permanentes (Affaires économiques, Lois, Affaires sociales...) proportionnellement au nombre de sièges détenus. 

C'est également en fonction des effectifs des groupes que sont répartis les temps de parole en séance publique. La moitié au moins des questions au gouvernement, le mardi, est posée par l'opposition (et même 22 des 30 questions par séance en pratique depuis 2019).

Les groupes ont également une dotation financière allouée par l'Assemblée dont le montant dépend là encore des effectifs. Elle s'élève entre 10 et 12 millions d'euros pour l'ensemble des groupes chaque année. Ils ont aussi des facilités matérielles (bureaux, salles de réunion...) et des collaborateurs supplémentaires.

20.06.2022
10:41

"Ma hantise, c'est que le pays soit bloqué", a souligné la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire. Interrogée sur France Inter pour savoir si la France était aujourd'hui gouvernable, elle a reconnu que cela va être "compliqué". "A l'impossible nul n'est tenu", a-t-elle ajouté, en soulignant que "le retour d'expérience, la leçon, il va falloir qu'on l'analyse, il n'y a aucun sujet là-dessus".

Elle a expliqué les résultats du scrutin par le fait que les Français sont "lassés, fatigués, pour tout dire un peu saoûlés de la séquence électorale", et en a déduit qu'"aujourd'hui une réforme institutionnelle devient absolument indispensable".

20.06.2022
10:37

Pas de démission en vue pour Elisabeth Borne, un nouveau gouvernement prochainement

Alors que la majorité présidentielle est largement ébranlée et que plusieurs ministres n'ont pas réussi à se faire élire, la Première ministre Elisabeth Borne peut elle rester à son poste ? "Elle a été réélue, douze membres de son gouvernement ont été réélus. Au moment où je vous parle la question ne s'est pas posée. On verra dans les prochaines heures, mais au moment où je vous parle, la Première ministre demeure une Première ministre qui, elle, a eu le courage de se présenter aux urnes", a déclaré au micro de France Inter Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement. 

Elisabeth Borne le 19 juin 2022.

Un nouveau gouvernement sera nommé "dans les prochains jours". "Compte tenu de l'urgence à agir et de la détermination du président de la République et de la Première ministre, on parle ici en jours plutôt qu'en semaines", a-t-elle indiqué.

Plusieurs voix se sont déjà faite entendre pour appelé à la démission de la Première ministre. Dès dimanche soir, le député LFI Eric Coquerel a estimé que Mme Borne ne pouvait plus "continuer à être Première ministre", et annoncé que l'opposition déposerait "une motion de censure" contre son gouvernement le 5 juillet. De l'autre côté de l'échiquier politique, Louis Aliot a estimé sur France Inter la première ministre «trop faible» pour «pouvoir rester». 

20.06.2022
10:05

Marine Le Pen va quitter la présidence du RN

Marine Le Pen a annoncé lundi depuis son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) qu'elle ne "reprendrait pas la tête" de son parti, le Rassemblement national, pour se consacrer à la présidence du futur groupe RN à l'Assemblée nationale.

"Je ne reprendrai pas la tête du RN. Je me concentrerai sur la présidence de ce très grand groupe", a déclaré la finaliste d'extrême droite à la présidentielle, qui s'est dit "surprise" par le nombre de députés RN - 89, un record - élus dimanche soir au second tour des législatives, alors qu'elle en espérait environ 60.

La présidente du parti d'extrême droite revendique également la présidence de la commission des Finances pour le RN. Ce poste "est dévolu depuis une quinzaine d'années au parti d'opposition majoritaire", a rappelé sur franceinfo le porte-parole du Rassemblement national Philippe Ballard . Or, "nous sommes le premier parti de France" et "le premier parti d'opposition, donc la commission des Finances nous revient", a-t-il estimé.

Disant "entendre la bataille" qui va s'ouvrir pour ce poste, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a souligné sur France Inter qu'il "doit aller constitutionnellement à un groupe d'opposition" et qu'"il n'y a pas de certitude quand on lit la Constitution".

Le poste crucial de président de la commission des Finances revient traditionnellement depuis 2007 au groupe d'opposition le plus important. Il était occupé sous la précédente législature par le député LR Eric Woerth - passé au printemps dans les rangs de la majorité macroniste.

20.06.2022
09:29

Le parti Les Républicains, faiseur de rois ? 

Les Républicains (LR), qui représentaient la deuxième force dans l'Assemblée sortante, conservent quelque 70 députés avec leurs alliés de l'UDI et des centristes, un chiffre quasi inespéré vu leur crash à la présidentielle. Leur position sera centrale dans l'Assemblée puisque le camp Macron aura besoin de voix pour atteindre la majorité absolue.

Le chef du parti Christian Jabob a affirmé que LR resterait "dans l'opposition" mais le maire LR de Meaux Jean-François Copé a appelé dimanche à un "pacte de gouvernement" avec Emmanuel Macron, estimant qu'"il appartient à la droite républicaine de sauver le pays". 

Christian Jacob, le 19 juin 2022.

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