Financement libyen de la présidentielle 2007 : Nicolas Sarkozy menacé d'un retentissant procès

Mouammar Kadhafi lors de sa visite à Nicolas Sarkozy en 2007
Mouammar Kadhafi lors de sa visite à Nicolas Sarkozy en 2007 Tous droits réservés Francois Mori/AP2007
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Par euronews avec agences
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Le parquet national financier a requis un procès contre l'ancien président français dans cette affaire tentaculaire. Nicolas Sarkozy est suspecté de corruption passive, d'association de malfaiteurs et de financement illégal de sa campagne.

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L'ancien président français Nicolas Sarkozy risque un nouveau procès : le parquet financier (PNF) a requis mercredi son renvoi devant le tribunal correctionnel, avec douze autres suspects, au terme de dix ans d'enquête dans l'affaire sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.

Un procès contre l'ex-président est donc demandé pour corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens.

Il revient désormais aux deux juges d'instruction chargés de ce dossier tentaculaire, ouvert depuis avril 2013, d'ordonner ou non un procès devant le tribunal correctionnel de Paris et, le cas échéant, pour quelles infractions.

Treize personnes ont été mises en examen au cours des dix années d'investigations menées par l'Office anticorruption (Oclciff) sous l'égide de magistrats financiers.

L'infraction d'association de malfaiteurs suggère que Nicolas Sarkozy a sciemment laissé ses proches collaborateurs, ses soutiens politiques et des intermédiaires "agir afin d'obtenir ou tenter d'obtenir" auprès du régime de Mouammar Kadhafi "des soutiens financiers en vue du financement de sa campagne électorale 2007", à raison de plusieurs millions d'euros.

Parmi les douze autres personnes pour lesquelles le PNF demande un procès figurent Claude Guéant, ancien bras-droit du chef de l'Etat et ex-ministre, Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle de 2007, et Brice Hortefeux, député européen, homme de confiance de Nicolas Sarkozy et ancien ministre.

Depuis le début cette tentaculaire affaire, Nicolas Sarkozy, de son côté, a toujours vigoureusement contesté les faits. Sa défense n'était pas joignable dans l'immédiat.

"Sur les 429 pages du réquisitoire, j'observe que la mise en cause de M. Guéant ne repose pas sur la moindre preuve, le moindre témoignage sérieux ni la moindre concordance d'indices", a réagi auprès de l'AFP Me Philippe Bouchez El Ghozi, avocat de M. Guéant.

Deux hommes d'affaires, le Franco-libanais Ziad Takieddine et le Franco-algérien Alexandre Djouhri, soupçonnés d'avoir servi d'intermédiaires, comptent également parmi les mis en cause.

"Où est l'argent ?"

Une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013 après des accusations de dignitaires libyens, de M. Takieddine et la publication par Mediapart, entre les deux tours de la présidentielle 2012, d'un document censé prouver que cette campagne avait bénéficié de fonds libyens.

Témoignages, notes des services secrets de Tripoli, accusations d'un intermédiaire, mouvements de fonds suspects... : les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne de l'ancien président ou son entourage auraient bénéficié de fonds libyens.

Mais le camp Sarkozy le conteste depuis le début et a multiplié les recours, en vain, pour obtenir l'annulation des poursuites.

"Vous n'avez ni les preuves de l'arrivée, ni les preuves de la sortie concernant l'argent (...) Où est l'argent ?", s'était défendu fin 2020 l'ex-chef de l'Etat, lors d'un interrogatoire.

"Je ne sais pas si ces millions ou milliards de Kadhafi ont existé, je n'en sais strictement rien mais comme trésorier de la campagne, je ne les ai jamais vus", déclarait dans les médias en 2017 Eric Woerth.

"Ce réquisitoire est le fruit d'une analyse fine et chirurgicale, à la hauteur des enjeux de cette procédure et des personnalités qu'elle met en cause" a pour sa part estimé Me Vincent Brengarth, avocat de l'association Sherpa. "Il ouvre la voie à un procès dont chacun devine qu'il sera historique".

Le dossier principal, clos en octobre 2022, s'est enrichi en 2021 d'un volet sur une possible tentative de subornation de Ziad Takieddine, qui a temporairement retiré fin 2020 ses accusations contre Nicolas Sarkozy.

Un autre volet porte sur une tentative de corruption de magistrats libanais pour obtenir la libération de Hannibal Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi incarcéré au Liban.

Nicolas Sarkozy connaîtra par ailleurs jeudi 17 mai la décision de la cour d'appel de Paris dans le dossier des "écoutes", qui lui a valu une condamnation en première instance à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.

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Il sera rejugé à partir de novembre prochain en appel dans l'affaire Bygmalion, qui lui a déjà valu un an de prison ferme en première instance.

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