Mort de Nahel: les autorités s'attendent "à une généralisation" des violences les nuits prochaines

Des individus brisent une vitre en marge de la marche blanche à Nanterre (29/06/23)
Des individus brisent une vitre en marge de la marche blanche à Nanterre (29/06/23) Tous droits réservés Michel Euler/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par Euronews avec AFP
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Le policier auteur du coup de feu a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire annonce le parquet.

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Les autorités s'attendent à "une généralisation" des violences les "prochaines nuits" après la mort d'un jeune de 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre près de Paris, selon une note des renseignements citée par une source policière.

Cette note, divulguée par plusieurs médias, est datée de jeudi, au lendemain d'une deuxième nuit de violences urbaines dans tout le pays à la suite de la mort de ce conducteur mineur, prénommé Nahel.

Il y est fait mention de "prochaines nuits" qui "vont être le théâtre de violence urbaine avec une tendance à la généralisation" ave_c "des actions ciblées sur les forces de l'ordre et les symboles de l'État ou de la puissance publique"_.

Marche blanche jeudi émaillée d'incidents

La marche en hommage au jeune homme de 17 ans tué mardi par un policier est partie de la cité Pablo Picasso, aux cris de "justice pour Nahel" et "plus jamais ça".

La mère de la victime, juchée sur une camionnette, portant un tee-shirt "Justice pour Nahel", a ouvert le défilé, qui a réuni 6 200 personnes selon une source policière.

Les manifestants sont arrivés sur la place Nelson Mandela, où Nahel est décédé mardi : ils ont observé une minute de silence sur les lieux du drame.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire

La marche s'est terminée dans la confusion avec des heurts, des échanges de tirs de gaz lacrymogène et de fusées d'artifice, quelques feux et du mobilier urbain détruit. Plusieurs voitures ont été incendiées.

Le parquet a annoncé cet après-midi la mise en examen du policier, âgé de 38 ans, pour homicide volontaire, et son placement en détention provisoire. Dans la matinée, le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache, avait annoncé qu'il serait présenté dans la journée à deux magistrats instructeurs.

"Le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme ne sont pas réunies", a souligné le magistrat lors d'une conférence de presse. Il a requis le placement en détention du policier, un choix rarissime dans ce genre d'affaire.

"Nous déplorons que le procureur occulte la possible complicité d'homicide volontaire du second policier et les possibles faux en écritures publiques résultant des déclarations mensongères initiales du tireur, qui avait formellement affirmé que le jeune Nahel avait tenté de lui foncer dessus avec le véhicule", a indiqué l'un des avocats de la famille, Me Yassine Bouzrou, dans un communiqué.

Une vidéo, authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers tenait Nahel en joue, puis a tiré à bout portant. Le jeune conducteur est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax.

Un des deux passagers du véhicule est toujours recherché.

Flambée de violences en Île-de-France

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé au préfet de police la suspension administrative du policier.

La mort de Nahel a été suivie d'une flambée de violences, notamment en Île-de-France, qui sont montées d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi : façades de mairies et autres édifices publics noircies par les flammes, nombreuses carcasses calcinées de voitures dans de nombreuses villes de France.

Emmanuel Macron a dénoncé "des scènes de violences" contre "les institutions et la République" qui sont "injustifiables".

Pour tenter d'éviter la réédition des émeutes de novembre 2005 dans les quartiers populaires, le président a convoqué dans la matinée une cellule interministérielle de crise.

Pour la seule nuit de mercredi à jeudi, 180 personnes ont été interpellées, 170 policiers et gendarmes blessés, et plusieurs bâtiments publics "incendiés ou attaqués", selon le ministère de l'Intérieur.

"Eviter toute escalade"

"J'appelle vraiment à un retour au calme, le plus rapidement possible", a plaidé Benoit Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse, où l'hôtel de ville a été incendié. La Première ministre Elisabeth Borne y a appelé à "éviter toute escalade".

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Des écoles ont également été visées, comme à Tourcoing, Evreux (Eure) ou encore Halluin (Nord), et des commissariats à Rouen, Elbeuf (Seine-Maritime) et Trappes (Yvelines) pour ne citer qu'eux. A Amiens, une médiathèque a été "complètement détruite" par le feu.

"Il faut que tout cela cesse", a déclaré le garde des Sceaux, qui s'est rendu à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), attaquée au mortier d'artifice par des personnes encagoulées. "Tous ceux qui de façon irresponsable (...) c_rachent sur la police et sur la justice sont aussi les complices moraux des exactions qui sont commises_", a par ailleurs critiqué Eric Dupond-Moretti.

A Nanterre, dans le quartier populaire Pablo-Picasso en particulier, les heurts ont duré jusqu'au milieu de la nuit, avec des jets de pavés, des cris "à mort les keufs!" et des tags "justice pour Nahel", auxquels les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène.

Dans le département de Seine-Saint-Denis voisin, des sources policières ont fait état de feux multiples de voitures et magasins, de pillages, de commissariats attaqués, de mairies dégradées, d'une médiathèque incendiée...

Des incidents ont été déplorés également dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine mais aussi ailleurs en France, à Lyon, Roubaix, Amiens et Nice, Dijon et Toulouse.

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Renforcement du déploiement policier

Le drame à l'origine de l'embrasement s'est produit à proximité de la station de RER Nanterre-Préfecture, lors d'un contrôle de police sur la voiture conduite par Nahel, mineur de 17 ans connu pour des refus d'obtempérer. Le précédent lui avait valu une présentation au parquet dimanche dernier, en vue d'une convocation en septembre prochain devant un tribunal pour enfants.

L'affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.

Le gouvernement a assuré que le déclenchement de l'état d'urgence, réclamé par certaines voix à droite, n'était "pas une option envisagée aujourd'hui".

"Je crois qu'on peut mobiliser énormément de moyens (...) sans qu'on ait besoin de recourir à des articles particuliers de la Constitution", a réagi Gérald Darmanin, qui annonce un déploiement sécuritaire plus important pour jeudi soir : 40 000 policiers et gendarmes mobilisés, dont 5 000 à Paris (contre 2 000 la nuit précédente).

Le gouvernement prévoit aussi un "changement de doctrine, plus offensive" dans la réponse aux émeutes, selon une source policière.

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