La justice de Palerme va-t-elle condamner le vice-président italien Matteo Salvini à six ans de prison? Le verdict est attendu ce vendredi. En 2019, il avait empêché un bateau de migrants de débarquer à Lampedusa.
C'est l'heure du jugement pour Matteo Salvini : après un procès fleuve qui aura duré trois années, les magistrats de Palerme, en Sicile, rendent ce vendredi leur verdict contre l'ancien ministre de l'Intérieur italien dans l'affaire Open Arms. Un verdict risqué pour l'actuel vice-premier ministre de Giorgia Meloni puisqu'il encourt une peine de six années d'emprisonnement.
Le ministre est accusé d'enlèvement durant l'exercice de ses fonctions après avoir empêché quelque 147 migrants secourus en Méditerranée par le navire affrété par une ONG espagnole de débarquer sur l'île de Lampedusa en 2019.
Le chef de la Ligue, un parti radical et anti-migrant, a déjà clairement indiqué qu'il ne démissionnerait pas s'il était reconnu coupable et a promis d'entrer dans la salle d'audience la"tête haute". Pour lui, défendre les frontières n’est pas un crime : "Si je suis condamné, dit-il, ce serait une défaite majeure pour l’Italie et l’Europe".
Au Parlement européen, le groupe d'extrême droite des Patriotes pour l’Europe a défendu les actions de Matteo Salvini, tandis qu'en Italie, les membres de la Ligue se disent prêts à descendre dans la rue si leur leader est condamné.
Simonetta Matone, députée de la Ligue au parlement italien, a exprimé l'espoir d'un acquittement mais a déclaré que, si Salvini était reconnu coupable, alors son parti utiliserait tous les moyens prévus par l'Etat de droit pour le défendre. La députée a ajouté que "les répercussions politiques en cas de condamnation seront également prises en considération".
L'ONG Open Arms, à l'origine du bras de fer avec le ministre italien, rejette, par la voix de son avocat, Me Arturo Salerni, les affirmations du chef de la Ligue selon lesquelles il défendait les frontières italiennes, ajoutant qu'en tant que ministre de l'Intérieur, Salvini avait aussi le devoir de protéger les droits humains des personnes à bord des navires de secours.
Le fondateur et directeur de l'ONG, Oscar Camps, sera d'ailleurs présent ce vendredi à l'annoncé du jugement. Open Arms affirme qu'à la suite de cette affaire, les opérations de secours en mer avaient subi un revers important. Cependant, ils rejettent les affirmations du ministre et de ses partisans selon lesquelles le procès serait "politiquement motivé".
Valentina Brinis, chargée de plaidoyer pour Open Arms, a déclaré à Euronews : "nous avons cherché la vérité pour comprendre ce qui s'est passé à l'époque, et nous sommes très satisfaits, grâce aux témoignages, et après toutes ces années, une vérité fondamentale est apparue : sauver des vies n'est pas un crime mais un devoir pour nous tous."
En cas de condamnation, le ministre disposera du droit de faire appel, un processus qui pourrait alors prendre des années avant qu'un verdict final ne soit rendu. La décision des juges porte également sur la question de savoir si les politiques de protection des frontières doivent primer sur les droits de l’Homme, une question très débattue à Bruxelles. La décision aura des implications significatives tant pour l’Italie que pour l’Europe.