Si un accord avec les États-Unis et le Royaume-Uni venait à être signé, il s'agirait du premier depuis le début de la guerre commerciale initiée par Donald Trump, début avril.
Washington s'apprête à signer, avec le Royaume-Uni, un premier accord commercial. Une annonce qui intervient plus d'un mois après l'annonce, par Donald Trump, du "Jour de la Libération", soit l'entrée en vigueur de droits de douane massifs sur des produits importés aux États-Unis.
Il s'agit d'un "accord complet et global qui cimentera les relations" entre les deux pays "pour de nombreuses années", a écrit le président républicain sur son compte Truth Social, sans rentrer dans les détails, ce jeudi 8 mai.
"En raison de notre longue histoire et de notre allégeance commune, c'est un grand honneur d'avoir le Royaume-Uni comme PREMIÈRE annonce", a-t-il également écrit, annonçant que de "nombreux autres accords, qui en sont à des stades de négociations, suivront". Il tiendra une conférence de presse ce jeudi à 16 h, heure française.
Si cet accord ne sera probablement pas un accord de libre-échange à part entière, il offrira un allègement tarifaire pour certains secteurs. Selon le Financial Times, il pourrait être signé dès cette semaine.
De son côté, Downing Street a indiqué que Keir Starmer s'exprimera "plus tard" pour faire un point sur ces négociations, précisant que "les États-Unis sont un allié indispensable".
Un accord davantage symbolique
Les négociateurs britanniques avaient à cœur de réduire ou de supprimer les taxes sur l'acier et les voitures importées, qui avaient été portées à 25 % par Donald Trump. Et pour cause, les États-Unis sont la principale destination des voitures du Royaume-Uni et représentent plus d'un quart des exportations automobiles britanniques en 2024, selon l'Office for National Statistics. Londres a également demandé des exemptions tarifaires pour les produits pharmaceutiques.
De son côté, Washington souhaite un meilleur accès aux produits agricoles britanniques.
Cependant, Keir Starmer se veut inflexible sur les normes alimentaires britanniques, qu'il ne compte pas baisser afin de permettre l'importation de poulet américain rincé au chlore ou de bœuf traité aux hormones.
Si un accord entre les deux pays constituerait un symbole important dans la guerre commerciale lancée par le président américain, sa porté pourrait être très limitée, prévient Allan Monks, analyste chez JP Morgan. En effet, les droits de douane américains pour le Royaume-Uni devraient malgré tout rester plus élevés qu'ils ne l'étaient avant le "Jour de la Libération". "L'avantage pour Londres sera faible", prévient encore Allan Monks, relayé par CNN.
La Grande-Bretagne plus conciliante
Cependant, la signature d'un accord entre les deux pays pourrait être considéré comme une validation de l'approche émolliente de Keir Starmer à l'égard de Donald Trump, qui a évité les confrontations ou les critiques directes. Contrairement à l'Union européenne, la Grande-Bretagne n'a pas annoncé de droits de douane sur les produits américains en réponse à l'augmentation des droits de douane.
L'année dernière, les États-Unis ont enregistré un excédent commercial de 11,9 milliards de dollars avec le Royaume-Uni, selon le Census Bureau. Cependant, les 68 milliards de dollars de marchandises que les États-Unis ont importés du Royaume-Uni l'année dernière ne représentaient que 2 % de l'ensemble des marchandises importées dans le pays.
Washington a été le premier partenaire commercial de la Grande-Bretagne l'année dernière, selon les statistiques du gouvernement, bien que la majeure partie des exportations britanniques vers les États-Unis soit constituée de services plutôt que de marchandises.
Course contre la montre
Outre le Royaume-Uni, les États-Unis négocient avec de nombreux pays, comme l'Inde, la Corée du Sud ou le Japon. Mais le compte à rebours est lancé, Donald Trump ayant annoncé une pause de 90 jours dans l'application des droits de douane, qui prendra fin vers la mi-juillet.
"Il sera difficile pour le représentant américain au commerce de négocier potentiellement 100 accords commerciaux distincts en 90 jours, ce qui signifie que le président Donald Trump doit rapidement déterminer si les droits de douane seront rétablis ou retardés davantage", a déclaré, à CNN, Jacob Jensen, analyste de la politique commerciale à l'American Action Forum.
Et même si des accords commerciaux venaient à être signés, rien ne garantit que Donald Trump respectera les termes. En effet, en instaurant, début avril, ces droits de douane, le président républicain avait déjà fait exploser certains accords commerciaux précédemment conclus avec ses alliés.