« L'enjeu de cette relation est bien trop important pour qu'elle en pâtisse », plaide le PDG de la Chambre de commerce américaine auprès de l'UE.
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Les droits de douane du président américain Donald Trump sont suspendus pendant 90 jours, mais alors que l'échéance se rapproche, l'Europe et les États-Unis peuvent-ils parvenir à un accord ?
En outre, s'ils ne le font pas et que les droits de douane reprennent, quelles pourraient être les conséquences pour l'économie européenne et l'économie américaine ?
« Il s'agit tout simplement du partenariat économique le plus important et le plus intégré au monde », a déclaré Malte Lohan, directeur général de la Chambre de commerce américaine auprès de l'UE, à The Big Question.
En fait, ces relations représentent 8000 milliards d'euros, soit l'équivalent des économies française et allemande réunies, et un tiers du PIB mondial.
Dans cet épisode de The Big Question, Angela Barnes, rédactrice économique d'Euronews, s'est entretenue avec Malte pour discuter des conséquences possibles d'une réintroduction des droits de douane et de ses espoirs concernant les relations économiques futures.
Pourquoi les relations économiques entre l'UE et les États-Unis sont-elles si importantes ?
La relation économique de 8000 milliards d'euros se compose de plusieurs éléments. 1700 milliards d'euros correspondent aux flux de marchandises, souvent perçus comme l'élément le plus important de la relation. Un pourcentage plus faible provient du commerce des services : services financiers, comptables, juridiques, touristiques et numériques.
Les investissements directs étrangers (IDE) jouent également un rôle important dans cette relation.
« Nous sommes l'un pour l'autre la plus grande source d'investissements directs étrangers : plus de 56 % des investissements directs américains sont destinés à l'Europe et une proportion similaire d'investissements directs européens est destinée aux États-Unis », a souligné Malte.
« Cependant, la majeure partie des relations économiques, et de loin, concerne les ventes des filiales européennes aux États-Unis et des filiales américaines en Europe.
Ainsi, lorsque nous évoquons les 8 000 milliards d'euros que représentent les relations transatlantiques, la majeure partie de cette valeur est générée par les ventes réalisées par nos filiales outre-Atlantique. »
Alors que l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie sont les principales exportatrices européennes vers les États-Unis, Malte a suggéré que l'impact de la réintroduction des droits de douane pourrait être particulièrement ressenti dans les poches industrielles plus localisées à travers l'Union.
« Regardez les écosystèmes qui se créent dans différentes parties de l'Europe grâce aux investissements américains et aux entreprises qui y opèrent.
Par exemple, nous avons un écosystème très fort autour du secteur pharmaceutique, ici même au sud de Bruxelles, en Belgique, et un très grand écosystème, bien sûr, en Irlande, que beaucoup connaissent aussi. Nous disposons d'un écosystème pour le secteur aérospatial dans le sud de la France.
Vous avez donc ce genre de grappes d'entreprises qui attirent également les universités locales et les chaînes d'approvisionnement locales qui emploient localement, et qui utilisent l'avantage concurrentiel des différentes parties de l'Europe de la manière la plus efficace possible. »
Quelles seront les conséquences de la réintroduction des droits de douane sur la compétitivité de l'Europe ?
À l'heure actuelle, l'incertitude qui entoure l'avenir des droits de douane nuit considérablement à l'innovation et à l'économie européennes. Malte craint également qu'une guerre tarifaire et contre-tarifaire ne s'étende à d'autres aspects des relations.
« Vous prévoyez d'investir plusieurs milliards d'euros dans votre chaîne d'approvisionnement, dans vos installations de production, et vous ne savez pas comment calculer le rendement de ces investissements parce que ce calcul change d'un jour à l'autre avec l'imposition d'un droit de douane ou d'une contre-mesure qui est ensuite supprimée », a expliqué Malte.
« Cela crée donc une importante inertie sur le marché, où les investissements sont freinés, tandis que d'autres régions du monde qui ne sont pas confrontées à un tel niveau d'incertitude peuvent accélérer leurs propres innovations et leurs propres investissements, et nous devrons alors rattraper notre retard. »
Il a également ajouté que l'interruption des chaînes d'approvisionnement pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs.
Quel est l'avenir des relations économiques entre l'UE et les États-Unis ?
« C'est la question à un million de dollars », a déclaré Malte à The Big Question.
« Au moins, ce que nous pouvons dire à ce stade, c'est qu'il existe un espace de dialogue. Maintenant, reste à savoir si ce dialogue sera en mesure, dans le peu de temps qui nous est imparti, d'aboutir à une conclusion, je pense que nous devons encore attendre. »
Malte a poursuivi en disant qu'il aimerait voir des discussions à plus long terme, en dehors de la pause de 90 jours, sur la façon dont les deux parties peuvent travailler ensemble pour générer des avantages mutuels à long terme.
« Il y a beaucoup trop d'enjeux dans cette relation pour la laisser se détériorer », a déclaré Malte.
Il a ajouté qu'il souhaitait également que l'UE donne la priorité aux progrès de l'Union des marchés de capitaux afin de l'aider à « prendre en charge sa croissance et sa compétitivité à long terme ».
The Big Question est une série d’Euronews Business dans laquelle nous nous entretenons avec des leaders et des experts de l’industrie pour échanger sur les sujets les plus importants de l’actualité.
Regardez la vidéo ci-dessus pour découvrir l'intégralité de la discussion avec la Chambre de commerce américaine auprès de l'UE.