Les industriels du secteur ferroviaire Alstom et Siemens sont obligés de renoncer à leur fusion. La Commission européenne a annoncé ce mercredi qu'elle s'y opposait. En France comme en Allemagne, l'amertume domine.
Berlin et Paris rêvaient de voir l'allemand Siemens et le français Alstom fusionner. Le but : créer un champion européen du ferroviaire face à la concurrence chinoise.
Mais Bruxelles a mis son veto à ce rêve franco-allemand, au nom de la concurrence interne au marché européen.
"Avec la fusion, le groupe serait devenu de loin le plus grand d'Europe et la concurrence n'aurait plus existé dans certains secteurs du marché, a martelé Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence. Il n'y a bien sûr aucun souci à être grand, ce n'est pas la question ici. Mais nous pensons que la concurrence des autres fournisseurs aurait été insuffisante pour compenser la perte considérable de concurrence due à la fusion."
Bombardier se réjouit du rejet
Cette annonce réjouit évidemment la concurrence comme le canadien Bombardier et irrite beaucoup les ministres de l'économie allemand et français.
"C'est une erreur économique"
"Je considère d'abord que c'est une erreur économique et que les critères qui ont été retenus par la commission européenne n'étaient pas les bons, a dénoncé Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, sur le plateau de Télématin. La commission européenne nous dit que le marché européen n'est pas ouvert au géant chinois. Je crois exactement le contraire. Je pense que d'ici très peu de temps nous verrons arriver le géant chinois, CRRC, en Europe."
Alstom a d'ores et déjà enterré le projet de fusion après le veto de Bruxelles. De son côté, Siemens n'exclut pas l'introduction en bourse de sa branche Mobility.
Le patron de Siemens a aussi appelé à une refonte "structurelle urgente" de la politique industrielle européenne face aux concurrents extra-européens : "Protéger les intérêts des clients localement ne signifie pas se priver d'être sur un pied d'égalité avec des pays leaders comme la Chine et les Etats-Unis", a déclaré Joe Kaeser dans un communiqué.
Une proposition à laquelle souscrivent Bruno Le Maire et son homologue allemand, Peter Altmaier. Les gouvernements des deux pays demandent de leurs vœux une réforme du droit de la concurrence en Europe, qu'ils estiment obsolète et inadapté au contexte de déferlante industrielle chinoise.