Thyssenkrupp mène une restructuration afin de redresser ses finances, mises à mal par des coûts de l’énergie élevés et une concurrence à bas prix.
Le fabricant allemand Thyssenkrupp a vu son cours de Bourse reculer mardi, après avoir indiqué s’attendre à une lourde perte pour l’exercice en cours.
Vers 13 h 30 à Francfort, le titre perdait 8,85 %, effaçant une partie des replis plus marqués observés plus tôt dans la journée.
Le sidérurgiste et groupe d’ingénierie dit s’attendre à un flux de trésorerie disponible négatif compris entre 300 et 600 millions d’euros sur l’exercice qui s’achève le 30 septembre 2026. Hors fusions-acquisitions.
Thyssenkrupp a également indiqué prévoir une perte comprise entre 400 et 800 millions d’euros sur l’exercice en cours.
« Notre prévision tient compte de conditions de marché durablement difficiles ainsi que des mesures d’efficacité et de restructuration mises en œuvre dans nos segments », a déclaré Dr Axel Hamann, le directeur financier de Thyssenkrupp.
« La mise en œuvre résolue de nos programmes d’efficacité et de réduction des coûts dans tous les segments est cruciale pour l’évolution de nos résultats. »
Hamann a ajouté que l’entreprise avait atteint ses objectifs financiers pour l’exercice qui vient de s’achever, malgré des conditions de marché difficiles.
Sur cette période, Thyssenkrupp a dégagé un flux de trésorerie disponible positif de 363 millions d’euros, nettement au-dessus de la perte de 110 millions enregistrée l’année précédente. Le chiffre d’affaires s’est établi à 32,8 milliards d’euros, conforme aux attentes mais en recul de 6 % sur un an.
Dans l’année à venir, Thyssenkrupp anticipe des coûts de restructuration de 350 millions d’euros, afin de renforcer sa rentabilité à long terme.
La semaine dernière, la division acier de Thyssenkrupp a indiqué qu’elle allait commencer à mettre en œuvre des suppressions d’emplois après avoir conclu un accord attendu de longue date avec les syndicats. Aux termes de l’accord, l’entreprise supprimera 11 000 postes dans ses aciéries, soit 40 % des effectifs. La production d’acier sera réduite d’un maximum de 2,8 millions de tonnes, soit une baisse d’environ 25 %.
Thyssenkrupp est devenu le symbole d’une industrie manufacturière allemande en difficulté, frappée par la flambée des prix de l’énergie en Europe et par la concurrence de rivaux asiatiques moins chers. Une demande atone, liée à la faible croissance post-pandémique en Europe, a également rogné les marges, les constructeurs automobiles réduisant notamment leurs achats d’acier et de pièces automobiles.
Ancien poids lourd aux activités allant de l’ingénierie aux ascenseurs et à la défense, Thyssenkrupp cherche désormais à scinder ses branches en difficulté en entreprises distinctes.
Le groupe indien Jindal Steel envisage actuellement de reprendre la division acier de Thyssenkrupp, en remplacement du candidat Daniel Křetínský, milliardaire tchèque qui s’est retiré d’un accord potentiel plus tôt cette année. Křetínský a restitué la participation de 20 % dans la division acier qu’il avait déjà acquise et a renoncé à porter sa part à 50 %. Une priorité clé pour la division acier est la décarbonation, Thyssenkrupp investissant déjà dans des méthodes de production bas carbone.
Thyssenkrupp est également parvenu plus tôt cette année à se séparer de sa division navale TKMS, en l’introduisant à la Bourse de Francfort.