La série britannique de Netflix sera montrée aux élèves dans un but pédagogique, a expliqué la ministre française de l'Éducation, Élisabeth Borne.
Après la décision du Royaume-Uni de diffuser la série Adolescence au sein des écoles du niveau secondaire, la France suit le mouvement. La ministre française de l'Éducation, Élisabeth Borne, a déclaré hier que la fiction à succès de Netflix serverait d'outil pédagogique dans les établissements.
Dans une interview accordée à la chaîne d'information LCI, la responsable politique a expliqué que le producteur de la série avait "donné les droits" au ministère de l'Éducation nationale et allait donc "proposer cinq séquences éducatives pour les jeunes à partir de cette série".
Ces extraits, déjà diffusés dans des écoles britanniques pour susciter le débat et tenter "d'éviter que de jeunes garçons ne soient entraînés dans un tourbillon de haine et de misogynie", sont "très représentatifs de la violence qui peut exister chez les jeunes", selon la ministre de l'Éducation.
L'objectif est de sensibiliser au problème de la "surexposition aux écrans et de la banalisation de la violence sur ces réseaux sociaux", ainsi qu'à la propagation des théories masculinistes et de la misogynie, selon Élisabeth Borne.
La série met en scène un père confronté à une situation extrêmement difficile : son fils de 13 ans est soupçonné du meurtre d’un camarade de classe.
Au-delà de la justesse du jeu des acteurs, la série a fait l'effet d'un signal d'alarme culturel, suscitant un débat plus large sur la masculinité toxique et l'influence des contenus en ligne promouvant la misogynie et des modèles de masculinité ultra-conservateurs.
Lorsqu'il a été confirmé que Netflix mettrait la série à la disposition de toutes les écoles secondaires du Royaume-Uni, l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a écrit une tribune dans le Daily Mail pour dire qu'il ne voyait pas l'intérêt de cette initiative et qu'il qualifiait la série de "foutaise".
"En faisant cette annonce avec toute l'autorité d'un premier ministre, dans la solennité ancestrale de la salle du cabinet, Keir Starmer a parfaitement résumé la flatulence fondamentale du gouvernement, et son mélange émétique de fumisterie et de wokisme" a-il déclaré.
Comme on pouvait s'y attendre, l'ancien Premier ministre a également introduit la question de la race dans son argumentation, affirmant que "contrairement au couple d'adolescents de ce drame, les victimes et les auteurs sont, de manière disproportionnée, de jeunes hommes noirs".
Le co-créateur de la série, Jack Thorne, s'est déjà prononcé sur cette théorie en déclarant : "Il est absurde de dire que [les crimes au couteau] ne sont commis que par des garçons noirs. Ce n'est pas vrai et l'histoire montre de nombreux cas d'enfants de toutes les races qui ont commis ces crimes". Thorne a également déclaré que l'objectif de l'émission n'était pas de "parler la race" mais de discuter de "la masculinité".
"Nous essayons d'aborder un problème de l'intérieur", a-t-il ajouté. "Nous ne disons pas qu'il s'agit d'une chose ou d'une autre, nous disons qu'il s'agit de garçons."
La décision de diffuser la série dans les écoles françaises a été prise après que Laëtitia Curetti, qui a un fils de 13 ans, a écrit à Borne et lancé une pétition en ligne pour que la série soit diffusée dans les écoles secondaires de toute la France. Laëtitia Curetti a déclaré qu'elle pensait que la série pourrait être un "excellent outil pédagogique" pour sensibiliser aux dangers des réseaux sociaux, du sexisme, du harcèlement et de la violence à l'école.
Le débat sur la criminalité au couteau s'est intensifié depuis le succès de la série en France. Il s'est encore amplifié après qu'un jeune de 16 ans a poignardé à mort un lycéen et blessé trois autres de ses camarades au lycée Notre-Dame de Toutes Aides à Nantes le 24 avril.
"Mes pensées vont d'abord à l'adolescente qui a perdu la vie, aux trois élèves qui ont été blessés, et je veux exprimer tout mon soutien et ma solidarité à ces victimes, à leurs familles et à leurs proches", avait alors déclaré Élisabeth Borne, avant de rendre hommage au "personnel de l'établissement qui est intervenu et a neutralisé l'agresseur".
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a parlé d'une "tragédie qui nous bouleverse". Il s'est dit "consterné" et "choqué" par "la violence qui s'est déchaînée", avant d'ajouter que ce tragique incident n'était "pas un simple fait divers mais un enjeu de société".