Ce qui attend Stoltenberg à la tête de l'OTAN

Ce qui attend Stoltenberg à la tête de l'OTAN
Par Euronews
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Quels sont les défis auxquels Jens Stoltenberg devra faire face ? Nous avons posé la question à Julian Lindley-French, chercheur à l’Institute for Statecraft.

euronews : “ Comment est-ce que Mr Stoltenberg va convaincre les pays européens de dépenser plus dans la défense alors qu’ils gèrent encore la crise ?

Julian Lindley-French : “ La crise de la zone euro, nous ne la gérons pas vraiment, nous la finançons plutôt, parce qu’aucune des réformes structurelles nécessaires pour résoudre cette crise n’a été menée dans de nombreux pays européens. Nous attendons simplement la croissance comme on attend Godot. Dans ce contexte, les budgets de la défense sont une cible facile. Ce que l’on a vu ces quatre dernières années, c’est que les budgets de la défense ont été kidnappés pour maintenir les systèmes d’Etat providence, de santé, d‘éducation en pleine austérité. Donc ce que Stoltenberg a à faire, c’est présenter les faits comme ils sont, le monde dans lequel les Européens vivent et le déclin américain. L‘âge d’or de la prédominance américaine est terminé. Et puis il y a un autre facteur. Les Américains vont devenir auto-suffisants en énergie dans quelques années. Etant donné le changement de génération sur la colline du capitole, au Congrès, il vaut mieux oublier l’idée que ces gens accepteront toujours de financer la sécurité européenne en utilisant la puissance militaire américaine comme bouclier pour l’Europe. Les Européens doivent comprendre qu’ils vont devoir se défendre eux-mêmes, avec les Américains, mais ils devront faire beaucoup plus que justifier l’investissement américain envers eux. “

euronews : “ Quelle devrait être la stratégie à long-terme envers la Russie ? “

Julian Lindley-French : “ D’un côté, il faut garder la communication ouverte pour bâtir la confiance et maintenir le lien. Mais en même temps, nous devons signaler à la Russie, à travers l’OTAN, que quoi qu’ils dépensent pour leur défense – et souvenez-vous qu’ils consacrent 700 milliards de dollars à la modernisation de leurs forces armées d’ici 2020, ce qui représente 20% de l’investissement public dans la défense – quoi qu’ils dépensent, nous dépenserons toujours plus et le dépenserons mieux au sein de l’alliance. On peut faire savoir cela à Moscou et souligner ainsi que l’investissement dans la défense à un tel niveau appauvrit la Russie au fil du temps, constitue une perte d’argent et menace la Russie elle-même bien plus que l’OTAN ne menace la Russie. En réalité, l’OTAN ne menace pas la Russie mais c’est ce qu’on entend à Moscou. Donc maintenir ouverte la communication, mais avec l’engagement ferme de faire en sorte que les alliés de l’OTAN demeurent la puissance militaire dominante sur le continent européen. “

euronews: “ Quel rôle devrait jouer l’OTAN dans la lutte contre le groupe Etat islamique ? “

Julian Lindley-French: “ Eh bien, l’OTAN ne va pas jouer de rôle direct. C’est une coalition emmenée par les Etats-Unis et on y voit une leçon des opérations en Afghanistan. Il y a bien une émergence des coalitions dirigées par les Etats-Unis en dehors du cadre de l’OTAN. Mais l’essentiel pour l’Alliance, c’est qu’elle est aujourd’hui tout autant un générateur de coalition qu’une alliance militaire. Il y a des normes d’inter-opérabilité entre ses membres et ses partenaires pour que lorsqu’une coalition est créée, les forces armées de l’Alliance puissent agir beaucoup plus efficacement que n’importe quel autre groupe de Nations. Donc l’OTAN a clairement un rôle à jouer dans la planification et la logistique mais pas sur le plan politique dans ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient. “

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