La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, symbolise la continuité du lien entre les Etats-Unis et l’UE sur les grands dossiers stratégiques. Toutefois, ce partenariat pourrait connaître des changements.
Sur le papier, Kamala Harris est la candidate idéale, pour les Européens, pour succéder à Joe Biden à la Maison Blanche. La vice-présidente américaine apparaît comme un gage de continuité du partenariat transatlantique.
La candidate démocrate et vice-présidente des Etats-Unis semble inscrire sa politique extérieure dans les pas de l'actuel président américain.
"Globalement, on peut penser qu'au niveau européen, au niveau multilatéral, au niveau de la politique étrangère globale, ce sera la continuité de ce qu'a fait jusqu'ici" Joe Biden, estime Serge Jaumain, professeur à l’Université libre de Bruxelles.
Le premier dossier international pour Kamala Harris concerne le soutien à l'Ukraine et la sécurité de l'Europe.
"L'essentiel est que, sous une administration Harris-Walz (Tim Walz colistier de Kamala Harris), elle traite ces questions en tant qu'alliée et partenaire de ses homologues européens", explique Bart Szewczyk, analyste au German Marshall Fund.
"Les questions essentielles qui constituent en quelque sorte notre défi commun, à savoir affronter la Russie et aider l'Ukraine à l'emporter, et d'abord et avant tout, encore une fois, assurer la continuité des livraisons d'armes à l'Ukraine, poursuivre l'aide financière à l'Ukraine, c'est la priorité numéro un, deux et trois".
Toutefois, le soutien transatlantique à l'Ukraine pourrait évoluer. Kamala Harris pourrait appeler les Européens à prendre une part plus importante de l'aide à Kyiv.
L’obstacle commercial
Les questions commerciales pourraient en revanche se révéler plus épineuses. Kamala Harris pourrait être tentée de faire pression sur l'UE afin de mener de concert une politique plus sévère à l'encontre de Pékin. Elle pourrait maintenir l’effort américain pour convaincre les 27 à ne pas exporter de technologies de pointe vers la Chine ou à mettre en place des droits de douane plus élevés sur les produits chinois.
Ces difficultés pourraient se retrouver d’ailleurs entre les deux partenaires. Les Etats-Unis et l’Union devront trouver une solution sur l'acier et l'aluminium européens. Les droits de douane supplémentaires imposés par Donald Trump en 2018 sont pour le moment suspendus mais sans solution pérenne.
"La pause se poursuivra sous l'administration Harris-Walz et les négociateurs s'efforceront de trouver une solution à cet ensemble particulier de problèmes. Mais dans l'ensemble, la politique commerciale et l'établissement de relations commerciales constructives avec les alliés et les partenaires se poursuivront", estime Bart Szewczyk.
Mais au-delà de ces dossiers stratégiques et commerciaux, les 27 doivent en fait se préparer à une modification des relations avec les Etats-Unis.
"Il y a une évolution aujourd'hui aux Etats-Unis, de plus en plus isolationnistes, de plus en plus attentifs à défendre les intérêts stricto sensu des Américains, quelles que soient les conséquences. Et il y a aussi une volonté sur la scène internationale de se retirer progressivement d'un certain nombre de dossiers internationaux pour se concentrer d'abord sur les Etats-Unis", constate Serge Jaumain.
Kamala Harris n'a pas l'expérience internationale de Joe Biden. Pour beaucoup il faudra donc étudier de près son éventuelle équipe de conseillers pour déterminer avec davantage de précision sa politique extérieure.