Des figures de proue de la droite conservatrice européenne se sont également exprimées, critiquant les autorités allemandes pour ne pas avoir pris de mesures préventives plus énergiques.
Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti politique allemand d'extrême droite et anti-immigration, appelle à un grand rassemblement à la suite de l'attentat perpétré sur un marché de Noël à Magdebourg, qui a fait plusieurs morts et des centaines de blessés.
Lors de la commémoration des victimes, Tino Chrupalla, codirigeant de l'AfD, a demandé à la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, de prendre des mesures plus énergiques pour garantir la sécurité des Allemands.
"J'exige maintenant des réponses de la part de la ministre de l'Intérieur : que se passe-t-il réellement dans ce pays ? Nous subissons cela semaine après semaine, nous supportons les attaques, nous supportons les meurtres de nos propres concitoyens. Il faut tirer les choses au clair maintenant, et ces phrases de politiciens disant que les choses ne peuvent pas continuer comme ça, que j'ai encore entendues aujourd'hui, sont vraiment bouleversantes", a déclaré M. Chrupalla à la presse sur le site du drame.
Les experts craignent à présent que les groupes d'extrême droite n'exploitent cette tragédie pour alimenter leur rhétorique anti-immigration, après que la police a identifié l'agresseur comme étant un médecin originaire d'Arabie saoudite (même s'il se déclarait critique de l'islam et partisan de l'AfD, en critiquant les autorités allemandes pour leur laxisme supposé envers "les djihadistes").
"Magdebourg se trouve dans l'est de l'Allemagne, où le soutien à l'AfD est assez élevé. Lors des élections, ils obtiennent généralement plus d'un tiers des voix dans la région. Ils obtiennent donc environ 30 % des voix dans la ville, mais pas autant que dans les zones rurales environnantes", explique Matthias Quent, professeur de sociologie à l'université des sciences appliquées de Magdebourg-Stendal.
"La région en général, l'Allemagne de l'Est, est un foyer de mobilisation de l'extrême droite. Et nous sommes confrontés à des campagnes électorales jusqu'aux élections fédérales de février. Il ne s'agit donc pas seulement d'une période critique en raison de Noël et de la confiance érodée par une telle attaque, mais aussi en raison de tout ce qui concerne les questions de désinformation, de polarisation et de propagation de la haine qui se produiront et pourraient se produire à la suite de ce type d'attaques".
D'éminentes personnalités de droite en Europe se sont également exprimées, critiquant les autorités allemandes pour ne pas avoir pris de mesures préventives plus fortes.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a établi un lien direct entre l'immigration et l'attentat meurtrier de vendredi en Allemagne, déclarant lors d'une conférence de presse samedi que "ces phénomènes n'existent en Europe que depuis le début de la crise migratoire. Il ne fait donc aucun doute qu'il existe un lien entre l'évolution du monde en Europe occidentale, l'immigration qui y afflue, en particulier l'immigration clandestine, et les actes terroristes".
Toutefois, M. Quent explique que ce cas particulier devient plus complexe au fur et à mesure que de nouveaux détails apparaissent sur les antécédents de l'agresseur.
Les enquêteurs ont découvert que l'auteur avait tenté d'établir des liens avec des organisations d'extrême droite en Allemagne et au Royaume-Uni, notamment avec le parti d'extrême droite allemand AfD ainsi qu'avec Tommy Robinson, le fondateur du parti d'extrême droite English Defence League.
"C'est donc une affaire très complexe à laquelle nous sommes confrontés. Et il ne s'agit pas d'un attentat islamiste. Il s'agit plutôt d'une sorte d'anti-islam. Cela ressemble plus à des attentats d'extrême droite qu'à tout autre attentat, si l'on veut trouver un contexte sur le radar politique", explique M. Quent.
Identifié par les médias locaux comme Taleb A., 50 ans, spécialiste en psychiatrie et psychothérapie, les autorités ont déclaré qu'il vivait en Allemagne depuis deux décennies.
Le compte X de Taleb est rempli de tweets et de retweets axés sur des thèmes anti-islam et des critiques de la religion, tout en partageant des notes de félicitations aux musulmans qui ont quitté la foi.
Il se décrit également comme un ancien musulman.
Il a critiqué les autorités allemandes, estimant qu'elles n'avaient pas fait assez pour combattre "l'islamisme de l'Europe".