La ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne estime que l'UE devrait sanctionner Israël pour ses violations à Gaza et en Cisjordanie occupée, conformément aux règles et aux valeurs de l'UE.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne (AP), Varsen Aghabekian, a qualifié de "choquant et décevant" le refus de l'Union européenne d'agir contre Israël pour les violations commises à Gaza et en Cisjordanie occupée.
L'Autorité palestinienne gouverne la Cisjordanie occupe, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.
Mardi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une quelconque mesure à prendre à l'encontre de l'État hébreu, malgré un rapport de l'UE montrant qu'Israël enfreint l'article 2 de l'accord d'association entre Israël et l'UE, qui souligne que les droits de l'homme et les principes démocratiques doivent être respectés.
C'est "choquant et décevant, parce que tout est clair comme de l'eau de roche. 38 violations ont été signalées dans ce rapport. Et il s'agit d'un rapport de l'UE", a déclaré Varsen Aghabekian à Euronews lors d'une interview exclusive.
"Ces violations se sont déroulées sous les yeux de tout le monde. Le monde entier a vu ce qui se passe à Gaza. Les tueries. Les atrocités, les crimes de guerre, la militarisation de la nourriture, l'assassinat de personnes faisant la queue pour obtenir un paquet de farine", a-t-elle déclaré.
L'UE et ses États membres sont les principaux donateurs d'aide humanitaire et d'aide au développement pour les Palestiniens, mais en raison de divisions historiques, ils sont incapables de forger une politique étrangère commune.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l'UE, a présenté aux ministres un éventail de dix options à appliquer en tant que sanctions potentielles à l'encontre d'Israël en réponse à ces infractions.
Parmi ces options, figurent la suspension de l'accès d'Israël au programme de recherche Horizon Europe de l'UE, des mesures commerciales limitées, un embargo sur les armes ou des sanctions à l'encontre des membres extrémistes du gouvernement israélien, tels que le ministre de la Sécurité Itamar Ben-Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich.
Ces deux derniers ont été sanctionnés par le Royaume-Uni, la Norvège, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie pour "incitations répétées à la violence contre les communautés palestiniennes en Cisjordanie occupée".
Il était pourtant prévisible qu'aucune mesure ne serait adoptée, car la plupart des décisions requièrent l'unanimité de tous les États membres, et l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie et la République tchèque s'y opposent.
Pour les décisions qui requièrent un vote à la majorité qualifiée, l'Allemagne ou l'Italie - les pays les plus peuplés - doivent les soutenir et aucun des deux n'était disposé à le faire.
La semaine dernière, l'UE a conclu un accord avec Israël pour qu'il augmente "substantiellement" le nombre de camions d'aide humanitaire, y compris de produits alimentaires et médicaux, entrant dans la bande de Gaza.
Kaja Kallas a déclaré mardi que si le nombre de camions entrant à Gaza s'était quelque peu amélioré, la situation restait "catastrophique".
Dans les jours qui ont suivi l'accord, des dizaines de civils palestiniens, dont de nombreux enfants, ont été tués en tentant d'accéder à l'aide. Dimanche, Israël a reconnu une "erreur technique" après la mort de dix personnes, dont six enfants, dans un centre de distribution d'eau du camp de réfugiés de Nuseirat.
"J'espère que l'UE mettra en place des mesures de contrôle très strictes pour vérifier le respect de l'accord, car si nous regardons la semaine dernière, depuis que l'accord a été conclu, nous voyons de plus en plus de personnes tuées", a déclaré la ministre des Affaires étrangères.
"Nous voyons des personnes tuées aux points d'attente. Nous voyons des enfants brutalement assassinés alors qu'ils sont dans des tentes. En attente de soins médicaux dans une autre tente", dénonce Varsen Aghabekian.
"Il y a des rapports contradictoires à ce sujet. Quoi qu'il en soit, ce qui est offert à Gaza ne répond pas aux besoins des Gazaouis", a-t-elle déclaré.
Shahin Aghabekian a déclaré qu'il y avait autrefois 300 points de distribution de nourriture et d'aide, alors qu'il n'y en a plus que quatre aujourd'hui.
"Cela fonctionnait parce que les organisations internationales distribuaient l'aide, et elles avaient environ 300 points de distribution. Aujourd'hui, nous avons quatre points de distribution", a-t-elle déclaré à Euronews.
Dans sa dernière mise à jour humanitaire du 9 juillet, l'ONU a estimé qu'un tiers des habitants de Gaza passaient des journées entières sans manger et que davantage de personnes risquaient de mourir de faim. Les services de santé sont confrontés à une fermeture imminente en raison d'un manque de carburant.