Présidentielle en Afghanistan : l'enjeu de la sécurité

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Par Euronews
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Les Afghans sont appelés aux urnes ce samedi pour le second tour de l‘élection présidentielle. Un scrutin sous tension après les menaces répétées des talibans. Des menaces qui n’avaient toutefois pas perturbé le premier tour, il y a un mois, puisque le taux de participation avait atteint un niveau record. À la veille du scrutin, euronews a rencontré Mohammad Omar Daudtai, le ministre de l’Intérieur.

Maria Sarsalari, euronews : Le premier tour des élections s’est déroulé avec succès, en partie grâce au ministère de l’Intérieur qui a su assurer la sécurité. Pensez-vous que le second tour va se passer de la même manière ? Des mesures supplémentaires ont-elles été prises pour que les élections soient mieux organisées ?

Mohammad Omar Daudzai : Le premier tour des élections a été une grande victoire pour tout le peuple d’Afghanistan et en particulier pour les forces de sécurité afghanes qui ont assuré, héroïquement, la sécurité du scrutin. C‘était aussi une victoire pour la communauté internationale. L‘élection a montré que les douze années d’efforts de la communauté internationale pour l’Afghanistan n’ont pas été vaines. J’espère que l’expérience du premier tour va permettre que ces élections aient lieu dans une atmosphère sereine et sécurisée.

euronews : Il a été question de mettre en place de nouveaux centres de vote pour éviter que les problèmes du premier tour ne se reproduisent. De telles mesures ont-elles été prises ?

Mohammad Omar Daudzai : Eh bien, selon la Commission électorale, le nombre de sites électoraux reste le même, mais le nombre de bureaux de votes a augmenté. Le dispositif de sécurité ne sera pas très différent, il y aura simplement plus d’officiers de police à l’entrée des bureaux de vote pour assurer la sécurité.

euronews : Concernant les forces de police nationale, vous êtes particulièrement investi dans leur formation. Où en est-on ?

Mohammad Omar Daudzai : Pour qu’elle puisse revenir à sa mission principale, en l’occurrence la lutte contre la criminalité et l’application de la loi, notre force de police a besoin d’une formation. Cette formation se déroule, dans de très bonnes conditions, en Afghanistan ainsi qu‘à l‘étranger. Il y a, ici en Afghanistan, une académie de police. Il y a des centres de formation de police dans les provinces et des académies militaires. A Kaboul, il y a le commandement central des forces de sécurité, la première académie de police pour femmes ouvrira ses portes dans la province de Bamiyan, avec l’aide d’Europol.

euronews : Concernant le recrutement de milliers de femmes officiers de police pour les élections, y-a-t-il une vision, une volonté claire d’intensifier la présence féminine ou s’agit-il uniquement de la volonté du ministère de l’Intérieur ?

Mohammad Omar Daudzai : L’une des trois grandes priorités que je me suis fixées quand je suis entré en fonction il y a huit mois, a été d’augmenter le nombre de femmes au ministère, à différents niveaux. Par exemple, pour la première fois, le commandant du district numéro un à Kaboul est une femme. Le commandant adjoint chargé de la sécurité à l’aéroport de Kaboul est une femme. Et nous envisageons aussi d’augmenter le nombre de femmes à tous les niveaux du ministère.

euronews: Parlons des frontières orientales de l’Afghanistan, qui subissent toujours des tirs de roquettes en provenance du Pakistan, en particulier la province de Kunar. Les autorités afghanes ont répondu avec fermeté. Quelle est la situation ?

Mohammad Omar Daudzai : Ces attaques peuvent s’expliquer par le fait que les discussions trilatérales entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Otan vont se terminer en 2014. Les Pakistanais veulent le remplacer par un processus bilatéral. Il est possible qu’ils essayent de mettre la pression sur l’Afghanistan et que ces attaques leur servent de levier à la table des négociations. Nous refusons toutes sortes de tensions. Nous voulons vivre dans la paix et la réconciliation avec nos voisins, et nous attendons d’eux qu’ils nous traitent avec la même bonne volonté.

euronews : Pourquoi l’Afghanistan a-t-il reporté la signature du pacte de sécurité avec les États-Unis ?

Mohammad Omar Daudzai : Parce que les États-Unis n’ont pas su mettre suffisamment de pression sur le Pakistan pour conduire les dirigeants talibans à la table des négociations. C’est pour cette raison que le président afghan a dit : ‘‘laissons le prochain président signer le pacte de sécurité.’‘ Mais les deux candidats à la présidentielle ont promis que, s’ils sont élus, ils signeraient le pacte au cours de la première semaine de leur mandat, et je suis certain que les États-Unis, l’Occident et les Européens n’auront plus à se préoccuper de cela.

euronews : Wikileaks a révélé que toutes les conversations téléphoniques des citoyens afghans ont été enregistrées par les États-Unis. On a entendu la réaction négative du gouvernement afghan à ce propos. Avez-vous obtenu une réponse officielle des autorités américaines ?

Mohammad Omar Daudzai : Les Américains doivent apporter des éclaircissements. Le peuple d’Afghanistan a été déçu d’apprendre que toutes ses conversations téléphoniques ont été surveillées. C’est contraire à la Constitution de l’Afghanistan.

euronews : Les trois-quarts de l’opium mondial proviennent d’Afghanistan, ce qui préoccupe la communauté internationale. Qu’a-t-il été fait pour remplacer ce commerce qui est, presque devenu un commerce mondial ? Y-a-t-il un espoir ?

Mohammd Omar Daudzai : C’est une situation très difficile pour le peuple d’Afghanistan qui est un cultivateur de pavot. Le terrorisme et l’opium s’aident mutuellement. Le bénéfice va aux talibans, il les rend riches, il enrichit le terrorisme. Nous pensons que ce problème sera résolu quand il y aura une paix durable et nationale en Afghanistan.

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