Centrafrique : une violence à fleur de peau

Centrafrique : une violence à fleur de peau
Par Euronews
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Thierry Dumont est chef de mission pour la branche suisse de l'ong Médecins Sans Frontières en République Centrafricaine.A ses yeux, la RCA reste une poudrière si le processus de désarmement et

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“Les explosions ont eu lieu parce qu’à un moment les Seleka sont descendus du nord comme les hordes Gengis Khan, ont fondu sur Bangui, et au passage ont détruit, volé, pillé, massacré, torturé. Et une fois qu’ils se sont installés au pouvoir à Bangui, ce n’était pas très paisible pour la population des quartiers de Bangui. Ils se sont malheureusement comportés en seigneurs de guerre ayant tous les droits sur une population asservie.
Après, quand les anti Balaka sont arrivés, ils n’ont pas su, pas pu, pas voulu s’arrêter également. Et ils étaient aussi un peu livrés à eux-mêmes. Aujourd’hui il y a très peu de coordination chez les anti Balaka, et ils sont un peu partout dans le pays.

Tout à l’heure on parlait de DDR, un des outils qui pourrait faciliter les choses, c’est de mettre en place ce DDR: désarmer ces gens, les démobiliser, les réintégrer dans la vie active, la vie civile.

Mais malheureusement, d’une manière générale les DDR sont toujours des processus difficiles à mettre en place, et plus particulièrement dans un pays où l’économie est complètement moribonde. Comment réintégrer les gens dans un pays où léconomie ne fonctionne pas. C’est pratiquement impossible. Donc il faudra être très imaginatif, et cela prendra certainement beaucoup de temps

La violence sort très vite, elle est à fleur de peau. Parfois il suffirait de pas grand-chose pour que un père de famille puisse se transformer en tueur. Et il aurait peut-être ses raisons, bonnes ou mauvaises, il ne m’appartient pas de le juger. Je crois que cela va être vraiment un long, long chemin avant que les deux communautés arrivent à vivre en paix. Ce qui s’est passé, c’est que, dans des villages par exemple, à l’arrivée des Seleka, les deux communautés vivaient en parfaite harmonie. Quand les Seleka sont arrivés, la partie de la communauté musulmane ne s’est pas forcément interposée entre ses amis d’enfance et les Seleka. Cela a crée un certain ressentiment assez naturel par la suite . Certains ne se sont pas interposés, d’autres ont profité de la situation pour développer leurs affaires. Et les troisièmes se sont carrément rangés du côté des vainqueurs. Ce qui fait qu’après, la population, même si en face d’elle elle n’a plus de combattants, mais des enfants, des femmes ou des vieillards, en veut toujours à cette partie de leur communauté. Puisqu’ils forment une communauté. Ils en veulent toujours à cette partie de la communauté qui les a abandonnés.
Il y en a beaucoup qui ressentent cela comme vraiment un abandon, et la plaie risque de mettre pas mal de temps à se refermer.
Même s’il y a chez beaucoup de gens la volonté de tirer un trait sur ce qui s’est passé, il y aura toujours des gens qui sont là assez prompts à rallumer la mèche.”

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