L’Ukraine festive et pleine de vie sur la scène parisienne

L’Ukraine festive et pleine de vie sur la scène parisienne
Tous droits réservés 
Par Maria Ieshchenko
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

La spontanéité, la générosité, l’originalité… C’est avec ces mots que le public admiratif décrit son expérience d’« Ukraine – scène libre », le premier festival pluridisciplinaire de la culture ukrainienne en France. Depuis le début du mois d’avril Paris a été envahi par les musiciens, artistes, cinéastes et écrivains ukrainiens qui ont réussi à concilier une image de l’Ukraine souffrante et épuisée par la guerre avec une image de l’Ukraine ravissante et créative.

Le printemps culturel ukrainien à Paris a débuté le 5 avril sur la scène de l’Olympia avec un concert du groupe de rock iconique “Okean Elzy” célébrant ses 20 ans d’existence par une tournée mondiale, et se clôturera le 6 mai à l‘Église Saint-Merry au son profond et mélancolique des morceaux du pianiste ukraino-canadien Lubomyr Melnyk, pionnier du « continuous piano music ».

En attendant les prochaines rencontres artistiques, voici les highlights de l‘édition 2015 du festival «Ukraine – scène libre ».

Dakh Daughters : les génies du grand huit émotionnel

La grande salle du Monfort-théâtre était bondée lundi soir, et sur scène, les filles tendres et délicates au premier regard, mais puissantes et rebelles dès la première écoute, ont jonglé avec les styles allant de l’ethno-folk au hip-hop, en adoptant une légèreté et un humour burlesque de comédiennes (ce que certaines d’entre elles sont d’ailleurs). On devine les vers de Shakespeare (« Rozy/Donbass »), d’Apollinaire (« Sympathique ») et de Zhadan (« Vizmy ») à travers lesquels les Dakh Daughters partagent avec le public leur plus grande richesse émotionnelle : la nostalgie pour les endroits les plus lointains que l’on apprend à aimer avant même de les avoir visités.

Million Kopek : les alchimistes du son

La soirée la plus underground du festival s’est tenue au Pop-Up du Label le 30 avril : le groupe franco-ukrainien « Million Kopek », les pionniers du style Hi-pop psyché, a noyé la foule joyeuse dans un flux puissant d’énergie presque cosmique. Le concert s’est joué d’un seul souffle, les morceaux s’enchaînaient avec une aisance à envier, pourtant, comme les musiciens l’ont confié à euronews, pour atteindre cet effet derrière les coulisses un énorme travail de recherche et de perfection s’effectue au quotidien. Le projet « Million Kopek » a commencé par un échange spontané d’un petit motif à l’harmonica entre l’Ukrainien Yura Khustochka et le Français Anthon Giraud, deux musiciens-compositeurs qui comparent aujourd’hui leur musique à un cheval sauvage. « On essaie de le dresser, mais pas trop. Ses mouvements nous intriguent. On verra où cela nous amène », déclare Yura d’un ton rêveur. Aujourd’hui « Million Kopek » c’est aussi Marina Voznyuk (au synthé) et Raphaël Otchakowski (à la batterie), ces quatre musiciens partagent leur passion pour l’innovation musicale et nous promettent que leur premier album sortira cette année. En attendant, on peut admirer la magie de ces alchimistes du son à Paris, le 13 mai au China Club, et le 21 mai à l’Alimentation Générale.

RÉSIT(R)ANCE Paris-Kiev : la thérapie musicale née d’une amitié franco-ukrainienne

L’ambiance décontractée et ludique à la caserne de Reuilly où, souriants et insouciants, Patrick Fradet et Yury Khustochka se sont baladés avant le concert, où l’on vous servait des bières, des brochettes et de la salade, et où vous croisiez des amis qui se disent curieux de découvrir ce projet d’Orkestronika, a cédé la place à un univers énigmatique et prometteur sous le chapiteau du Cirque Tzigane Romanès. Le concert a commencé, Fradet et Khustochka avaient toujours un sourire aux lèvres, mais cette fois avec un air conspirateur, quelques accords ont suffi pour comprendre pourquoi : l’électro-jazz vous emportait, le français, l’ukrainien et le russe des chanteurs se mélangeaient et sans vous en rendre compte vous entriez dans un état de méditation qui s’est achevé à la fin du show au moment où vous vous retrouviez au milieu du chapiteau à danser avec les autres spectateurs qui, comme vous, ne comprenaient pas comment ils en étaient arrivés à se mettre en scène.

« Ukraine ExtraOrdinaire » : l’ironie casse les frontières

Dans l’espace chaleureux et amical (Wi-fi, café, cookies) de SLOW Gallery a régné pendant deux semaines en avril une ambiance unique que seuls les artistes ukrainiens ayant vécu Maïdan et connaissant la guerre savent construire : un mélange kaléidoscopique d’humour noir, d’autodérision et de simple beauté du quotidien, transmis par la présence subtile des couleurs traditionnelles ukrainiennes dans presque toutes les peintures et gravures sous une forme ou une autre. Le duo Braty, Ivan Semesyuk, Olexa Mann, Kristina Yaroch et Ioulia Nosar ont apporté un air des Carpates et un goût d’underground Kievien en plein milieu du 11ème arrondissement, ce qui est en soi une petite expérience de téléportation.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Ouverture de la 60ᵉ édition de la Biennale de Venise

Les journalistes ont eu un accès rare au sous-marin français à propulsion nucléaire de classe Rubis

Elections européennes : les Républicains font campagne sur l'immigration à Menton