Pourquoi la Turquie bombarde des positions du PKK

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Par Euronews
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Parallèlement aux frappes contre l‘État islamique, la Turquie bombarde également des positions du PKK dans le nord de l’Irak. Pourquoi une telle

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Parallèlement aux frappes contre l‘État islamique, la Turquie bombarde également des positions du PKK dans le nord de l’Irak. Pourquoi une telle cible alors qu’Ankara et les séparatistes kurdes mènent depuis 2012 des discussions de paix ?
Notre correspondant à Istanbul Bora Bayraktar nous aide à décrypter la situation.

Qui combat qui ?

Les forces kurdes sont en première ligne dans le combat contre le groupe Etat islamique. Il faut distinguer deux groupes armés :

Le Parti des travailleurs du Kurdistan ou PKK est basé dans le nord de l’Irak. Ses combattants réclament l’autonomie pour les territoires peuplés majoritairement de Kurdes, qui s‘étendent à la fois en Turquie, en Syrie et en Irak.

Les intérêts kurdes en Syrie sont représentés principalement par le Parti de l’Union démocratique (PYD) et par sa branche armée les Unités de protection du peuple (YPG). Ces groupes sont soutenus
sur le terrain par les raids de la coalition internationale anti-djihadistes. Les Kurdes de Syrie ont gagné en légitimité après leurs victoires contre l’EI, notamment à Kobané.

La Turquie, qui dispose d’une frontière avec la Syrie et l’Irak, a longtemps refusé de participer aux raids aériens contre l’EI. Mais après l’attentat de Suruç, qui a fait 32 morts le 20 juillet dernier, Ankara a revu sa stratégie et décidé de bombarder à la fois des positions de Daech et des positions du PKK, deux organisations classées comme ‘‘terroristes’‘ par la Turquie.

La fin du processus de paix entre Ankara et le PKK ?

La Turquie et le Parti des travailleurs du Kurdistan mènent depuis 2012 des discussions de paix pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 45.000 morts en l’espace de trois décennies.

Ankara exige le désarmement du PKK et le retrait de ses combattants du territoire turc. De son côté, le PKK souhaite être reconnu comme la branche armée légitime d’un futur Etat kurde indépendant.

Le Premier ministre Ahmet Davutoğlu a évoqué la multiplication des attaques terroristes contre la Turquie pour justifier les récents raids aériens contre des positions du PKK. Le groupe kurde a notamment revendiqué l’assassinat de deux policiers turcs, le 22 juillet parlant d’une action de représailles après l’attentat de Suruç contre des jeunes militants de la cause kurde, réalisé, selon le PKK, avec la complicité des autorités turques.

Après les raids de la Turquie sur ses positions en Irak, le Parti des travailleurs du Kurdistan a fait savoir dans un communiqué que, “la trêve n’avait plus aucun sens.’‘

Le contexte politique en Turquie

Pour la première fois depuis dix ans, l’AKP a été privé de sa majorité parlementaire à l’issue des élections législatives de juin, et ce, en partie à cause du succès du HDP, le parti pro-kurde, qui a remporté 82 sièges, notamment grâce aux suffrages des électeurs non-Kurdes de l’ouest du pays.
Le parti islamo-conservateur au pouvoir a désormais jusqu‘à la fin du mois d’août pour trouver un partenaire de coalition, mais beaucoup prédisent de nouvelles élections en novembre.

En bombardant le PKK, le gouvernement d’Ahmet Davutoğlu pourrait tenter de récuperer les voix des nationalistes du MHP, farouchement opposés au processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan. Processus de paix qu’ils considèrent comme une trahison. Par ailleurs, l’instabilité grandissante dans l’ouest de la Turquie pourrait détourner les électeurs non-Kurdes du HDP.

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