Varsovie accueillera un sommet de l'Otan hautement symbolique

Varsovie accueillera un sommet de l'Otan hautement symbolique
Par Ewa Dwernicki
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Les 8 et 9 juillet, la capitale polonaise accueillera le prochain sommet de l’Otan.

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Les 8 et 9 juillet, la capitale polonaise accueillera le prochain sommet de l’Otan. Il s’agira du 27e sommet de l’Alliance depuis sa création en 1949. Ce sommet hautement symbolique se tiendra là où l’organisation du Pacte de Varsovie (l’alliance politique, économique et militaire conclue en 1955 entre l’URSS et ses alliés pour contrer l’Otan) a été scellée et où son existence a été bouleversée. La rencontre de Varsovie sera aussi l’occasion d’envoyer un signal fort de l’engagement polonais dans l’organisation et d’une présence visible de l’Otan dans ses régions orientales.

L’attitude à adopter face à Moscou en tête de l’agenda

Les relations de l’Alliance avec la Russie figurent parmi les principaux points inscrits à l’agenda du sommet. Depuis l’annexion de la Crimée en mars 2014 et le début de l’offensive des rebelles séparatistes soutenus par Moscou dans l’est de l’Ukraine, ces relations sont au plus bas. Elles se sont de plus trouvées envenimées par le récent renforcement militaire sans précédent de l’Otan à l’Est, réclamé par les anciens pays du bloc communiste et opéré par l’organisation depuis le début du conflit ukrainien.

L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) est une organisation politique et militaire dont le but est d'assurer la défense commune de ses pays membres contre les menaces extérieures ainsi que la stabilité des continents européen et nord-américain. Elle rassemble actuellement 28 pays.
L'OTAN est née le 4 avril 1949 à la suite de la signature du traité de Washington par les 12 membres fondateurs de l’Organisation (Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas et Royaume-Uni, Canada et les États-Unis, Danemark, Italie, Islande, Norvège et Portugal). D'autres pays européens (occidentaux et d’Europe centrale et orientale) l'ont rejoint par la suite. Son siège et son commandement militaire intégré (SHAPE) se trouvent en Belgique.
L’OTAN possède très peu de forces militaires permanentes qui lui sont propres. Lorsque les membres décident, par consensus, de s’engager dans une opération, ils fournissent des troupes sur une base volontaire. Les pays de l'Alliance ont établi depuis 1994 un « Partenariat pour la paix » (PPP) avec la Russie et les pays de sa zone d'influence ainsi qu’avec les pays occidentaux qui ne souhaitent pas faire partie de l'OTAN. Le seul État européen qui ne fait pas partie du PPP, en plus des micro-États (Andorre, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin et Vatican), est Chypre.

Depuis plusieurs semaines, l’Otan a pris une série d’initiatives en Europe centrale et orientale, ainsi que dans les pays baltes, afin de contrer la Russie et de lui signifier la capacité à riposter au cas où celle-ci envisagerait d’y utiliser le même procédé qu’en Ukraine orientale. Ces « manœuvres de printemps », devenues une tradition, ont pris cette année une dimension nouvelle qui leur confère une importance stratégique toute particulière.

La « campagne de printemps » pour planter le décor

Ainsi, le 6 juin 2016, l’Otan a lancé l’exercice militaire « Anaconda » pour vérifier la capacité des pays de l’Alliance à résister à une attaque hybride combinant armements conventionnels, cyber-attaques et armes chimiques.

Parallèlement, l’organisation met en place une opération « Saber Strike 2016 » centrée sur les Etats baltes. L’objectif de cet exercice, conduit annuellement depuis 2011, est de prévenir les risques venus de la Russie en déployant les troupes basées en Allemagne et en Estonie au plus près du voisin russe.

Quant à la 44ème édition de l’exercice BALTOPS, organisé par la Marine américaine et associant plusieurs marines européennes, elle permet à l’Otan de manifester sa posture stratégique proactive sur mer. Avec 6100 marins et soldats venus de 15 marines de l’Otan et deux marines partenaires, cet exercice monte également en puissance depuis 2015.

Une autre initiative prise récemment par l’Otan pour renforcer sa présence en Europe centrale est le projet, lancé depuis plus de 10 ans, de bouclier anti-missile AEGIS. Le 12 mai dernier, l’Alliance a inauguré en Roumanie la base de Deveselu en annonçant, à cette occasion, le projet de l’installation complémentaire d’une base en Pologne. AEGIS réussit ainsi à fédérer les membres de l’Otan issus des élargissements de 1999 (Pologne, Hongrie, République tchèque) et 2004 (Roumanie, Slovaquie, Bulgarie, Etats baltes) et à les placer sous le parapluie anti-missile américain en remettant ainsi en cause la force de dissuasion russe en Europe.

Le dernier message envoyé par l’Otan à la Russie est la signature, le 9 juin 2016, du protocole d’accession à l’Otan avec le Monténégro. C’est le signal de reprise de l’extension de l’organisation à l’est. L’intégration de la Croatie et de l’Albanie en 2009 ne serait donc pas l’ultime volet de son élargissement.

Un sommet pour couronner le renforcement militaire à l’Est

Le sommet de Varsovie a donc toutes les chances de devenir celui qui entérinera ces mesures. La « présence avancée à l’Est » sera l’un des thèmes majeurs de la rencontre. Selon le Secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, le sommet est destiné à couronner « le plus grand renforcement de la défense collective depuis la fin de la Guerre froide ». Il a tout de même rassuré de ne pas vouloir chercher la confrontation avec la Russie. « L’Otan ne cherche pas la confrontation. Nous voulons un dialogue constructif avec la Russie. Mais nous défendrons tous les Alliés contre toute menace », a-t-il déclaré.

La rencontre au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan consacrera sans doute sa volonté de renforcer les capacités de commandement en Europe du nord et de l’est. Pour confirmer sa présence militaire accrue dans la zone, l’Alliance prévoit d’ailleurs le déploiement par rotation de six à neuf mois de quatre bataillons de combat (800 à 1000 soldats chacun) dans les pays baltes et en Pologne, dès 2017. Le gros des troupes devrait être fourni dans un premier temps par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Allemagne. Le Canada pourrait fournir la majorité des soldats du quatrième bataillon.

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