Turquie : un coup d'État providentiel?

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Par Sophie Desjardin
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Le coup d‘État raté en Turquie n’a pas changé le pays comme attendu par ses instigateurs, mais le changement est autre, bien réel.

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Le coup d‘État raté en Turquie n’a pas changé le pays comme attendu par ses instigateurs, mais le changement est autre, bien réel. L’occasion sans doute qu’attendait Erdogan pour purger une société entière de ses éléments hostiles. Des éléments qu’il qualifiait au lendemain des évènements de virus, dont il fallait se débarrasser.

“Nous allons continuer de nettoyer ce virus, à tous les niveaux du gouvernement. Parce que ce corps, mes frères, contient des métastases. Comme un cancer, il s‘étend partout”

Ainsi donc, le gouvernement a commencé par punir les “coupables” ou désignés comme tels. Les protagonistes directs, militaires et gradés, puis les purges se sont étendues

9322 personnes sont sous le coup d’une procédure judiciaire
6319 soldats en garde à vue
950 civils arrêtés
85 généraux et amiraux sous les verrous.

Mais le ménage ne s’arrête pas là.

21000 professeurs d’institutions privées se sont vu retirer leur licence
15200 employés du ministère de l‘éducation sont suspendus
1577 doyens et recteurs d’université ont reçu l’ordre de démissionner
2745 membres du système judiciaire sont suspendus.

Cette descente dans les milieux de l’enseignement et de la justice vise directement les membres du mouvement de Gülen, l’imam en exil aux Etats-Unis. Le mouvement est très implanté dans ces milieux-là

Dans les écoles et universités qu’il contrôle, il forme des élites destinées à officier dans les administrations, judiciaires, policières ou dans l’enseignement. Outre les licenciements, tous les universitaires ont interdiction de quitter le pays jusqu‘à nouvel ordre.

Et ce n’est pas fini.

393 employés du ministère des Affaires sociales et de la Famille, 1500 du ministère des Finances sont suspendus.
257 employés au bureau du Premier ministre
492 membres du bureau des affaires religieuses et enfin 100 membres des renseignements.

Les médias ne sont pas épargnés non plus. Les licences des télévisions et radios proches du mouvement de Gulen ont été retirées. En mars dernier, le très influent journal Zaman était placé sous tutelle de l‘état après un raid dans ses locaux

La cible visée à travers ces mesures spectaculaires, c’est lui. Fethullah Gülen.
Autrefois allié d’Erdogan, dont il a épaulé l’ascension du parti, l’AKP, les deux hommes avaient un ennemi commun : l’armée. Mais les divergences notamment sur l’Europe les ont séparés. Exilé depuis 1999

Gülen continue de fédérer autour de son puissant mouvement Hizmet, une partie de la société turque.
Pour l’autre, celle qui défend corps et âmes le président, il est l’ennemi juré, et cette purge dans ses rangs est providentielle.

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