L'Achoura, une fête religieuse politisée à haut risque en Irak

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Par Aissa BOUKANOUN
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C’est dans un contexte très tendu qu’a lieu l’Achoura cette année en Irak.

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C’est dans un contexte très tendu qu’a lieu l’Achoura cette année en Irak. Le risque d’attentat est élevé dans les lieux de pèlerinage. Dans la ville sainte de Kerbala, 30 000 hommes ont été mobilisés pour assurer la sécurité des centaines de milliers de pèlerins chiites venus se recueillir devant le mausolée de l’imam Hussein.

L’Achoura, c’est le dixième jour du mois de Mouharram, un jour de jeûne, traditionnellement observé, mais mineur pour les musulmans sunnites. En revanche, pour la communauté chiite, qui représente 15 % des musulmans dans le monde et près de 60 % de la population irakienne, l’Achoura marque l’assassinat de l’imam Hussein et de sa famille.

Les chiites brandissent des drapeaux verts représentant l’Islam et des drapeaux rouges symbolisant le sang de Hussein.

Hussein est le fils d’Ali et le petit-fils du prophète Mahomet. Il venait de La Mecque et il a été assassiné en 680 au cours de la bataille de Kerbala, en Irak. Sa mort constitue l’un des épisodes fondateurs de la division entre sunnites et chiites.

Pendant cette commémoration de l’Achoura, les chiites procèdent à l’auto-flagellation. Les pèlerins expient ainsi la faute de leurs ancêtres qui ont fui la bataille de Kerbala, en laissant derrière eux Al-Hussein face à une armée d’ennemis.

Des chiites commémorent l'achoura dans la ville sainte irakienne de Kerbala. Photo #AFP Mohammed Sawaf pic.twitter.com/B3T4I6SCEo

— Christophe Schmidt (@cschmidtafp) 12 octobre 2016

Mais pendant le long règne de Saddam Hussein, aucune manifestation religieuse n‘était autorisée. Tous les lieux saints étaient fermés, Kerbala, Nadjaf, Koufa. Le régime totalitaire se voulait laïc.

Après l’intervention américaine et la chute de Saddam Hussein en 2003, les chiites prennent part au pouvoir. Les fêtes religieuses chiites sont alors célébrées au grand jour, comme l’achoura.

Mais les tensions inter-communautaires ont fait de ces événements et des figures du clergé chiites des cibles. C’est ainsi que le 29 août 2003, l’Ayatollah Mohammad Baqir al-Hakim a été tué dans l’explosion d’une voiture piégée alors qu’il quittait la mosquée Ali. Une centaine d’autres chiites ont été tués ce jour-là.

13 ans plus tard, ce dimanche 9 octobre, une procession chiite qui célébrait déjà l’Achoura à Bagdad a été victime d’un attentat. Six personnes ont été tuées, une trentaine blessée. Les fondamentalistes sunnites, les terroristes d’Al Qaïda et de Daech considérent les chiites comme des apostats qui méritent de mourir.
Les mesures de sécurité sont donc draconiennes …

Les mesures de sécurité sont très bonnes et le personnel de sécurité très bien avec les pélerins, qu’ils soient arabes ou étrangers. Nous avons vu des pélerins de différents pays du monde, y compris d’afghanistan, du Pakistan, d’Inde, d’Iran, des états du Golfe, et d’autres frères et amis des pays arabes“, explique un pélerin irakien chiite.

Le gouvernement à majorité chiite d’Irak, appuyé par Téhéran, a politisé cette manifestation religieuse, comme Nouri al-Maliki ici en pleine séance de contrition le jour de l’Achoura en 2014. Aujourd’hui, l’Irak est bien gouverné par un exécutif à trois têtes : kurde, sunnite et chiite.

Mais cette solution n’a pas permis de régler les tensions séculaires entre les frères ennemis de l’Islam…

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