Euroviews. Les Etats-Unis sont responsables de leur déficit commercial avec l'Allemagne - View

Les Etats-Unis sont responsables de leur déficit commercial avec l'Allemagne - View
Par Euronews
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de leur auteur et ne représentent en aucun cas le positionnement éditorial d’Euronews.
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Par Bruno Bernard, consultant en commerce international et lobbyiste

La balance commerciale entre les exportations américaines et les importations allemandes engendrent un déficit abyssal qui courrouce le Président Trump. Ce dernier mélange les importations industrielles réalisées par les consommateurs lambdas et les achats militaires décidés par les gouvernements.
En effet, le quidam n’achetant plus de Harley Davidson qui pollue est mis dans le même sac que le général qui n’achète pas de missiles : Trumperie ou analyse économique réelle ?

We have a MASSIVE trade deficit with Germany, plus they pay FAR LESS than they should on NATO & military. Very bad for U.S. This will change

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 mai 2017

En lisant ce tweet du Président Trump, je fus atterré tant la réalité est loin de ce post destiné à rassurer gratuitement son électorat.

Ce n’est pas de la faute des Allemands s’ils exportent de bons produits aux Etats-Unis et s’ils ne peuvent consommer de produits américains peu attractifs.
L’Allemagne produit de la haute qualité technologique, mise sur la recherche et l’innovation et propose à l’export des produits qui plaisent aux industriels et consommateurs américains. Ils vont regarder comment ne pas heurter leurs clients en créant, comme pour Mercedes ou Airbus, des usines d’assemblages aux Etats-Unis.
Ils créent des produits sur mesure pour leurs clients. Exemple : le 4×4 Mercedes ML est un produit conçu et fabriqué aux Etats-Unis pour les Nord-Américains.
Les États-Unis sont dans un monde de qualité basse où l’assemblage de produits asiatiques ou mexicains dominent. Ils sont donc en concurrence en Europe avec d’autres produits moins chers venant du Vietnam ou de Turquie pour un tarif moindre.
Les produits de l’Oncle Sam sont souvent uniquement “marché-national-compatibles” et hors normes européennes (qualité technique, normes environnementales, normes alimentaires, normes d’emballages de vigueur en Europe ou souhaitées par le consommateur).
Exemple concret : une pâte à gâteau qui contient du silicone dioxide anticaking sera retoquée par les autorités sanitaires ou simplement le consommateur final et donc dans ce cas ne sera pas importée… Par contre une bière allemande sera elle importée…

Le monde a aussi perdu la fascination de l’Amérique avec un grand A, devenu un pays comme un autre sur une terre mondialisée qui veut du Meccacola, un ordinateur portable Samsung, une paire de jeans H&M et non du Coca Cola, un PC IBM ou une paire de jeans Levis. Les références de consommation changent et les industriels américains n’ont pas bien évolués aux vues des résultats de leur balance commerciale.
L“American way of life” n’est plus tendance et “make America great again” ou “America First” ne se fera pas dans un monde global où le consommateur a muté. N’en déplaise au Président Trump dont le pays a voulu à outrance la mondialisation. Cette dernière hélas le sanctionne.
Paradoxe : les produits hauts de gamme américains sont aussi souvent fabriqués par leurs filiales hors États-Unis et donc n’entrent pas dans les chiffres des exportations américaines ni souvent de leurs taxes …
Un engin Caterpillar fabriqué en France et vendu en Allemagne n’entrera pas dans les importations allemandes de produits américains idem pour certains smartphones américains d’une marque au logo fruité venant directement de Chine et vendus à Berlin, ni un livre d’un auteur du nouveau monde imprimé en Pologne et revendu à Francfort.
Ils faut donc repenser le comptage selon les sociétés offshore américaines qui vendent des produits d’origines américaines et non facturées à partir des Etats-Unis (mais de filiales aux îles Vierges) et leurs homologues allemandes très carrées qui facturent tout de leur pays…

En résumé : en premier, plus de transparence sur l’origine réelle du produit américain importé par les germains et en second réaliser des produits qui se vendent hors marché américain.
Donc mes deux conseils, si je peux me permettre, au Président Trump :
Supprimez les filiales offshore de vos majors et formez vos industriels à exporter dans le monde entier dans un monde qui est devenu global à votre demande.

Les opinions exprimées dans les tribunes publiées sur euronews ne reflètent pas nos positions éditoriales.

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