Sergio Mattarella, un président à cheval sur ses prérogatives

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Le président italien Sergio Mattarella est un homme de principes, très à cheval sur ses prérogatives, qui n'a pas cédé face aux partis antisystème qui voulaient imposer un ministre de l'Economie anti-euro, quitte à provoquer une crise politique sans précédent. "J'ai facilité de toutes les manières la tentative d'arriver à un gouvernement", a déclaré dimanche soir devant la presse M. Mattarella après le renoncement de Guiseppe Conte, qu'il avait chargé de cette mission quatre jours plus tôt. "Personne ne peut donc soutenir que j'ai fait obstacle à un gouvernement défini comme un gouvernement de changement", a ajouté M. Mattarella, élu début 2015 au suffrage universel indirect, par un Parlement alors à majorité de centre-gauche. Héritier de la Démocratie chrétienne (DC), ce Sicilien réservé de 76 ans a refusé de céder à ce que son entourage qualifiait de "diktat" de la part de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), les deux partis sortis vainqueurs des législatives du 4 mars. Et il a mis son veto à la nomination de Paolo Savona, un économiste ouvertement anti-euro que la Ligue, soutenue par le M5S, tenait à voir au poste stratégique de ministre de l'Economie et des Finances. "On ne peut m'imposer les noms des ministres", a-t-il affirmé dans ce que les médias décrivaient dimanche comme une volonté farouche de défendre coûte que coûte l'institution présidentielle et "ne pas rendre à son successeur une fonction vidée de ses pouvoirs". Fils d'un dirigeant historique de la DC, Sergio Mattarella a grandi entre un prestigieux lycée catholique de Rome et des camps de jeunesse catholique à Assise, et se destinait à une carrière de professeur de droit. - Frère tué par la mafia - Mais en janvier 1980, son frère aîné Piersanti, président de la région Sicile, meurt dans ses bras, assassiné par la mafia. C'est avec la chemise tachée du sang de son frère qu'il fait donc son entrée dans la vie publique en recevant les condoléances des autorités de Palerme. Trois ans plus tard, cet homme connu et reconnu pour son intégrité, qui fuit les médias, est élu député sous la bannière de la DC. "Mattarella représente la Sicile propre, celle qui a payé un prix élevé" pour la libérer du crime organisé, disait de lui l'ancien président de la région Sicile, Rosario Crocetta. Pour l'ancien chef du gouvernement de centre gauche Matteo Renzi, son élection à la présidence a été "un geste de proximité, d'affection, de respect" de la part du monde politique envers tous ceux qui ont perdu un mari, un père, un frère dans "la barbarie des années 1970, 1980 et même 1990". Homme de principes, Sergio Mattarella est aussi un des rares démocrates-chrétiens à avoir démissionné. L'épisode remonte à 1990, lorsqu'il a renoncé à son poste de ministre de l'Education de Giulio Andreotti pour protester contre l'adoption d'une loi confirmant à Silvio Berlusconi, pas encore entré en politique, son quasi-monopole sur les chaînes de télévision privées en Italie. Redevenu simple député, il avait été chargé de rédiger une nouvelle loi électorale, censée assurer une meilleure stabilité politique à l'Italie. La loi "Mattarellum", mêlant scrutin majoritaire et proportionnel, n'a pas vraiment satisfait puisqu'elle a été remplacée au bout de 10 ans par une nouvelle loi. Si certains Italiens, surtout les plus jeunes, connaissent un peu cet homme au regard bleu et aux cheveux blancs, c'est avant tout parce que c'est lors de son passage au ministère de la Défense que le service militaire obligatoire a été supprimé en 2001. Après ce dernier passage au gouvernement et 25 ans passés au Parlement, il a quitté la vie politique en 2008. Trois ans plus tard, il a été élu juge à la Cour constitutionnelle. Veuf, il a trois enfants et six petits-enfants. Il résidait avant son élection dans un modeste appartement de fonction à deux pas du Quirinal, le palais présidentiel.

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