Fifagate: le Brésil, paradis des anciens dirigeants recherchés par les USA

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Par AFP
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José Maria Marin, ex-patron du foot brésilien condamné mercredi à quatre ans de prison, n'a pas échappé à la justice américaine. Pour son successeur Marco Polo Del Nero et son prédécesseur Ricardo Teixeira, c'est tout le contraire: accusés de corruption dans le Fifagate, ils vivent librement à Rio, où ils évitent les poursuites.

Lorsqu'il apprend l'arrestation de son patron à Zurich, en mai 2015, Del Nero, alors bras droit de José Maria Marin à la puissante Fédération brésilienne (CBF), quitte précipitamment son hôtel pour embarquer à bord d'un avion à destination de Rio où il coule, depuis, des jours d'homme libre.

Pour celui qui avait touché en compagnie de Marin quelque 6,55 millions de dollars de pots-de-vin en échange des droits TV et de promotion des grands tournois de football sud-américain, selon des témoins au procès de "JMM" à New York, le Brésil était bien plus sûr que la Suisse.

La législation brésilienne ne donne suite aux demandes d’extraditions de ses citoyens que dans des affaires de trafic de drogue. C'est la même loi qui avait protégé le tout puissant Ricardo Teixeira durant ses 23 ans de président de la CBF, et le protège maintenant.

Mis en examen, les deux hommes sont réclamés par la justice américaine qui enquête sur le Fifagate, l'immense affaire de corruption au sein de l'instance suprême du football.

- Train de vie somptuaire -

Mais ils ne sont toujours pas passés devant les juges: Teixeira et Del Nero se trouvaient déjà à Rio au moment de leur mise en examen fin 2015. Et leurs propriétés, symboles de l'époque où ces septuagénaires passaient leurs vacances dans des yachts tape-à-l'oeil en compagnie de top models et faisaient la une des magazines people, sont elles aussi intouchables.

"Maintenant, ils évitent de se montrer, mais ils n'ont rien perdu de leur train de vie. Ils continuent d'en profiter pleinement", assure à l'AFP le journaliste brésilien Juca Kfouri, qui dénonce depuis des années ces excès.

Si Teixeira, 71 ans, avocat de Sao Paulo, coule des jours tranquilles dans un certain anonymat depuis son éviction en mars 2012, Del Nero, lui, ne cesse de clamer son innocence en dépit des enquêtes menées par une commission du Sénat brésilien, présidée par l'ancienne star Romario.

Mais la "Bancada da Bola", son lobby au Congrès, n'a jamais failli dans son soutien, et la Commission sénatoriale a fini par conclure ses travaux sans incriminer les actions passées des dirigeants de la CBF. Seul un rapport parallèle mené par Romario a permis l'ouverture d'une enquête, traitée dans le secret.

"Pendant de nombreuses années, il existait une vraie promiscuité entre la CBF et la politique brésilienne. Les dirigeants (sportifs) recueillent donc toujours le fruit de leurs bonnes relations du passé qui ont généré une sorte de mur de protection", souligne le journaliste Jamil Chade, auteur du livre "Politica, propina y futbol" (Politique, dessous-de-table et football).

- "Influence décisive" -

Depuis l'arrestation de Marin, le 27 mai 2015, Del Nero est devenu, pour ses détracteurs, un "Marco Polo qui ne voyage plus". Ses relations avec son ancien boss était si proches qu'ils étaient considérés comme des jumeaux par la justice. Mais leurs relations privilégiées ont pris fin après la fuite de Del Nero.

L'avocat de Marin a d'ailleurs décrit, au procès new-yorkais, que son client "était le roi qui faisait les toasts et que c'est Marco Polo qui s'occupait de tout". Certains estiment même que Del Nero continuerait de diriger le jeu depuis sa villa de Rio, malgré sa suspension à vie infligée par la Fifa.

"Des personnes du monde du football et des hauts responsables de la CBF lui rendent visite. Il a même eu une influence décisive dans l'élection de Rogerio Caboche au poste de président", affirme M. Kfouri.

Pour Teixeira, même son de cloche. Poursuivi en Andorre, en Espagne et en Suisse, l'ancien roi du foot brésilien n'a que faire des voyages à l'étranger.

"Y-a-t-il un endroit plus sûr que le Brésil? Et où? Pourquoi est-ce que je m’enfuirais si, ici, je ne suis accusé de rien? Tout ce qu'on me reproche à l'étranger n'est pas un crime au Brésil. Cela étant, je ne dis pas si je l'ai fait ou pas", a-t-il ainsi lancé au quotidien Folha de Sao Paulo en 2017.

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