Italie: le "gouvernement Salvini" franchit le cap des 100 jours

Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini à Milan, le 29 août 2018
Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini à Milan, le 29 août 2018 Tous droits réservés MARCO BERTORELLO
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Le gouvernement italien du très discret Giuseppe Conte franchit samedi le cap des 100 jours, dont tous ou presque ont été l'occasion pour l'omniprésent Matteo Salvini de s'affirmer en vrai patron de cet exécutif inédit dans l'Union européenne.

Jamais, jusqu'au 1er juin de cette année, un pays fondateur de l'UE n'avait été dirigé par un gouvernement populiste, alliant une formation antisystème, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) et un parti d'extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini.

Avec 17% des voix aux législatives de mars, ce dernier semblait destiné à jouer les seconds rôles face au M5S et à ses plus de 32% des voix.

C'était mal connaître le très médiatique patron de la Ligue, qui a obtenu d'être traité en égal dans les négociations sur le programme et la composition du gouvernement et qui n'a ensuite eu de cesse de marteler son credo anti-immigration devant la presse ou sur les réseaux sociaux.

"Ces premiers 100 jours semblent davantage marquer la fin de la campagne électorale que le lancement d'un nouveau gouvernement", fait ainsi remarquer Sergio Fabbrini, professeur de sciences politiques à l'université Luiss à Rome, interrogé par l'AFP.

Moins de dix jours après son arrivée au ministère de l'Intérieur, M. Salvini a mis en pratique sa promesse de bloquer les ports italiens aux migrants, en commençant par les 600 du navire humanitaire Aquarius, contraints d'aller débarquer au port espagnol de Valence.

Une crise diplomatique sans précédent débute alors entre la France et l'Italie, qui ne sera résolue qu'avec la rencontre entre Giuseppe Conte et son "ami" le président français Emmanuel Macron.

C'est l'un des rares actes d'indépendance du chef du gouvernement italien, un professeur de droit totalement inconnu du grand public il y a trois mois et novice en politique. Prudent, il n'a d'ailleurs pas renoncé à sa chaire de professeur de droit privé et reste candidat pour remplacer un doyen de l'université La Sapienza à Rome.

- Occuper le terrain -

En attendant, son ministre de l'Intérieur ne cesse d'occuper le terrain, surfant sur la question migratoire alliée à un sentiment d'insécurité et sur l'euroscepticisme croissant des Italiens.

Après une bonne soixantaine de meetings à travers le pays depuis juin, des dizaines de tweets et de vidéos en format selfie sur Facebook, le message porte ses fruits.

Plus de 60% des Italiens approuvent la "ligne dure" du nouveau gouvernement sur la question migratoire, et la Ligue dépasse les 30%, désormais devant le M5S, dans les intentions de vote, selon les sondages.

Surtout, Matteo Salvini, 45 ans, est parvenu à dicter l'agenda du gouvernement, au grand dam de son alter ego, l'autre vice-Premier ministre Luigi di Maio, 31 ans, chef de file du M5S.

Ce dernier a cherché cet été à reprendre la main en s'attaquant à l'Europe à l'occasion d'une autre crise autour d'un navire chargé le migrants, le Diciotti. "L'Union européenne a décidé de tourner le dos à l'Italie encore une fois", a-t-il déclaré fin août en menaçant de "réduire les fonds que nous versons à l'Union européenne".

A la veille de la présentation du budget 2019, les deux hommes fort du gouvernement au programme résolument anti-austérité semblent avoir toutefois choisi de mettre un bémol à leurs attaques.

Affichant leur sérieux, ils ont promis de respecter le pacte de stabilité, même si le pourcentage du déficit public qui sera retenu n'est pas encore connu. Il sera en tout cas inférieur à 3% du Produit intérieur brut (PIB), bien que MM. Salvini et Di Maio aient maintes fois menacé d'aller au-delà, pour respecter leurs promesses.

De ce point de vue, le "gouvernement du changement" a connu quelques flottements, comme sur l'obligation de vaccins pour la crèche et la maternelle, suspendue début août avant d'être rétablie la veille de la rentrée.

Et aucune des grandes promesses de la campagne n'a encore été adoptée, de la "flat tax", un impôt réduit à 15 et 20% promis par la Ligue, au revenu de citoyenneté de 780 euros par mois, ardemment défendu par le M5S, en passant par l'assouplissement d'une réforme reculant l'âge de la retraite.

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