Maurice Audin, torturé selon un "système institué en Algérie par la France"

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Par Joël Chatreau
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C'est une prise de position historique du président français, 56 ans après la fin de la guerre d'Algérie. Emmanuel Macron reconnaît que Maurice Audin, enseignant et militant communiste disparu en 1957, est mort "sous la torture, du fait du système institué alors en Algérie par la France".

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La veuve de Maurice Audin attendait cela depuis plus de soixante ans. Dans une déclaration que l'on peut qualifier d'historique, le président français Emmanuel Macron a reconnu jeudi que le militant communiste, favorable à l'indépendance de l'Algérie, est mort en 1957 "sous la torture, du fait du système institué alors en Algérie par la France". La récente ouverture des archives sur cette affaire avait permis de conclure avec quasi-certitude que le jeune Français de 25 ans, enseignant de mathématiques, avait été tué sur ordre du général Massu au cours de la bataille d'Alger.

Emmanuel Macron s'est même rendu chez Josette Audin, âgée maintenant de 87 ans**,** à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, pour lui remettre sa déclaration. L'épouse de la victime, émue, a déclaré : "Je ne pensais pas que ça arriverait". Le chef de l'Etat a fait une deuxième annonce importante : les archives sur les milliers de disparus civils et militaires, Français comme Algériens, vont bientôt être ouvertes.

Torturé et tué par un sous-officier parachutiste français

Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien, enseignait les mathématiques à la faculté d'Alger. Le 11 juin 1957, il avait été arrêté par l'armée française qui le soupçonnait d'être proche du FLN, le Front de libération nationale, mouvement indépendantiste algérien. Quelques jours plus tard, plus aucune trace de lui, et seulement un semblant d'explication donnée à sa femme et ses enfants : il se serait évadé au cours d'un transfert de prisonniers.

Josette Audin porte plainte contre X pour homicide volontaire dans la capitale algérienne. Un comité de soutien se crée... mais rien pendant 57 ans ! Début 2014, un livre sort et fait beaucoup de bruit. Dans "La vérité sur la mort de Maurice Audin", Jean-Charles Deniau révèle que le professeur a été torturé puis exécuté par un sous-officier français appartenant à la 10ème division de parachutistes, commandée par le général Jacques Massu.

Des visions bien différentes à gauche et à droite

Le Parti communiste français, et la gauche en général, saluent cette reconnaissance de la part d'Emmanuel Macron. Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, parle d'une "victoire historique de la vérité et de la justice", qui met fin à "un mensonge d'Etat qui durait depuis 61 ans".

En revanche, à droite, le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, met en garde : selon lui, "Il ne faut pas instrumentaliser l'Histoire, ce qui est souvent un sport national français, pour se battre la coulpe à perpétuité".

"Un pas positif louable" pour les autorités algériennes

Le ministre algérien des Moudjahidine (les anciens combattants), Tayeb Zitouni, estime que "la reconnaissance par la France de l'assassinat de Maurice Audin est une avancée", "un pas positif louable". Il y voit "une preuve qu'il y aura davantage de reconnaissances des crimes commis par la France" durant la guerre d'Algérie.

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