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Immigration : Alger retoque la liste de ses ressortissants expulsables, Paris déclenche la riposte

La non-coopération de l'Algérie sur les expulsions est un des dossiers les plus chauds du ministre de l'Intérieur.
La non-coopération de l'Algérie sur les expulsions est un des dossiers les plus chauds du ministre de l'Intérieur. Tous droits réservés  AP Photo/Thibault Camus
Tous droits réservés AP Photo/Thibault Camus
Par Alexander Kazakevich
Publié le Mis à jour
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L'escalade continue. Le ministre français de l'Intérieur a promis une "riposte graduée", allant jusqu'à la suspension des accords bilatéraux, après que l'Algérie a refusé de coopérer sur une liste d'une soixantaine d'Algériens à expulser, soumise par la France.

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C’était un "moment de vérité" attendu par le locataire de la Place Beauvau : l’Algérie a décidé de ne pas "donner suite" à la liste d’une soixantaine d’Algériens, considérés comme des menaces à l’ordre public et dont l’expulsion a été demandée, "en priorité", par la France.

Depuis plusieurs mois, Alger refoule systématiquement ceux de ses ressortissants qui ont commis des actes de délinquance ou se sont radicalisés dans l’Union européenne. Et le bras de fer avec Paris n'est pas près de se terminer.

Dans un communiqué de la diplomatie algérienne, publié lundi soir, "l’Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire".

Il est rapproché à Paris de "remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement" et d’appliquer une "approche sélective (…) vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux pays". 

Même si le ministère des Affaires étrangères assure que "l’Algérie n’est animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants", la France, à travers son chargé d’affaires, est invitée à "suivre le canal d’usage, en l’occurrence celui établi entre les Préfectures françaises et les Consulats algériens" et à "procéder au cas pas cas". Pas de listes "unilatérales" donc.

La réponse de Bruno Retailleau ne s’est pas fait attendre. 

"Je regrette que l'Algérie refuse d'appliquer le droit international. Comme l'a décidé le comité interministériel sous la présidence du Premier ministre, une riposte graduée sera engagée", a déclaré le ministre français de l’Intérieur sur son compte X.

"Démission", a aussitôt réagi Rima Hassan, députée européenne de la France Insoumise, de gauche radicale, qui tient le gouvernement français pour responsable de la dégradation des relations franco-algériennes.

Le RN demande le gel des visas et des transferts d’argent

De l'autre côté du spectre politique, l’extrême droite accuse le premier flic de France d’impuissance et appelle les autorités à plus de dureté vis-à-vis de son partenaire maghrébin.

"Les Français ne comprendraient pas que le gouvernement ne réagisse pas avec fermeté face aux multiples provocations du régime algérien qui viole ses obligations au regard des traités", a déclaré, sur X, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN. 

Jordan Bardella, jeune patron du parti à la flamme, estime même que Bruno Retailleau est "au pied du mur", tout en l’exhortant à agir. 

"Approche graduée" du gouvernement : à quoi faut-il s’attendre ?

Les mesures de rétorsion, évoquées par Retailleau dans les médias français, peuvent aller des sanctions individuelles à la remise en cause de l’ensemble des accords qui lient les deux pays. 

En premier lieu, le numéro 3 du gouvernement français a fait savoir qu'il "suspendait" l’accord de 2007 qui permet aux détenteurs d'un passeport diplomatique algérien d'effectuer de courts séjours en France sans visa. 

Selon une note interne du ministère de l’Intérieur fuite dans la presse, le "ralentissement des indemnisations" des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966 pourrait même être envisagé. 

Retailleau préconise le "ralentissement des procédures d'indemnisation" des victimes des 17 essais nucléaires de la France en Algérie dans les années 60 en mesure de rétorsion contre le régime algérien, selon une note interne du ministère de l'Intérieur www.latribune.fr/la-tribune-d...

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— Nils Wilcke (@nilswilcke.bsky.social) 2 mars 2025 à 15:27

Alors que les accords migratoires de 1968, facilitant l’installation et le regroupement familial des Algériens, sont dans le viseur d’une partie du gouvernement, ils n’ont, à l’heure actuelle, que très peu d'effets pour la circulation et le séjour des Algériens en France. 

Ce texte a été progressivement détricoté, notamment sous l’influence de la guerre civile algérienne ou encore la mise en oeuvre de l’espace Schengen. 

De surcroît, les accords de 1968 pénalisent les étudiants algériens qui, contrairement aux autres, ne peuvent prétendre à un titre pluriannuel et doivent renouveler tous les ans leur visa. 

En revanche, la convention de 1980, complétée par un protocole de 2016, suscitent moins de débats, tout en accordant des avantages sociaux à certaines catégories d’assurés algériens, en ce qui concerne les retraites, les allocations familiales ou encore l’ouverture des soins programmés en France aux patients algériens. 

Les relations entre Paris et Alger sont compliquées en raison du passé colonial, mais elles se sont particulièrement dégradées depuis juillet dernier, lorsque Emmanuel Macron a provoqué la colère de l'Algérie en reconnaissant un plan d'autonomie pour la région du Sahara occidental, sous souveraineté marocaine.

Bien que les liens diplomatiques n'aient pas été rompus, les responsables français affirment qu'Alger adopte une politique visant à effacer la présence économique de la France dans le pays, les échanges commerciaux ayant chuté de 30 % depuis l'été, selon Reuters.

Autre point de crispation : l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, incarcéré depuis mi-novembre en Algérie. L'intellectuel et ami du ministre français de l'Intérieur est poursuivi pour des déclarations considérées comme portant atteinte à "l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions" de l'Algérie.

D’après les responsables français, quelque 10 % des 68 millions d'habitants de la France ont des liens avec l'Algérie.

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