Roumanie: vers un échec du référendum contre le mariage gay

Roumanie: vers un échec du référendum contre le mariage gay
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L'abstention massive des Roumains samedi et dimanche au référendum visant à pérenniser l'interdiction du mariage homosexuel devrait faire échouer le scrutin, infligeant un revers au gouvernement social-démocrate.

A cinq heures de la clôture des urnes (18h00 GMT), seuls un peu plus de 15% des 19 millions d'électeurs avaient voté, alors qu'un seuil minimum de 30% est requis pour que cette consultation, qui a débuté samedi, soit validée.

Appelés à inscrire dans la loi fondamentale que seuls "un homme et une femme" peuvent s'unir et non plus des "époux", comme stipulé actuellement, les Roumains sont restés chez eux par indifférence ou par défiance, après une campagne aux accents outrageants envers les homosexuels, décrits comme des "voleurs d'enfants", des "pédophiles" ou des "malades mentaux".

"C'est un énorme mensonge et un gaspillage d'argent. On devrait laisser à tout le monde le choix de se marier ou non, sans égard pour l'orientation sexuelle", a confié à l'AFP Ileana Popescu, une retraitée, après avoir assisté à la messe dominicale à Bucarest.

L'appel renouvelé du patriarche de la puissante Eglise orthodoxe, Daniel, à consentir "un acte de bienfaisance pour la famille et pour le peuple" en soutenant le référendum n'a pas convaincu non plus Andrei, un jeune entrepreneur, qui dit "refuser de participer à cette mascarade".

- Agressivité -

Sur le fond, cette consultation ne change rien puisque la législation roumaine n'autorise ni le mariage entre personnes de même sexe, ni l'union civile. Une modification constitutionnelle verrouillerait davantage cette interdiction.

Mais les adversaires du scrutin fustigent également un vote qui alimente l'homophobie, éloigne la Roumanie des valeurs progressistes, et dont l'enjeu serait de faire oublier les déboires du parti social-démocrate (PSD) au pouvoir.

A contre-courant des gauches européennes, les leaders des sociaux-démocrates roumains ont en effet pris fait et cause pour les défenseurs de la "famille traditionnelle" réunis autour d'une "initiative citoyenne" qui est à l'origine du référendum, avec le soutien actif de l'Eglise orthodoxe.

Dans la capitale, les bureaux de vote restaient souvent déserts, les rares votants rencontrés par l'AFP dans la matinée étant des retraités.

"L'agressivité qui a marqué la campagne pour le +oui+, la tentative d'instiller la haine contre une minorité ont rendu les Roumains réticents à voter", explique à l'AFP le sociologue Gelu Duminica.

Leur faible mobilisation s'explique aussi par l'absence d'enjeu pour les maires, qui ont rechigné à faire campagne, et par une baisse de confiance dans l'Eglise orthodoxe, qui "ne rapporte plus de voix", selon lui.

Le taux de participation définitif sera connu dimanche soir, mais les résultats devraient être publiés lundi, même si une majorité en faveur d'une modification de la Constitution ne fait aucun doute.

- Remobiliser l'électorat -

Les sociaux-démocrates comptaient sur ce scrutin pour remobiliser la Roumanie rurale et conservatrice, le coeur de leur électorat, alors que le parti est en perte de vitesse, accusé de vouloir affaiblir la lutte contre la corruption et de contrôler la justice qui a épinglé nombre de ses élus.

Les responsables de la majorité de gauche ont été parmi les premiers à voter samedi, à l'image de la cheffe du gouvernement Viorica Dancila ou du puissant patron du PSD Liviu Dragnea.

"Mon éducation orthodoxe, mon éducation traditionnelle me font dire +oui+, c'est comme ça que je vois la continuité de ce peuple", a récemment déclaré M. Dragnea, ajoutant que la Roumanie ne devait pas "emboîter le pas à d'autres pays qui ont légalisé le mariage entre un homme et un animal".

Lundi, M. Dragnea doit comparaître pour son procès en appel dans une affaire d'emplois fictifs qui lui a valu trois ans et demi de prison ferme en première instance.

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Le référendum a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes qui ont rappelé Bucarest à ses engagements en matière de droits de l'homme.

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