Réfugiés syriens en Turquie : comment atténuer le traumatisme de la guerre

En partenariat avec The European Commission
Réfugiés syriens en Turquie : comment atténuer le traumatisme de la guerre
Par Monica PinnaStéphanie Lafourcatère
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Dans cette édition d'Aid Zone, notre reporter Monica Pinna a découvert comment une ONG soutenue par l'UE offre un nouveau départ aux réfugiés syriens de Turquie qui présentent des séquelles physiques de la guerre.

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La guerre en Syrie est entrée dans sa huitième année avec six millions de déplacés internes et 5,6 millions de réfugiés enregistrés dans les pays voisins. Trois millions et demi d'entre eux ont rejoint la Turquie, pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde : ils sont près de quatre millions. Pour en apprendre plus sur les conditions de vie de réfugiés syriens en Turquie, notre reporter Monica Pinna s'est rendue dans la ville turque de Reyhanli. 

Sur place, le mur érigé à la frontière de la Syrie nous rappelle qu'un conflit sévit à quelques centaines de mètres de là. Un symbole des difficultés rencontrées par la Turquie qui se trouve à la bordure d'un théâtre d'opposition entre puissances internationales et qui tente de répondre aux besoins humanitaires des réfugiés. Cette ville de Reyhanli accueille une importante communauté syrienne.

Nous rencontrons Hussam Zinno dans la maison de soins qu'il gère et qui prend en charge ses compatriotes blessés. Lui-même est arrivé ici, amputé des deux jambes.

"On était à un rassemblement contre le régime, c'était un vendredi, j'étais avec mes amis," raconte-t-il avant d'ajouter : "On a été touchés par des tirs d'artillerie - peut-être qu'ils étaient tirés par un tank ou que c'étaient des munitions à guidage de précision - : mes jambes ont été instantanément arrachées."

"Réapprendre à marcher comme tout le monde"

Six ans après le drame, Hussam a récupéré de manière remarquable. Quand il était encore à Damas, il avait réalisé lui-même des prothèses rudimentaires pour ses jambes. Puis il est venu en Turquie pour être équipé d'appareillages adaptés au sein du centre dirigé par le Projet national syrien pour les membres artificiels (NSPPL selon l'acronyme anglais) que nous visitons en compagnie d'Hussam à l'occasion de l'une de ses séances de rééducation.

"J'ai commencé la rééducation il y a deux ans : au début, c'était très difficile et puis progressivement, c'est devenu de plus en plus facile," fait-il remarquer. "Je sentais que je devais réapprendre à marcher comme tout le monde, j'ai réussi," se réjouit-il.

Le centre est financé depuis 2017, par le service de l'Union européenne à l'aide humanitaire en partenariat avec Relief International. L'objectif est de faciliter l'accès des réfugiés syriens victimes de guerre à des soins spécialisés. La structure a été créée il y a cinq ans à l'initiative de médecins de la diaspora syrienne et des Syriens continuent d'assurer sa gestion.

"Ceux qui ont lancé le projet avaient eu des parcours différents : moi, je suis professeur de maths," précise Raed Almasri, responsable du centre pour l'ONG NSPPL. "Douze personnes ont eu la chance d'être formées à Ankara pendant trois ans pour devenir des spécialistes des membres artificiels," poursuit-il avant d'indiquer : "Jusqu'à maintenant, on a réalisé 6500 prothèses de types différents."

Des besoins immenses

Reste que les besoins sont très élevés même s'il est difficile de connaître leur ampleur réelle comme l'explique Andrea Patterson, directrice de Relief International pour la Turquie. "En Turquie, on ne sait pas ce que représentent les besoins des réfugiés en matière de réhabilitation physique," reconnaît-elle. "Une enquête a été faite auprès de ceux qui sont en Jordanie et au Liban et elle a montré que dans 60% des foyers interrogés, une personne présentait un handicap physique ; donc si on extrapole ce chiffre aux trois millions et demi de Syriens qui sont en Turquie, on peut imaginer l'importance des besoins : souvent, ce sont des questions auxquelles on ne prête pas assez attention," regrette-t-elle.

Près de la moitié des réfugiés syriens de Turquie vivent aujourd'hui dans les régions du Sud-Est proches de la Syrie. Dans la province d'Hatay où la ville de Reyhanli est située, 27% de la population est syrienne alors que la proportion à l'échelle nationale est de 4%.

Soutien européen

Direction Antakya, capitale de la province, pour comprendre comment l'Union européenne travaille avec les autorités locales pour porter assistance aux réfugiés.

Monica Pinna interroge sur place, Mathias Eick, représentant du service de l'UE à l'aide humanitaire. 

**Monica Pinna, euronews : **

"Quel est l'impact du conflit syrien sur le système de santé turc ?"

Mathias Eick, représentant du service de l'UE à l'aide humanitaire :

_"Le système de santé turc apporte une assistance médicale de base aux réfugiés. Mais il est clair que ces réfugiés sont lourdement traumatisés psychologiquement et physiquement. _Donc c'est dans ce domaine que l'Union peut cibler ses financements et avoir des experts qui prennent en charge ces réfugiés dont les besoins de santé sont très spécifiques."

Monica Pinna :

"Et quel est l'objectif à long terme ?"

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Mathias Eick :

"Nous espérons qu'un jour, ces centres spécialisés puissent intégrer le système de santé turc parce que ces soins devront être délivrés pendant encore de nombreuses années."

La guerre en Syrie laisse derrière elle, une génération marquée par les blessures physiques et le traumatisme. Les atténuer par des traitements spécifiques - certes coûteux et longs -, c'est offrir un nouveau départ aux réfugiés... Ils sont très nombreux à attendre d'avoir cette chance.

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