Loin du combat-spectacle un club de Bourgogne cultive les vertus éducatives du MMA

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Par AFP
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Discipline controversée en France, où elle est interdite en compétition, le Mixed Martial Arts (MMA) y est pourtant pratiqué dans plusieurs centaines de clubs. A Chauffailles, bourg du sud de la Bourgogne, l'un d'eux met en avant ses vertus éducatives.

Pour l'entraînement du lundi soir, une quinzaine d'enfants s'exercent sur le tatami: projections de l'adversaire au sol, immobilisations ou "techniques d'étranglement". Mais attention, prévient Jade, dix ans, l'une des trois filles: "tu peux lui faire des clés, des prises, mais tu dois respecter l'adversaire quand-même".

Donner un cadre de pratique, transmettre un code moral, c'est le leitmotiv du coach, Jean-Noël Charollais, bientôt 60 ans. "Dans les cours de récré, nos pratiquants ne sont pas dans les bagarres", affirme cet instituteur et inspecteur de l'éducation nationale à la retraite, qui ponctue chaque phrase d'un sourire.

Le MMA, c'est pour lui "un superbe outil pédagogique contre la violence et les incivilités". "Le Battle", club amateur qu'il a fondé en 2002 et qui compte aujourd'hui une centaine d'adhérents, travaille d'ailleurs avec des collèges et des écoles "sur des objectifs de citoyenneté, de respect fille-garçon".

Avant de quitter le tatami, les élèves se relaxent un moment, sur un fond de musique zen. Puis ils se saluent, poing sur le coeur. "Le salut des gladiateurs", glisse le coach.

"Quand on apprend notre discipline, comme pour tous les arts martiaux, on a pas le droit de s'en servir à l'extérieur", ajoute-t-il. Il voudrait voir son sport reconnu en France pour qu'il soit réglementé, structuré, éviter les pratiques "sauvages" et ne plus voir le MMA associé aux combats de rue.

- Pratique tolérée -

Car aujourd'hui, la France tolère simplement cette discipline - pratiquée par quelque 40.000 personnes tout de même. Et elle reste l'un des rares pays à l'interdire en compétition au nom de la "dignité humaine".

Principales critiques: les coups au sol et le ring octogonal fermé, souvent par du grillage, et appelé "la cage".

Mais les coups au sol "n'ont pas la force des coups portés debout" et le ring fermé "sert à protéger les combattants" en les empêchant notamment de tomber comme cela arrive en boxe, rétorque le président du "Battle".

Le MMA, qui associe plusieurs sports de combat, se heurte notamment à l'opposition d'autres fédérations sportives et du gouvernement, qui réfléchit cependant depuis plusieurs années à sa légalisation. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, "prend le temps de la réflexion dans un objectif de réalité et de sécurité", indique sobrement le ministère.

C'est que la discipline traîne une réputation sulfureuse. La toute puissante UFC (Ultimate Fighting Championship), basée à Las Vegas, est accusée de promouvoir un spectacle ultra-violent.

L'UFC est "une fédération-spectacle et ce n'est pas les valeurs que nous, en tant qu'amateurs, on véhicule", balaye Romain Chizelle, 24 ans.

Il est l'un des quatre combattants du "Battle" qui s'envolent en novembre pour une coupe du monde amateur de MMA à Kislovodsk, en Russie, organisée par la Fédération internationale de full contact fighting.

- Champions de France -

Ils s'entraînent après les plus jeunes, pour lesquels ils font figure de stars, et le contact est nettement plus rugueux. Deux par deux dans la "cage", équipés de casques, gants, protège-dents et protège-tibias, ils enchaînent les coups de poings et de pieds debout. Ils se jettent par terre et le combat se poursuit au sol.

Romain et ses trois camarades âgés de 15 à 19 ans, Enzo, Noah, et Maximilien, sont tous champions de France dans leur catégorie. Pas de MMA, bien sûr, mais de disciplines voisines comme le pancrace, héritier de la Grèce antique et autorisé en France.

S'ils s'accordent à dire que l'absence de compétition dans l'Hexagone rend l'entraînement plus difficile, tous espèrent rafler une médaille en Russie.

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"Les gamins d'aujourd'hui veulent faire du MMA, (mais) ce n'est pas encadré, ce n'est pas structuré. Ce n'est pas possible", tempête le député LREM de l'Hérault Patrick Vignal, co-auteur en 2016 d'un rapport parlementaire favorable à sa légalisation progressive.

Convaincu que "ça fait partie des processus qui permettent de réguler la violence", il compte "proposer au gouvernement une expérimentation en légalisant le MMA dans une région ou sur un territoire", dont le club de Chauffailles pourrait faire partie. "Dans dix ans, peut-être que le MMA sera aux JO", espère-t-il.

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