Le journaliste tunisien Abderrak Zorgui a voulu dénoncer la précarité et le chômage touchant la région de Kasserine
Des manifestations ont éclaté à Kasserine, en Tunisie mardi, au lendemain de la mort d'un journaliste qui s'est immolé par le feu pour protester contre les conditions de vie difficiles.
Des heurts ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre dès la veille, au soir. Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiane al-Zaq, six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements et neuf personnes ont été arrêtées lundi soir.
Le journaliste Abderrazak Zorgui a posté une vidéo avant son immolation dans laquelle il appelle à la révolte face à la précarité, et le chômage. "Pour les fils de Kasserine qui n'ont pas de moyens de subsistance, aujourd'hui, je vais commencer une révolution, je vais m'immoler par le feu".
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé lundi dans un communiqué que l'acte du journaliste reporter d'images visait à protester contre "des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d'espoir" qui frappent cette région.
"Un grand nombre de journalistes vit dans une situation fragile, financièrement et légalement. Je vois cela chez un grand nombre de mes confrères tunisiens" réagit Chadli Araibi, journaliste inépendant en Tunisie. "Cela résume bien le statut des journalistes en Tunisie" confie Liba Ben Mhenni, activiste des Droits de l'homme.
Les effets du printemps arabe de 2011, qui avait démarré par l'immolation d'un vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), se font toujours attendre à Kasserine. Des émeutes avaient déjà éclaté en janvier dernier dans de nombreuses villes tunisiennes pour dénoncer l'inflation et le chômage.