Attention les yeux ! L'arme LBD reste autorisée face aux "gilets jaunes"

Photo France : lanceur de balles de défense autorisé par Conseil d'Etat.
Photo France : lanceur de balles de défense autorisé par Conseil d'Etat.
Par Joël Chatreau
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Les "gilets jaunes" dédient leur 12ème mobilisation nationale à leurs blessés, 1 900 en trois mois de protestation. Une dizaine ou une vingtaine d'entre eux, selon les sources, ont été grièvement touchés aux yeux. En face, ils vont quand même encore trouver des policiers armés du si controversé LBD.

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Les "gilets jaunes", dont une dizaine, voire une vingtaine, auraient été grièvement touchés aux yeux lors d'affrontements avec la police depuis le début de la grogne sociale en France, peuvent se sentir également blessés... psychologiquement, cette fois. Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, vient en effet de refuser, vendredi 1er février, de suspendre l'utilisation de l'arme controversée, connue désormais sous le sigle LBD (Lanceur de balles de défense). Cela signifie que les policiers vont pouvoir continuer de s'en servir dès ce samedi, au cours de la douzième démonstration de force de la révolte "jaune" partout dans le pays.

Le LBD pour du maintien de l'ordre, une spécialité française !

Ce sont la CGT, syndicat très hostile à la politique du président Emmanuel Macron, et la Ligue des droits de l'Homme qui se sont unies pour tenter de stopper d'urgence cette pratique policière très française - dans beaucoup d'autres pays d'Europe, le LBD n'est jamais utilisé pour des opérations de maintien de l'ordre -, car elles la jugent particulièrement dangereuse. Les organisations qui ont protesté auprès de la justice administrative estiment d'ailleurs que l'usage de plus en plus courant de cette arme, qu'elles qualifient de "mutilante", participe à l'escalade de la violence dans les manifestations.

Le Conseil d'Etat s'est non seulement montré sourd à leurs arguments, mais il a en plus justifié le recours au lanceur de balles de défense par les forces de sécurité, face au risque de nouvelles violences et de destruction par des casseurs. Selon les juges des référés, l'arme en question - qui, rappelons le, permet de tirer des balles en caoutchouc de 40 millimètres de diamètre - "demeure particulièrement appropriée pour faire face à ce type de situations, sous réserve du strict respect des conditions d'usage".

Combien ont perdu un oeil ? 10, 20, plus ?

Cette décision risque fort de mettre de l'huile sur le feu alors que la polémique sur la violence policière ne fait que grandir en France, alimentée par le nombre important de blessés dans les rangs des "gilets jaunes". Officiellement, ils sont plus de 1 900 depuis le début du mouvement social, il y a maintenant trois mois. Le collectif associatif "Désarmons-les", qui appelle à une interdiction des lanceurs de balles de défense, a décompté une vingtaine de blessures graves à l'oeil. Une source policière parle plutôt de "dix blessures très graves aux yeux". Plusieurs médias français ont en fait recensé au moins dix manifestants qui ont carrément perdu un oeil.

Les chiffres qui sont confirmés par la police, c'est le nombre de fois où un LBD a été utilisé dans une protestation depuis début novembre dernier, 9 200 au total. Et le nombre d'enquêtes ouvertes par l'Inspection générale de la police à la suite de plaintes déposées par des manifestants, 116, dont 36 seraient liées à un tir de balles en caoutchouc.

Combien risquent encore d'être blessés aux yeux ?

Si Alliance, le syndicat majoritaire chez les policiers, se dit satisfait de la décision du Conseil d'Etat, qu'il qualifie de "sage", ainsi que la Direction générale de la police nationale et le gouvernement, le Défenseur des droits, l'ancien ministre Jacques Toubon, persiste à trouver l'usage du lanceur de balles de défense dangereux. La Ligue des droits de l'Homme et la CGT ne se résignent pas et entendent déposer un nouveau recours devant la juridiction administrative. Quant aux "gilets jaunes", il dédient leur douzième mobilisation à leurs blessés.

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