Soudan: rassemblements à Khartoum contre la détention de manifestants

Des manifestants soudanais dans le centre de Khartoum le 7 février 2019
Des manifestants soudanais dans le centre de Khartoum le 7 février 2019 Tous droits réservés STRINGER
Par AFP
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Des centaines de Soudanais se sont rassemblés jeudi dans le centre de Khartoum, auquel ils n'avaient pu accéder pendant deux semaines, pour protester contre la détention de manifestants depuis le début de la contestation antigouvernementale en décembre.

Au son du principal slogan du mouvement --"Liberté, paix et justice"--, les manifestants se sont réunis à l'appel de l'Association des professionnels soudanais, qui affirme que des manifestants sont "torturés" en détention.

Selon des ONG de défense des droits humains, plus de 1.000 personnes, dont des manifestants, des membres de l'opposition et des journalistes, ont été détenues depuis décembre.

Fin janvier, le gouvernement soudanais avait annoncé la libération par le puissant service du renseignement (NISS) de tous les détenus. Mais le nombre de personnes libérées depuis cette annonce n'est pas connu.

Malgré le déploiement d'agents de sécurité et des forces anti-émeutes, qui ont tiré, selon des témoins, des gaz lacrymogènes, les manifestants se sont félicités d'avoir réussi à rejoindre le centre de la capitale en chantant, à l'adresse du président, "ramène tous tes soldats, mais aujourd'hui tu tomberas".

"Les autorités pensaient que nous ne serions pas capables de rejoindre le centre-ville", a déclaré sous couvert d'anonymat un manifestant à l'AFP. "C'était difficile, mais aujourd'hui nous avons réussi".

- "Ennemis du Soudan" -

Le président Omar el-Béchir a de son côté admis mercredi que des lois controversées sur l'ordre public avaient alimenté la colère des jeunes, "dont la majorité sont des femmes".

Selon des militants, certaines de ces lois ciblent les femmes et les punissent de peines de prison ou d'amendes, notamment celles accusées de porter une "tenue indécente" ou de "comportement immoral".

Des ONG soudanaises de défense des droits des femmes affirment que plus de 15.000 femmes ont été condamnées à la flagellation en 2016 au Soudan.

"Nous ne protestons pas seulement contre ces lois sur l'ordre public", a commenté Tahani, une manifestante. Mais, une fois que le régime sera "renversé", de nouvelles lois respectant "la dignité et la diversité du peuple soudanais" verront le jour, a-t-elle ajouté.

M. Béchir a également admis que la situation économique et particulièrement l'inflation avaient provoqué la colère des manifestants.

"Il y a peu d'opportunités d'emploi pour les jeunes (...) qui ont de grandes ambitions", a-t-il déclaré à des journalistes depuis sa résidence à Khartoum.

Au lendemain de ces propos, il a toutefois repris un ton plus accusateur, durant une rencontre avec des mouvements politiques, en affirmant que les "ennemis du Soudan" finançaient une campagne médiatique en soutien aux manifestants.

Jeudi, Amer Ibrahim, à la tête d'un comité au sein du bureau du procureur, a reconnu qu'Ahmed al-Kheir, un enseignant de 36 ans arrêté dans l'État de Kassala (est) lors de manifestations antigouvernementales, "était mort à la suite de blessures" subies lors de sa détention.

"L'homme avait des blessures sur son dos, ses jambes et d'autres parties de son corps, ce qui a mené à sa mort", a-t-il déclaré, disant avoir demandé au NISS de mener une enquête sur ce décès.

La mort de Kheir a suscité début février des rassemblements à Khartoum et dans plusieurs autres villes du Soudan pour demander la démission de M. Béchir.

Depuis le début des troubles, le président soudanais a exclu de démissionner et imputé les violences lors des manifestations à des "conspirateurs".

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Le Soudan est secoué par un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

Les manifestations se sont rapidement répandues dans le pays et se sont transformées en mouvement de protestation contre M. Béchir, au pouvoir depuis 1989 après un coup d'État soutenu par les islamistes.

Selon un bilan officiel, 30 personnes sont mortes depuis le début du mouvement. Human Rights Watch (HRW) parle de 51 morts.

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