Joueurs bannis: effectifs XXL et prêts en cascade, les racines du mal?

Entraînement de l'AS Monaco, le 17 septembre 2018 à La Turbie
Entraînement de l'AS Monaco, le 17 septembre 2018 à La Turbie Tous droits réservés YANN COATSALIOU
Tous droits réservés YANN COATSALIOU
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Plus de 70 joueurs sous contrat à Monaco, 42 joueurs de Chelsea officiellement prêtés à d'autres clubs européens pour s'aguerrir... Certains clubs européens de premier plan présentent des effectifs pléthoriques tout en ayant un recours massif aux prêts, laissant en marge nombre de leurs éléments.

Un match de foot se joue à 11, voire à 14 si l'entraîneur décide de faire ses trois changements avant le coup de sifflet final. A Monaco, l'entraîneur Leonardo Jardim pourrait jouer au moins cinq matches en même temps avec plus de 70 joueurs à sa disposition !

C'est loin d'être un cas isolé en Europe. En Espagne, tous les clubs disposent par exemple d'une réserve professionnelle comme le Barça B et le Real Madrid Castilla, qui évoluent en 3e division. Ce qui fait que chaque formation a au moins une cinquantaine de joueurs sous contrat -- ceux de la réserve étant tout à fait éligibles en équipe première au besoin.

Comment expliquer un tel appétit de talents ? L'inflation du montant des transactions sur le marché des transferts, qui a pesé 6,1 milliards d'euros en 2018 selon la Fifa (en croissance de 10,3%), et la perspective pour les clubs de réaliser de belles plus-values financières n'y sont pas étrangères...

"Comme le foot est devenu un business où l'on vend des hommes comme des chevaux, le but est d'avoir sous contrat le maximum de joueurs en se disant qu'il y aura bien l'un d'eux qui sera bon et qu'on pourra vendre", explique à l'AFP Philippe Piat, président du syndicat mondial des joueurs de football (FifPro).

- Source de revenus -

En Angleterre, Manchester City en a déjà fait une source de revenus pour, notamment, être conforme aux règles du fair-play financier de l'UEFA, qui interdit aux clubs européens de dépenser plus d'argent qu'ils n'en génèrent eux-mêmes.

Avec 28 joueurs prêtés, bien souvent dans les "filiales" du réseau du City Group, sa maison-mère, les "Citizens" peuvent faire jouer les jeunes pépites barrées par les stars de Pep Guardiola, et donc les valoriser avant de les revendre à bon prix. Résultat ? Plus de 150 millions d'euros dégagés ces dernières années (Jadon Sancho, Rony Lopes...).

Mais c'est l'exemple de Chelsea et ses 42 joueurs officiellement prêtés qui inquiètent le plus les acteurs du foot européens.

"Le plus grand problème aux Pays-Bas est que, quand il y a un jeune talent, ils le vendent à l'étranger et il ne joue plus au football. C'est le plus gros problème que nous ayons. Nathan Ake (23 ans), par exemple, est resté sur le banc à Chelsea pendant deux ans", s'était ému en 2017 auprès de l'AFP Ruud Gullit, ancien sélectionneur-adjoint des Oranje.

"Finalement, il a pu jouer à Bournemouth, mais c'est déjà 10% de votre carrière. Par conséquent, nous avertissons les jeunes joueurs qu'il faut qu'ils restent à la maison pour jouer en premier lieu au football", avait-il ajouté.

- "Limitation d'effectif", la panacée ? -

A juste titre car après avoir connu un creux générationnel et une non-participation successive à l'Euro-2016 puis au Mondial-2018, en partie à cause de la fuite précoce de leurs talents, les Pays-Bas recommencent à redevenir compétitifs grâce à la politique volontariste de ses clubs.

En témoigne le cas de l'Ajax Amsterdam, qui a su retenir plusieurs saisons ses meilleurs espoirs pour mieux les laisser s'épanouir à l'image de Matthijs de Ligt (19 ans) ou Frenkie de Jong (21 ans). Avant de les vendre au prix fort.

Mais comment lutter contre le phénomène ? "Je milite auprès de la Fifa pour une limitation d'effectif", propose Philippe Piat, seul moyen selon lui de pousser les clubs à "l'autorégulation".

"L'UEFA limite par exemple à 25 joueurs ceux qui jouent la Ligue des champions. Si c'était à moi de faire le règlement, je dirais 35 joueurs sous contrats plus liberté de prêt garanti à la condition que ceux-ci soient comptés", explique-t-il.

"Celui qui a 35 joueurs autorisés et qui veut en prêter 15, il ne lui en resterait plus que 20. Avec une telle limitation, les clubs vont devoir faire attention".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Judo : Riner sacré pour la huitième fois à Paris, Romane Dicko également en or

Clarisse Agbégnénou décroche sa septième victoire au Grand Chelem de Paris

Judo : avec trois médailles d'or à son actif, la France a brillé au Grand Slam de Paris