Le coup de pouce des Brexiters aux partisans d'un maintien dans l'UE

Le coup de pouce des Brexiters aux partisans d'un maintien dans l'UE
Par AFP
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En votant contre l'accord de divorce de la Première ministre britannique Theresa May, les "Brexiters" purs et durs ont paradoxalement pris le risque de devenir les alliés de leurs meilleurs ennemis: les "Remainers", partisans du maintien dans l'Union européenne.

Certes, ils ont crié victoire mardi soir, après le très large rejet de ce Traité de retrait de l'Union européenne par les députés britanniques par 391 voix contre 242.

Un texte "embarrassant", "en bout de course", à mettre au "placard", a fustigé l'ancien ministre des Affaires étrangères conservateur Boris Johnson, un des grands artisans de la victoire du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.

Mais c'est pour mieux déchanter mercredi, la Chambre des communes ayant lors d'un nouveau vote, qui n'aurait pas eu lieu si l'accord avait été adopté, exprimé son opposition à une sortie sans accord ("no deal"), une option que nombre de Brexiters privilégient.

- "Bouchez-vous le nez" -

En rejetant l'accord, et alors qu'un report du Brexit se profile, n'auraient-ils pas finalement scié la branche sur laquelle ils étaient assis?

"Les Brexiters ont laissé le Brexit à la merci des Remainers et de l'UE", avance l'éditorialiste du quotidien The Daily Telegraph Asa Bennett, en soulignant que le report, sur lequel les députés votent jeudi, semble désormais "acquis".

Portée par ce succès d'étape, l'organisation People's Vote, qui milite pour l'organisation d'un nouveau référendum, a estimé que les "arguments en faveur" d'une telle consultation "devenaient de jour en jour plus évidents".

Certains Brexiters avaient senti le coup venir et choisi mardi de voter pour l'accord de Theresa May, à l'instar de Ben Bradley, député conservateur de Mansfield (centre de l'Angleterre).

"Je vous conseille vivement de vous boucher le nez et de soutenir l'accord de May", avait-il invité ses comparses dans une tribune dans le quotidien The Guardian.

S'il est rejeté, "le Parlement votera pour une extension (de l'article 50, qui fixe au 29 mars la date du Brexit, ndlr), et l'extension entraînera un report, davantage de confusion, et un risque majeur qu'il n'y ait pas de Brexit du tout".

Une prise de position qui a immédiatement déclenché un déluge de commentaires assassins sur les réseaux sociaux, signe des passions que suscitent le Brexit au Royaume-Uni: "traître", "vendu", "bas de plafond", peut-on lire parmi d'autres amabilités postées sur Twitter.

Au total, ce sont quelques 39 députés conservateurs qui ont changé d'avis et voté pour le texte après l'avoir rejeté une première fois le 15 janvier.

- Vers un Brexit doux ? -

Les rassemblements populaires organisés le jour du vote devant le Parlement ont également été le théâtre de cette situation contradictoire, chaque camp se réjouissant de la défaite de l'accord - mais pour des raisons opposées.

Nina Hawl, Britannique europhile de 82 ans, y a vu une "étape de plus pour rester dans l’UE". Julie Astell, Brexiter de 58 ans, la promesse d'un Brexit "sans entrave".

Mais si chacun a pu avoir le sentiment d'avoir remporté une bataille, bien malin celui qui pourra dire quel camp remportera la victoire, note Steve Peers, professeur à l'université de l'Essex.

Les Remainers ont beau avoir commencé à sabrer le champagne, "il reste encore à voir s'il y a suffisamment de voix au Parlement pour un autre référendum ou pour une loi pour révoquer la notification de l'article 50. Jusqu'à présent, cela ne semble pas être le cas", souligne-t-il, interrogé par l'AFP.

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Au bout du compte, ajoute-t-il, la situation risque surtout de bénéficier à ceux "capables d'accepter un compromis pour un Brexit doux".

Les Brexiters auront l'occasion de reconsidérer leur position à la faveur d'un nouveau vote sur l'accord que Theresa May a proposé d'organiser d'ici au 20 mars. Et de se demander si l'adoption de ce traité qu'ils n'apprécient guère n'est pas, finalement, le meilleur moyen d'obtenir la sortie de l'UE.

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