Au lendemain des violences perpétrées sur les Champs-Elysées lors du rassemblement des 'Gilets jaunes', les riverains et les commerçants font part de leur exaspération et exigent d'être reçu par le Premier ministre.
Scène de lendemain de violences urbaines à Paris. Les services de nettoyage s'emploient à redonner du lustre aux Champs-Elysées.
La célèbre avenue parisienne a été le théâtre d'affrontements, de pillages et de départs de feux ce samedi, à l'occasion du 18ème week-end de mobilisation des "gilets jaunes". Selon le Comité Champs-Elysées, une association de promotion qui revendique 180 adhérents, dont une grande partie de commerces, 80 enseignes ont été touchées par les casseurs, dont une vingtaine pillées ou victimes de départs d'incendie.
Ce dimanche matin, les riverains faisaient part de leur exaspération.
« C'est scandaleux, c'est la honte, commente un homme_. Je pense qu'il y a un mouvement social, d'accord. Mais je ne vois que de la violence. Et ça, ce n'est pas un mouvement social ! »_
« On parle souvent de la 'ville-lumière', de la 'ville de la mode', ajoute un retraité_. Mais tout ce que l'on voit, ce sont des dégâts, des détritus, dus à toutes ces manifestations, des kiosques brûlés... C'est une image absolument épouvantable._ »
La colère des commerçants
Emir Fatnassi tient une boutique de vêtements située à quelques centaines de mètres de l'Arc de triomphe. « On peut manifester mais pourquoi tout casser ? On n'en peut plus ! », soupire-t-il. En lieu et place de la porte, une planche de fortune a été installée, entourée de ruban adhésif. A l'intérieur du magasin, les étals sont vides. Quelques morceaux de verre jonchent encore le sol, éclairés par le soleil qui illumine par à-coups la célèbre avenue. « Il va falloir changer les vitrines : c'est au minimum 25.000 euros. Et puis il y a un important stock de marchandises qui s'est évaporé. C'est dramatique. Je me prépare déjà pour samedi prochain. J'ai l'impression que ça ne va jamais se terminer », se désole-t-il.
« Toutes ces dégradations à répétition sont intolérables, injustifiables », a dénoncé dimanche dans un communiqué l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), estimant que cette situation mettait "en péril des emplois et des entreprises".
Depuis le début du mouvement, certains commerçants ont vu leur chiffre d'affaire descendre en flèche.
Les commerçants des Champs-Elysées veulent être reçus par le Premier ministre pour lui faire part de leur agacement, leur colère face à ces épisodes de violence.
On a appris dimanche en fin d'après-midi qu'une réunion sera organisée ce lundi à Bercy afin de faire le point sur l'impact économique du mouvement des "gilets jaunes", et en particulier sur les violences qui ont touché samedi les Champs-Elysées, a-t-on appris dimanche auprès du ministère de l’Économie. La rencontre, prévue à 16H30, réunira des organisations patronales, les fédérations de commerçants et d'artisans, mais aussi les représentants des assureurs, d'hôteliers et de restaurateurs. Elle sera présidée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, a précisé Bercy.
« Je suis vraiment en colère », Anne Hidalgo
La maire de Paris Anne Hidalgo a fait part de sa colère face à ces violences. Dans une interview au journal Le Parisien, elle a dit attendre du gouvernement "des explications, des réponses".
« Quand je vois cette ville, cette avenue (des Champs-Elysées), les commerçants, les citoyens, quand je vois tous les efforts réalisés pour se relever à chaque fois, pour aller de l’avant... Paris a su se relever du pire, je pense notamment aux attentats, mais tous ces efforts sont ruinés », se lamente la maire de la capitale.
Réunion gouvernementale de crise
Le Premier ministre Edouard Philippe devait réunir ce dimanche à 17H30 à Matignon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d’État Laurent Nuñez pour évoquer les "décisions fortes" demandées par Emmanuel Macron au lendemain des violences qui ont émaillé l'acte 18 des "gilets jaunes" samedi à Paris.
L'objectif de la réunion "est de travailler aux décisions annoncées par le président de la République hier", a indiqué Matignon.
Le chef de l'Etat a affirmé samedi soir vouloir prendre rapidement "des décisions fortes, complémentaires" pour que les violences de samedi "n'adviennent plus", lors d'un point de situation à la cellule de crise du ministère de l'Intérieur.
- avec AFP et Reuters -